La stratégie nationale de développement du gaz naturel liquéfié (GNL) sera dévoilée aujourd'hui par le département de l'Energie. L'enjeu est important pour le gouvernement dans le cadre de la transition énergétique et pour les opérateurs, notamment privés. Il s'agit d'une opportunité au vu des investissements nécessaires pour la réalisation de l'infrastructure adaptée à l'exploitation du GNL. Enfin, de la visibilité pour la stratégie nationale en matière de développement du gaz naturel liquéfié (GNL) ! Après plusieurs années d'attente, le gouvernement a enfin apporté la touche finale à la feuille de route qui sera présentée aujourd'hui à Rabat par le ministre de l'Energie, des mines et de l'environnement, Abdelkader Amara. Selon les explications de la tutelle, la stratégie en question a été adoptée à la suite de plusieurs réunions de concertation avec les opérateurs, notamment privés. C'est ce qui explique, en partie, le retard accusé dans la déclinaison de la feuille de route qui a été initialement prévue pour le mois de juillet dernier. L'enjeu est aujourd'hui de taille tant pour le gouvernement que les partenaires privés dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie, qui entre dans la droite ligne de la politique nationale en matière de transition énergétique et nécessitera des investissements colossaux. Scénario d'une demande élevée Après, donc, des années d'attente et plusieurs séries d'études, le Maroc dispose désormais d'une véritable vision qui vient s'ajouter à la stratégie énergétique nationale destinée à la diversification des sources et des formes d'énergies. La stratégie nationale pour le GNL constitue, d'ailleurs, un engagement du gouvernement conformément aux objectifs nationaux visant à réduire la dépendance énergétique du Maroc. Selon le ministère de l'Energie, les études qui ont été menées pour définir les grands axes de développement d'une infrastructure de gaz naturel liquéfié (GNL), ont couvert plusieurs domaines. Il s'agit, entres autres, de l'évaluation des infrastructures à développer, l'identification des partenaires potentiels pour réaliser ces infrastructures, les modèles d'organisation du secteur du gaz naturel ainsi que le modèle de régulation de la filière et d'organisation du régulateur. De même, il est prévu la finalisation du projet de la loi relative au gaz naturel. Dans le même cadre, les options d'organisation de la filière gazière proposées dans ces études sont élaborées afin de permettre de garantir l'accès au GNL au meilleur prix pour tous les consommateurs, d'assurer la sécurité d'approvisionnement en gaz et de favoriser l'attractivité du secteur pour les investisseurs privés marocains et internationaux. Parallèlement, un accent sera mis sur les mesures destinées à limiter les risques financiers pour l'Etat en plus d'un tableau de bord succinct visant à assurer la cohérence et le respect du planning du développement de l'ensemble des volets du projet. La nouvelle feuille de route contient également des dispositions permettant de «rendre possible les évolutions futures pour s'adapter au développement long-terme du secteur, en prévoyant notamment un possible désengagement de l'Etat après démarrage des infrastructures». Autant dire une opportunité pour les opérateurs du secteur qui manifestent depuis fort longtemps leurs intérêts pour le développement du GNL. La construction des infrastructures prévues pour s'étaler sur trois années constitue la partie essentielle de cette stratégie. Ainsi, l'infrastructure GNL à construire devrait être dimensionnée pour couvrir le scénario d'une demande élevée entre 2020-2025, et permettre une augmentation rapide de sa capacité de production en cas de besoin après 2025. Il est prévu dans ce cadre la réalisation sur le site de Jorf Lasfar d'un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) à partir de 2019, d'un gazoduc reliant le terminal de Jorf Lasfar, Kénitra-Casablanca et Gazoduc Maghreb-Europe (GME), d'une infrastructure de stockage et de plusieurs réseaux régionaux de distribution, en fonction de la demande industrielle ou résidentielle. Economie La feuille de route qui sera présentée aujourd'hui par Abdelkader Amara va ainsi décliner les actions qui devront être entreprises pour la réalisation de l'infrastructure de base nécessaire à la réception du GNL, sa regazéification, son transport et son utilisation dans la production électrique et industrielle. «Le développement du gaz naturel est un choix stratégique et économique pour le Maroc» avait déclaré le ministre Abdelkader Amara lors d'une conférence sur la transition énergétique au Maroc. En ce sens a expliqué le ministre, la stratégie sera déployée à travers l'importation du GNL sous forme liquéfiée et «se substituera au charbon et au fuel à l'horizon 2025». Les partenaires privés s'attendent donc à profiter des opportunités qu'offre la mise en œuvre de cette stratégie. Pour le gouvernement, il s'agit d'un enjeu stratégique puisqu'à l'horizon 2025, les prévisions anticipent un doublement des besoins du Maroc en énergie primaire et en électricité. La demande en électricité qui est actuellement autour de 30 à 35TWH pourrait attendre 52TWH en 2020 et 95TWH en 2030. La nécessité de renforcer le mix énergétique s'impose donc à travers des ressources fossiles dans le cadre desquelles, le Maroc a beaucoup à gagner. Le développement du GNL constitue une des alternatives qui s'offrent au Maroc puisque selon les experts, c'est l'un des moyens les plus sûrs pour sécuriser l'approvisionnement dans le futur. Les études en la matière font également ressortir que le Maroc pourrait réaliser d'importantes économies permettant ainsi d'atténuer l'effet de la hausse attendue de la demande en énergie pour les prochaines années. Selon des calculs établis par le groupe pétrolier Shell, très actif dans la région MENA pour l'exploitation du gaz naturel, sur un cargo de GNL de 150.000 m3, par exemple, on pourrait réaliser une économie de 30 millions de dollars pour l'équivalent en quantité énergétique en produit hydrocarbure liquide. Dans ce cadre, les projections les plus optimistes planchent pour une économie pour le Maroc de l'ordre de plus de 500 millions de dollars par an, une fois la stratégie GNL véritablement développée. Il était donc temps et selon les prévisions du gouvernement, la livraison des premiers cubes de GNL est attendue vers 2020.