Selon le dernier rapport de la Banque mondiale intitulé « L'Afrique peut contribuer à se nourrir elle-même : supprimer les obstacles au commerce régional des produits alimentaires de base », les agriculteurs africains peuvent produire des denrées alimentaires pour toute la population du continent. 400 millions d'hectares de terres fertiles sont inexploités sur le continent africain. La sécurité alimentaire en Afrique est-elle possible? La Banque mondiale répond par l'affirmative dans son rapport intitulé « L'Afrique peut contribuer à se nourrir elle-même : Supprimer les obstacles au commerce régional des produits alimentaires de base » qui met en lumière les multiples opportunités qui s'offrent aux agriculteurs africains. D'après l'institution de Bretton woods, les exploitants agricoles du continent peuvent produire suffisamment de denrées alimentaires pour résoudre la crise alimentaire, qui sévit dans plusieurs pays. Cette autosuffisance alimentaire pourrait donner un coup d'accélérateur à l'économie car le coût de cette production est évalué à 50 milliards de dollars par an. « L'Afrique a la capacité de produire et de fournir des denrées alimentaires de bonne qualité pour nourrir les populations » estime Makhtar Diop, Vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique. Obstacles majeurs Mieux, souligne le rapport, les pays africains importent seulement 5 % de céréales en provenance du continent, alors qu'une superficie de 400 millions d'hectares de terres fertiles reste inexploitées. Avec autant de capacités comment se fait-il que le continent traine encore les pieds? «Ce potentiel n'est pas exploité car les agriculteurs sont confrontés à plus d'obstacles commerciaux pour acheminer leurs produits alimentaires jusqu'au marché que dans le reste du monde. Très souvent, les frontières font barrage à l'acheminement des denrées alimentaires jusqu'aux foyers et communautés aux prises avec une pénurie alimentaire » répond Makhtar Diop. Ces entraves ont pour noms interdiction d'exportation et d'importation, l'établissement de quotas de droits de douane, les règles restrictives et le contrôle des prix. Le mauvais état des routes et le manque de logistique sont également des facteurs de blocage. « Les cartels du transport demeurent très courants en Afrique et il y a peu d'incitations à investir dans des camions modernes et la logistique. Les pays d'Afrique occidentale pourraient diviser par deux leurs coûts de transport, en l'espace de dix ans, s'ils réformaient leurs politiques afin de relancer la concurrence au sein de la région» suggère le rapport. La distribution des ressources constitue également un handicap. Le rapport dénote certaines carences dans les réseaux de distribution des produits alimentaires qui isolent souvent les agriculteurs et les consommateurs pauvres. Aussi, l'urbanisation galopante plombe également la livraison des céréales et autres produits aux consommateurs. «La principale difficulté pour le continent est de savoir comment créer un environnement concurrentiel dans lequel les pouvoirs publics adoptent des politiques crédibles et stables qui encouragent les investisseurs privés et les entreprises à dynamiser la production alimentaire dans la région; de sorte que les agriculteurs puissent obtenir les capitaux, les semences et les machines dont ils ont besoin pour devenir plus efficients et pour que les familles puissent avoir accès à des produits alimentaires de bonne qualité dans des quantités suffisantes et au juste prix», souligne Paul Brenton, économiste principal pour l'Afrique à la Banque mondiale. Renforcer les échanges commerciaux Selon la Banque mondiale, les dirigeants africains devraient être des locomotives pour la réalisation de cette autosuffisance alimentaire. Cette révolution agricole requiert l'instauration d'un commerce inter-régional et la facilitation de la circulation des denrées alimentaires dans les différentes zones du continent. Ces politiques pourraient être doublement bénéfiques dans la mesure où elles favoriseraient la création d'emplois notamment dans la distribution, mais permettraient aussi aux pays africains de geler les importations de produits alimentaires. L'Afrique subsaharienne s'avère un laboratoire adéquat pour tester cette expérience. « Les pays subsahariens, par exemple, pourraient augmenter de façon importante leurs échanges de denrées alimentaires au cours des prochaines années, afin de gérer l'impact meurtrier d'une aggravation de la sécheresse, d'une hausse des prix alimentaires, d'une croissance démographique rapide et de la volatilité des conditions climatiques », indique le rapport. La mise en place de ces différentes politiques demeure un impératif. Aujourd'hui, la pauvreté touche de plein fouet bon nombre de personnes. En Afrique subsaharienne, 19 millions de personnes sont menacées par la famine et la malnutrition. La situation risque d'empirer car, selon les estimations de la Banque mondiale, la demande en produits alimentaires devrait doubler d'ici 2020, sous l'effet d'une urbanisation galopante. * Tweet * *