Une neuvième édition des plus concluantes pour le Jazzablanca, sorti grandi d'une semaine de beaux concerts, avec une programmation des plus réussies. Le bilan est plus que positif, mais quelques bémols sont à signaler, quant à l'organisation de l'événement cette année... La semaine a été belle et elle a commencé le samedi 29 mars avec la belle Joss Stone, qui a enivré la salle et a su donné de l'âme à cette neuvième édition du Jazzablanca. Avec une voix soul digne des grandes divas «black» de la belle époque, et sous son air de jeune première, la chanteuse britannique a livré un concert sans fausse note, avec beaucoup de naturel et de sensualité. De «Super duper love» à «You had me», en passant par «Right to be wrong», Joss Stone a donné le ton à une nouvelle édition pleine de surprises. Elle ne sera pas la seule, puisque Stacey Kent reprend le flambeau le lendemain pour un moment de tendresse et de délicatesse avec le bon vieux jazz à l'européenne venant d'une Américaine décidément pas comme les autres. Tantôt en français, en portugais ou en anglais, elle donne tout avec une belle complicité entre elle et son mari saxophoniste. Ce moment de douceur allait laisser place à une tempête musicale le lendemain, lundi 31 mars. Ibrahim Mâalouf a pris les rênes de la scène de l'hippodrome et a donné une leçon de musique à qui veut bien l'entendre en toute humilité. Le public n'en revenait pas. C'est probablement l'un des meilleurs concerts sinon le meilleur du Jazzablanca toutes éditions confondues. Les soirées au Jazzablanca se suivent et ne se ressemblent pas, avec le batteur Karim Zyad avec qui l'on retrouve Oum et Fehd Benchemsi était tout sauf un poisson d'avril ce mardi, avant de se prosterner devant la légende du rock psychédélique bien jazzeux : Patti Smith, pout finir en beauté et avec un tout plein d'énergie avec le groupe : Electro Deluxe. Il y a eu des duos qui ont marqué, comme Oum et Joss Stone à l'unisson pour la «soul» et Othmane Khaloufi, ce saxophoniste marocain qui partagera la scène avec le trompettiste virtuose Ibrahim Mâalouf. Il y a eu une nouvelle scène à la place des Nations-Unies, une fanfare à la Corniche pour l'ouverture et surtout des concerts en club jazz, uniquement accessibles aux VIP. Oui, une programmation intéressante mais quet seuls les privilégiés, qui ne savent pas tous en profiter, ont eu le droit de savourer. Dommage. Surtout que la plupart regrettent déjà l'organisation souple et transparente de l'année dernière et des éditions précédentes, à l'image d'un festival de qualité, mais également de proximité. Ne tombons pas dans le «mawazinisme», ce ne serait pas bénéfique pour Jazzablanca. Avis aux organisateurs de ce bel événement pour que la programmation ne soit pas étouffée par une organisation brouillon...On aime trop le Jazzablanca pour cela. À l'année prochaine.