Les projets d'investissements de Cooper Pharma et de Sothema donnent un nouvel élan à l'expansion des industries pharmaceutiques marocaines dans le continent. Laprophan renforce ses capacités de production pour mieux servir les marchés subsahariens, là où Sanofi relève ses ambitions pour le continent à partir du Maroc. L'industrie pharmaceutique a pris ses marques sur le marché subsaharien. Pendant longtemps cantonnés au statut d'exportateurs, les laboratoires marocains ont franchi le pas décisif de l'investissement industriel, marquant un tournant dans le développement du secteur sur le marché continental. Le modèle maroco-marocain le plus abouti à ce jour est celui de West Africa Pharma, la filiale sénégalaise du groupe marocain Sothema. Le démarrage de la production initialement prévu en 2010, ce ne sera finalement qu'en mars 2013 que WAP lancera effectivement ses activités, en marge d'une visite officielle du roi Mohammed VI à Dakar. Le projet a nécessité un investissement de quelque 6,5 millions d'euros, pour élever, au final, une unité industrielle sur 58.000 m2 de plateforme couverte. Sa production devrait être totalement destinée au marché local et de la région UEMOA. WAP assure ainsi la fabrication locale de médicaments génériques servant au traitement des pathologies les plus répandues dans la zone, notamment le paludisme. Plus récemment encore, c'est au tour du groupe Cooper Pharma d'annoncer ses intentions d'investir le marché subsaharien. C'est en Côte d'Ivoire que cela devrait se réaliser. La société vient en effet de trouver un accord avec l'Etat ivoirien pour la réalisation d'une unité industrielle de production de médicaments. Là aussi, l'objectif sera de servir le marché local et quelques pays de la région. Les deux enseignes marocaines sont déjà présentes dans plus d'une dizaine de pays de la région, de par l'exportation de leurs produits. Export Si Sothema et Cooper Pharma sont passés à une nouvelle vitesse de développement de leurs activités en région subsaharienne, la prudence semble encore de mise chez d'autres grosses enseignes marocaines du secteur des médicaments. Chez Laprophan, l'augmentation des capacités de production et l'extension du réseau de distribution demeure la priorité. Avec une solide présence commerciale dans une quinzaine de marchés du continent – du Sénégal à l'Angola en passant par la Côte d'Ivoire - l'enseigne compte en effet sur la mise en service prochaine de sa nouvelle unité industrielle, à Casablanca -92.000 m2 pour un investissement d'environ 400 MDH- pour relever ses performances à l'export. L'objectif, à terme, est de doubler la contribution du marché africain au chiffre d'affaires global des spécialités propres au groupe, estimée entre 6 et 7%. Par ailleurs, le secteur pharmaceutique local a également fini par se positionner en plateforme d'exportation idéale pour de grandes multinationales. Les installations industrielles et logistiques du groupe Sanofi au Maroc constituent un bon exemple à bien des égards. À fin 2013, l'enseigne a produit quelque 100 millions de traitements antipaludiques à partir de son site industriel casablancais, sous la marque «Asaq Winthrop». Ce volume est en progression de 25% par rapport à 2012, et porte à 500 millions de traitements le volume global fabriqué depuis 2007 à partir du site de Zenata. Cette production est destinée à une trentaine de marchés dans le continent.