Le marché primaire des bons du Trésor a été marqué en août 2014 par la poursuite du faible recours du Trésor. L'absence du Trésor est le principal fait marquant ayant caractérisé le marché des titres souverains le mois dernier. C'est ce qui ressort de la dernière note de conjoncture, un document publié par la Direction des études et prévisions financières du ministère de l'Economie et des finances. C'est ainsi que la situation sur le marché obligataire s'est caractérisée durant le mois d'août par un Trésor qui confirme son absence du marché obligataire avec des levées en forte baisse par rapport à la même période de l'année dernière. «Dans un contexte d'amélioration continue des finances publiques et de maîtrise de ses besoins de financement, le Trésor a dû limiter son recours sur le marché primaire des bons du Trésor», nous explique un professionnel. Les maturités longues plébiscitées par le Trésor En effet, la situation des charges et ressources du Trésor à fin juillet 2014 a été marquée par une atténuation du déficit budgétaire (voir encadré) grâce à l'amélioration des recettes ordinaires, en relation avec la hausse des recettes fiscales et de celles non fiscales. En parallèle, les dépenses ordinaires ont enregistré un léger repli, recouvrant particulièrement l'effet conjoint de la baisse des charges de compensation et la hausse des dépenses de biens et services. C'est ainsi que le recours du Trésor au marché des adjudications est demeuré faible au cours du mois d'août. Ainsi, compte tenu des opérations d'échange de bons du Trésor, les levées brutes du Trésor ont atteint 3,3 MMDH contre 2,1 MMDH le mois précédent. Ces levées ont essentiellement concerné les maturités longues (20 ans) à hauteur de 91% et, dans une moindre mesure, les maturités courtes (13 semaines) et moyennes (5 ans) à hauteur de 6% et 3% respectivement. De leur côté, les remboursements du Trésor ont atteint 7,4 MMDH au titre du mois d'août, compte tenu des opérations d'échange de bons du Trésor, après 6 MMDH en juillet. De ce fait, les levées nettes du Trésor ont été négatives pour le troisième mois consécutif avec -4,1 MMDH, après -3,9 MMDH le mois dernier. Encours des BDT, en repli Compte tenu de ces évolutions, l'encours des bons du Trésor émis par adjudication, à fin août 2014, s'est replié pour le troisième mois consécutif de 1% par rapport au mois précédent, après une baisse de 0,9% en juillet, tandis qu'il demeure en hausse de 1,8% par rapport à son niveau de fin décembre 2013 pour s'établir à 420,5 MMDH. La structure de cet encours demeure prédominée par les maturités longues dont la part s'est raffermie, passant de 48,8% à fin décembre 2013 à 55,4% à fin août 2014, ainsi que par les maturités moyennes à hauteur de 40,2% après 43%. La part des maturités courtes s'est repliée, passant de 8,2% à 4,4%. Ainsi, au terme des huit premiers mois de 2014, les levées brutes du Trésor s'établissent à 74,7 MMDH, en baisse de 33,7% par rapport à fin août 2013. Ces levées ont été orientées principalement vers le long terme dont la part s'est raffermie, passant de 5,2% à fin août 2013 à 61,8%. La part des maturités moyenne a quasiment stagné, s'établissant à 30,3% après 30,6%. En revanche, la part des maturités courtes s'est repliée à 8% après 64,2%. Il est à souligner que les remboursements du Trésor ont reculé, en glissement annuel, de 8,7% pour atteindre 67,2 MMDH à fin août 2014. Une demande en baisse De son côté, la demande de la part des investisseurs était en baisse au cours du mois d'août 2014, et ce pour le troisième mois consécutif. «Après avoir vécu un premier semestre foudroyant avec une forte demande des investisseurs, induisant par la même occasion une chute spectaculaire des taux d'intérêt, le deuxième semestre s'inscrit, lui, dans une tendance de marché en net ralentissement en termes d'activité à cause de la faiblesse des levées du Trésor et du niveau jugé trop bas de la courbe des taux d'intérêt par un certain nombre d'investisseurs institutionnels», nous explique notre professionnel. C'est ainsi que le volume des soumissions sur le marché des adjudications a enregistré une baisse de 32,7% par rapport au mois précédent, pour atteindre un bas niveau de 9,7 MMDH. Ce volume s'est réparti à hauteur de 40,7% pour le long terme, 31,1% pour le moyen terme et 28,2% pour le court terme après respectivement 3,5%, 34,3% et 62,3% le mois précédent. Au terme des huit premiers mois de 2014, le volume des soumissions a augmenté de 41,8% par rapport à fin août 2013 pour atteindre 368 MMDH. Ce volume a été caractérisé par l'appréciation des parts des maturités moyennes et longues, s'établissant respectivement à 43,1% et 21,9% après 32% et 6,5%. En revanche, la part des maturités courtes s'est repliée, passant de 61,5% à 35%. Repli des taux Concernant l'évolution des taux moyens pondérés primaires des bons du Trésor au titre du mois d'août 2014, ils ont poursuivi globalement leur baisse entamée depuis le début de l'année, enregistrant des replis, comparativement au mois de juillet, de 2 points de base et 3 points de base respectivement pour les taux des bons à 5 ans et 20 ans pour s'établir à 3,8% et 5,57%, alors que le taux des bons à 13 semaines a stagné à 3,03%. Par rapport aux taux des dernières émissions de 2013, les taux des dernières émissions de 2014 ont enregistré des replis compris entre 45 points de base et 143 points de base. Ainsi, le Trésor semble jusqu'à présent bien gérer ses besoins de financement pour l'exercice 2014. Il se dégage, suite à ces données, un large consensus de la place autour d'une stabilité des taux d'intérêt pour le reste de l'année, quoiqu'une une correction technique des taux à la hausse ne soit pas à exclure. Pour ce qui est du marché de la dette privée, étant donné «la baisse des taux qui a laminé l'intégralité de la courbe, les émetteurs de la dette privée se sont en toute logique jetés sur l'occasion en multipliant leurs sorties. La batterie d'instruments de financement dont ils disposent, qui vont des certificats de dépôt, des billets de trésorerie, des bons de sociétés de financement aux obligations, ont pour l'occasion accusé une hausse importante de leur encours», nous assure notre expert. Dynamisme de la dette privée On apprend à la lecture de la dernière revue mensuelle de la conjoncture économique, monétaire et financière de Bank Al-Maghrib que les émissions de titres de créances négociables ont ainsi atteint à fin juin un montant de 34,6 MMDH, contre 26,3 MMDH un an auparavant. D'abord, les levées des certificats de dépôt se sont chiffrées à 3,1 MMDH en juin et ont été concentrées sur des maturités courtes (74%) avec des taux variant entre 3,2% et 4,05%. Les levées des banques se sont élevées à 26,9 MMDH entre janvier et juin 2014 contre 20,6 MMDH durant la même période de l'année précédente. Les sociétés de financement ont quant à elles émis des bons d'une valeur de 900 MDH avec des taux compris entre 3,96% et 4,3%, portant le montant des souscriptions à 2,2 MMDH depuis le début de l'année après une absence d'émissions durant la même période de 2013. Concernant les billets de trésorerie, les levées des entreprises ont totalisé un montant de 903 MDH en juin, avec des taux allant de 4,05% à 6,5%. Compte tenu du remboursement d'un montant de 8,1 MMDH dont 6,5 MMDH concernant les certificats de dépôt, l'encours des titres de créances négociables est revenu de 78,9 MMDH à 75,8 MMDH le mois précédent. Sur le marché obligataire, les levées durant le mois de juillet ont atteint 2 MMDH, portant le volume des émissions pour les sept premiers mois de l'année à 6,7 MMDH contre 4,4 MMDH durant la même période de l'année précédente. Les émissions du mois de juillet ont été effectuées par 3 compagnies immobilières. Il s'agit de la «Compagnie générale immobilière», de «Palmeraie développement» et de «Best real estate». Elles ont concerné les maturités de 4 et 5 ans, avec des taux fixes allant de 5,22% à 6,48%. Tenant compte des remboursements, l'encours des emprunts obligataires a atteint 89,5 MMDH, dont 42% émis par les sociétés non financières privées, 31% par les établissements publics et 24% par les banques. On peut alors avancer avec certitude que, tant que les taux d'intérêts campent à des niveaux aussi bas, le marché de la dette continuera de séduire les émetteurs privés qui privilégieront cette voie de financement, moins onéreuse que le mode de financement classique via la voie bancaire.