En marge de la mission de prospection dans les pays du Golfe de Maroc Export, Le Soir échos a rencontré Nabil Benchekroun, responsable export des laboratoires Pharma 5, le seul laboratoire marocain à être homologué dans ces pays. Une usine verra le jour prochainement en Arabie Saoudite ou au Qatar, puis une autre en Libye. Nabil Benchekroun, responsable export des laboratoires Pharma 5 : « Notre objectif est d'arriver, au bout de 3 ans et demi, à réaliser 3 millions de dollars de chiffre d'affaires sur le marché saoudien ». Pourriez-vous nous présenter les laboratoires Pharma 5 et vos principaux produits ? Pharma 5 est un groupe 100 % marocain, composé de Pharma 5 et de Pharmed. Nous avons 3 structures, l'une qui fait du paramédical et des cosmétiques, une qui s'occupe de la distribution (MD5) et une autre qui se charge de la promotion de nos produits (alpha promotion service). Nous faisons toutes les lignes. Que ce soit les solides (comprimés et gélules), les liquides (sirops…), les formes pâteuses (gel et suppositoires) et enfin les pénicillines (oraux et injectables). Quel a été votre chiffre d'affaire 2011 et quelle est votre présence à l'international ? Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 55 millions de dollars (465,3 millions DH) en 2011. Nous sommes présents dans plus de 27 pays. Nous sommes bien implantés dans tous les pays de l'Afrique subsaharienne francophone, l'Afrique du Nord (Algérie et la Libye) et le Moyen-Orient. Qu'en est-il du marché des pays du Golfe où plusieurs laboratoires européens n'ont pas réussi à être homologués ? Nous sommes actuellement le seul laboratoire marocain à être enregistré en Arabie Saoudite et dans les pays du Golfe. Ces pays ont un enregistrement assez spécial qui répond aux normes américaines. On a pu passer avec succès l'inspection des Saoudiens et des pays du Golfe grâce, notamment, à notre effort en investissement ces dernières années. Nous avons maintenant la plus grande unité de production au Maroc et la plus grande structure en Afrique après l'Afrique du Sud. Nos investissements nous ont permis d'avoir un poids et d'être acceptés par les normes américaines FDA. Êtes-vous présents en Arabie Saoudite ? Nous avons un représentant au niveau de l'Arabie Saoudite, pays qui représente 65 % du marché des pays du Golfe. D'où l'intérêt grandissant d'y être présent. À titre d'exemple, le marché saoudien fait 4 fois le marché marocain (3,8 milliards de dollars). De plus, les Saoudiens produisent, mais cela ne couvre pas plus de 17 % des besoins du pays alors que le Maroc couvre 65 % de ses besoins et n'importe que 35 %, spécialement pour les dérivés du sang. Notre objectif est d'arriver, au bout de 3 ans et demi, à réaliser 3 millions de dollars de chiffre d'affaires sur ce marché. Quels sont les produits qui y ont été enregistrés ? Après avoir été homologués, nous avons pu enregistrer les produits de forme sèche (comprimés et gélules) pour le démarrage. Nous sommes en train de traiter notre première commande avec eux et les pénicillines sont en train d'être enregistrées. Comptez-vous passer d'une présence de distribution à de la fabrication en Arabie Saoudite ? Nous sommes en train de voir avec notre partenaire saoudien pour faire une usine de fabrication sur place. C'est un projet assez important. On est en train de voir comment le concrétiser réellement. Notre partenaire recherche le terrain de la future usine. Cela doit prendre dans les 18 mois et si cela se concrétise, la mise en place de la structure durera 27 mois. Donc si ce projet voit le jour, ce sera en 2015 à peu près. Je tiens à rappeler que nous avons prospecté des pays où il y a réellement du besoin. Pour information, l'ensemble des pays du Golfe sont au dessous de 20 % de couverture des besoins locaux. C'est une bonne opportunité pour l'industrie pharmaceutique marocaine et nous essayons de consolider nos partenariats dans cette région et renforcer notre présence à travers la construction d'une usine. Comptez-vous, à travers cet éventuel investissement en Arabie Saoudite, avoir un pied dans la région qui vous ouvrira les portes vers un marché asiatique en pleine effervescence ? Notre principal objectif est d'aller jusqu'en Asie. Nous avons eu cette opportunité d'entrer dans le marché Saoudien et notre partenaire Saoudien a voulu passer de la distribution à la fabrication. Cela rejoint parfaitement nos objectifs stratégiques, transférer notre savoir-faire, expertise, expérience et nos compétences en la matière dans ces pays et en profiter pour accéder à des marchés très prometteurs. C'est une relation win-win que nous sommes en train de bâtir dans cette région. Avez-vous des projets similaires dans d'autres pays ? Nous sommes en train d'étudier un projet de construction d'une usine en Libye. Il y a des demandes de la part des Libyens pour nos produits. La production dans ce pays est inexistante et ce marché vierge importe 100 % de ses besoins. Par ailleurs, une usine en Libye desservira certains des pays africains. Combien coûte la construction d'une usine ? C'est un budget assez lourd. Dans l'industrie pharmaceutique on n'injecte pas tous les fonds en un seul coup. On ne peut pas monter toutes les lignes de production en même temps. En principe, un investissement pareil devra être compris entre 10 et 15 millions de dollars. Toutefois, ce qui est cher dans le médicament, ce n'est pas la machine qui le fabrique mais les conditions de sa fabrication comme l'air et l'eau traités et les autres conditions très spéciales qui répondent aux normes internationales. Combien prévoyez-vous de croissance cette année ? Le début de 2012 a été assez spécial sur le marché marocain à cause des effets de la crise. Par contre, notre activité export s'est très bien comportée. Nous essayons de garder notre évolution à 2 chiffres avec une compensation au niveau de l'export, activité qui représente environ 12 % du chiffre d'affaires global de Pharma 5. Notre objectif est d'arriver à 15 % d'ici 2014. Toutefois, si on démarre maintenant avec l'Arabie Saoudite, cet objectif sera dépassé de loin.