Plus de cinquante ans après leur indépendance, nombreux sont les pays africains encore confrontés à des crises alimentaires. Douze millions de personnes sont actuellement menacées de famine dans la Corne de l'Afrique. Pourquoi une telle situation subsiste-t-elle encore et comment y remédier ? Nombre de pays africains, en majorité subsahariens, sont menacés par une crise alimentaire. Après plus de cinquante ans d'indépendance, le continent noir peine toujours à nourrir sa population. La famine qui sévit actuellement dans la Corne de l'Afrique en est l'illustration. 12 millions de personnes ont besoin d'aide alimentaire dans cette région du continent qui a connu une sécheresse sans précédent ces dernières années. La Somalie, pays le plus touché par cette famine, ne cesse de compter ses morts jour après jour. Mais il n'y a pas que la Corne de l'Afrique. En 2005, le Niger aussi avait connu une grave crise alimentaire qui avait fait de nombreuses victimes dont notamment des enfants. Plus de 3,6 millions de personnes étaient sous la menace de la famine dans ce vaste pays de l'Afrique de l'Ouest. Mais qu'est-ce qui justifie cet état de choses en dépit de l'immensité des terres arables du continent ? Les facteurs de cette situation sont de plusieurs ordres. Le premier constat frappant est que la production agricole subsaharienne est en majeure partie destinée à l'exportation. De même, rares sont les dirigeants africains qui ont mis en place une sérieuse politique agricole dans leur stratégie de développement depuis les années 60. Cela fait que l'Afrique importe quasiment toute son alimentation aujourd'hui. Une situation qui la rend dépendante du monde extérieur à près de 95% selon les données disponibles. Elle subit donc, de manière forte, les conséquences de l'envolée des prix alimentaires sur le marché mondial. Il faut aussi ajouter à cela les programmes d'ajustement structurel introduits sur le continent par les institutions de Bretton Woods (FMI, Banque Mondiale) dans les années 90. Ces programmes n'ont pas profité aux atouts des pays concernés, notamment l'agriculture, dans la mesure où ils encouragé ces Etats à se concentrer sur l'extraction des mines et la mono-agriculture des produits d'exportation comme le café, le cacao et le coton. La culture des ces produits agricoles exportables a donc pris le pas sur les produits vivriers. De même, le caractère rudimentaire de l'agriculture africaine en est aussi pour quelque chose. Il n'existe pas vraiment de techniques d'irrigation des champs ou de drainage pour favoriser les cultures compte tenu du réchauffement planétaire qui accentue les risques de sécheresse. Les politiques publiques de nombre de pays africains en la matière demeurent inopérantes et, par conséquent, entravent une éventuelle autosuffisance alimentaire. Pour inverser la donne, les pays africains doivent repenser leurs stratégies de développement respectives. De nombreux efforts restent à faire pour assurer aux cultures alimentaires la place qu'elles méritent au sein d'une société africaine qui s'accroît de jour en jour. L'Afrique doit prendre exemple sur les pays asiatiques qui, jadis, étaient dans la même situation. La révolution de l'agriculture sur le continent passe avant tout par l'introduction de nouvelles techniques de production et d'adaptation aux aléas climatiques. Il faut donc préparer les agriculteurs de demain en allouant d'importants budgets à l'agriculture plutôt qu'à l'achat de minutions de guerre pendant que la population croupit sous la menace de la famine. Aussi, les dirigeants doivent-ils cesser de louer les terres cultivables aux multinationales. La Chine, par exemple, a acquis de nombreuses terres en Afrique ces dernières années pour l'extension de son agriculture. Il est donc urgent d'investir car les rendements de l'agriculture irriguée sont trois fois plus importants que ceux de l'agriculture normale, c'est-à-dire liée à l'attente des saisons pluviales. Face à une croissance démographique galopante, plus d'un milliard d'habitants en 2010, l'Afrique ne doit plus miser sur les importations pour nourrir sa population. C'est vrai qu'aujourd'hui certains pays comme le Nigeria et l'Afrique du sud sortent du lot, mais tant qu'il reste à faire, c'est que rien n'est encore fait.