Ce 11 juillet, on célèbre la Journée mondiale de la population. En 2010, le Haut commissariat au plan avait réalisé une enquête démographique nationale dont les résultats viennent d'être rendus publics. Selon le HCP, cette opération confirme que le Maroc est engagé dans un processus avancé de sa transition démographique. En clair, le taux d'accroissement démographique annuel moyen a baissé à 1,05% en 2010 après avoir été de 1,62% entre 1982 et 2010. C'est le résultat «d'une baisse conjuguée de la fécondité et de la mortalité», explique le HCP. Avec une moyenne de 2,19 enfants mis au monde par femme l'an dernier, le taux de natalité a chuté de trois enfants par rapport à 1982, tandis que l'espérance de vie, elle, a augmenté de 14,8 ans de plus qu'en 1982 et 27,8 ans de plus qu'en 1962, pour se rapprocher de la barre des 75 ans. S'ajoute à cela le recul de l'âge moyen du mariage qui passe de 17,5 ans chez les femmes en 1960 contre 26,6 ans en 2010. Pour le HCP, c'est autant d'indicateurs «de mutations profondes», qui seraient en «rupture avec les valeurs d'une société traditionnelle». La société marocaine actuelle assiste à l'émergence de l'individualisme avec ce que cela implique économiquement mais également au niveau sociétal, voire politique. Cela pourrait, de l'avis du HCP, «se traduire par un effet d'aubaine démographique», en témoigne la baisse du ratio entre les tranches d'âges «dépendantes» (moins de 15 ans et plus de 60) et les actifs (15-59 ans). Celui-ci serait effectivement passé de 94,2% en 1982 à 55,8% en 2010. D'ici six ans, il atteindrait même sa valeur minimale, soit 54,1% (2017) avant de reprendre, sous l'effet du vieillissement, jusqu'en 2030 (56,7%), explique le Haut commissariat. Toutefois, comme le rappelle Lahlimi, «une aubaine n'est ni permanente ni acquise». De l'avis du commissaire au plan, cela constitue purement et simplement «une opportunité dont on ne peut tirer profit sans une réelle valorisation de ce formidable potentiel humain». Cette valorisation passe par l'amélioration du système d'enseignement et de formation mais également par l'investissement dans les secteurs à forte création d'emplois et de richesse. Ces chantiers risqueraient de prendre malheureusement plus de sept ans avant d'être totalement mis sur pied.