L'industrie pharmaceutique affiche des perspectives favorables pour les années à venir, bénéficiant de la généralisation des génériques, de la démocratisation de l'accès aux soins aux personnes les plus démunies (RAMED et AMO) et de la contractualisation avec les pouvoirs publics d'un accord sectoriel ambitieux. En 2012, le marché global du médicament aurait généré un chiffre d'affaires de 11,5 Mds de DH (incluant les produits hospitaliers et les appels d'offres publiques), dont 8,2 Mds de DH drainés par le marché du médicament privé. La part des médicaments princeps représenterait près de 70% des ventes sur le marché privé, contre 30% pour les génériques, soit 2,5 Mds. En volume, la consommation de médicaments ressort à 289.345 unités écoulées sur la même période, contre 172.000 unités durant l'année 2000. Bien qu'en évolution soutenue ces dernières années, cette filière se distingue toujours par une forte concentration des revenus globaux sur les dix premiers établissements du secteur qui contrôlent près de 50% du marché. Une place importante est d'ailleurs détenue par les filiales marocaines des grands laboratoires internationaux (GSK, Sanofi, Pfizer...). En plus, la production nationale ne répondant qu'en partie à la demande locale (70%), le reliquat est assuré par l'importation de produits, principalement en provenance de l'Europe. D'autre part, le ministère de la Santé a annoncé à la fin de l'année 2012 la baisse des prix, pouvant aller jusqu'à 50%, de 320 médicaments de plus de 500 DH. Cette réduction concerne notamment des médicaments destinés à des maladies graves comme le cancer, des maladies cardiovasculaires et les infections, ainsi que des médicaments relatifs à l'anesthésie et à la réanimation. L'engagement de l'Etat Le ministère a également annoncé la mise en place d'un projet de texte réglementaire qui devrait étendre la baisse des prix à un plus grand nombre de médicaments. Préalablement à cette nouvelle mesure, le ministère prévoit la mise en place de nouvelles modalités de fixation de prix, ainsi que la finalisation de l'étude de l'impact économique que devraient entraîner ces nouvelles mesures. En parallèle, un contrat-programme sectoriel à l'horizon 2023 a été signé récemment, tablant notamment sur le renforcement des écoulements des médicaments fabriqués localement et à l'international (notamment sur le marché africain subsaharien). Rappelons qu'actuellement, les exportations des médicaments demeurent plutôt faibles, représentant en moyenne 10% de la production nationale destinés principalement à des pays européens, arabes, asiatiques ou encore africains. En effet, plusieurs mesures ont été étudiées par les différentes instances, dont notamment celles, visant une augmentation des activités de recherche et développement, le renforcement de la production marocaine et l'encouragement de l'implantation de producteurs étrangers. Selon les analystes de la BMCE Capital, «un projet de développement d'une plateforme commune de distribution pour le marché africain serait également à l'étude». Le développement de l'industrie pharmaceutique locale devrait passer également par l'augmentation de la part des génériques dans les ventes globales de médicaments, pour atteindre à terme plus de 50% (contre près de 30% actuellement). Sur le plan humain, ce contrat-programme devrait permettre la création de 5.000 emplois directs et de 20.000 emplois indirects. Un développement réglementaire favorable aux opérateurs Même si la baisse des prix ne semble pas plaire à tout le monde, les opérateurs ambitionnent de profiter de ces nouvelles mesures. Comment? Sothema compte poursuivre son développement sur le continent africain à travers sa filiale sénégalaise, élargir ses exportations vers les pays arabes (Libye et Yémen notamment) et étendre son réseau en Europe dans le domaine des injectables. C'est ainsi que la société aurait signé une joint-venture avec un opérateur algérien pour le lancement d'une unité de fabrication dédiée à l'injectable, pour un investissement estimé à 200 MDH. Elle serait, aussi, toujours en négociation avec un partenaire saoudien pour investir dans une usine en Arabie Saoudite. Le laboratoire pharmaceutique de la famille Tazi a enregistré au terme de l'année 2012 un chiffre d'affaires de 1,02 Md de DH, en progression de 8,6% comparativement à 2011, et un résultat net d'une progression significative de 31,5% à 96 MDH. «Les perspectives 2013 semblent davantage favorables puisque la société tablerait sur des revenus en hausse de 12%, devant se fixer à près de 1,12 Md», lit-on dans la note de la BKB. Pour sa part, Promopharm projette de poursuivre sa stratégie de développement axée sur les génériques, tout en profitant de la notoriété de son actionnaire de référence Hikma pour renforcer son positionnement à l'export. En revanche, la société affiche un résultat net en 2012 de 65,9 MDH en recul de 4,2%. Le chiffre d'affaires, quant à lui, est en hausse de 8,4% passant à 449,6 MDH. Les autres opérateurs non cotés ne sont pas en reste, comme l'atteste la volonté de Pharma 5 de développer ses ventes en Afrique durant les prochaines années, devant représenter à horizon 2015 près de 15% de son chiffre d'affaires global, contre près de 8% à fin octobre 2012. Pour ce, Pharma 5 projette se développer davantage localement à travers la construction de sites de production industrielle. Toujours selon la note de recherche : «Le premier projet devrait être situé en Guinée Equatoriale, où l'opérateur serait en cours de négociation avec les autorités administratives et devrait se réaliser en collaboration avec un opérateur local, conformément à la législation du pays. La société pourrait également s'implanter en Côte d'Ivoire à plus long terme». Laprophan finaliserait, quant à elle, les plans pour la construction d'une nouvelle unité industrielle aux normes internationales, nécessitant un investissement global de 400 MDH et devant permettre à l'opérateur de renforcer ses écoulements à l'export.