Un nouveau rapport de la Banque mondiale (BM) passe en revue les défis de l'emploi pour le continent. Onze millions de jeunes demandeurs d'emploi africains feront chaque année leur entrée sur le marché du travail, au cours de la prochaine décennie. La BM pense qu'il en faudrait autant en termes de nouveaux emplois créés. La dimension inclusive de la croissance africaine faisant toujours défaut, le dernier rapport de la Banque Mondiale sur l'emploi des jeunes dans le continent tire la sonnette d'alarme. Les chiffres sont énormes. «Onze millions de jeunes Africains feront chaque année leur entrée sur le marché du travail, au cours de la prochaine décennie», selon un communiqué de la Banque mondiale. Face à ces nouvelles arrivées, l'institution internationale prévoit que des «millions d'emplois productifs et bien rémunérés devront donc être créés pour stimuler la croissance économique, réduire de façon significative la pauvreté» et promouvoir une croissance partagée au profit du continent. L'Afrique subsaharienne, en particulier, est la région la plus touchée par la contradiction croissance/emploi. Dans cette région, plus de la moitié de la population est âgée de moins de 25 ans. «Alors que, ces dernières années, de nombreuses économies africaines ont enregistré une croissance économique impressionnante, les niveaux de pauvreté n'ont pas baissé autant que prévu dans la région, et les jeunes, à la recherche d'un emploi mieux rémunéré, continuent d'être désavantagés sur le marché du travail». La banque explique que cela est en partie dû au fait que de nombreux pays africains dépendent largement du pétrole, du gaz et de l'extraction minière, ressources qui dynamisent la croissance économique (sans diminuer pour autant le taux de pauvreté) et créent peu d'emplois pour les jeunes, population en pleine expansion. Précarité En plus du déficit d'emplois, le même rapport constate que les emplois précaires se développent également dans le continent. Dans ses perspectives pour l'Afrique, la Banque mondiale précise que près de 80% de la main-d'œuvre africaine continuera de travailler dans de petites exploitations agricoles et des entreprises familiales. «Bien que le secteur salarié formel se développe très rapidement dans certains pays, il ne peut créer suffisamment d'emplois pour résoudre la problématique de l'emploi des jeunes, défi au centre des préoccupations des dirigeants africains aux quatre coins du continent», expliquent les auteurs du rapport. Selon la même source, l'industrie manufacturière, les services et l'agriculture sont traditionnellement des secteurs à haute intensité de main-d'œuvre, capables de générer des emplois productifs pour les jeunes. Les experts de la banque pensent, en effet, que la main-d'œuvre africaine pourrait devenir très prisée à l'international, dans un contexte de vieillissement irréversible de la force de travail dans d'autres régions du monde. Cela devrait passer, toutefois, par l'investissement dans l'éducation et la formation professionnelle des jeunes. Solution partielle La situation de l'emploi en Afrique n'est cependant pas irréversible. Selon Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique, «favoriser les investissements dans de grandes entreprises créatrices d'emplois salariés dans le secteur formel est fondamental». Pour le responsable, cela ne constitue cependant qu'une partie de la solution à la problématique de l'emploi des jeunes en Afrique. «Pour les millions de jeunes qui dépendent du secteur «informel » pour leur survie, il va falloir améliorer l'accès à la terre, aux infrastructures, aux formations professionnelles et au crédit pour leur permettre de prospérer». L'impact, en termes de création d'opportunités de travail, devrait ainsi être plus important.