La décision de l'ANRT est promulguée, posant ainsi la réglementation sur l'exploitation et l'utilisation du WiFi Outdoor. Il s'agit en l'occurrence de la décision du directeur général de l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) relative aux «conditions de mise en place et d'exploitation des réseaux WiFi Outdoor au Maroc», qui a été publiée dans la dernière livraison du Bulletin officiel daté du 2 septembre 2013. Cette promulgation a mis du temps à voir le jour, puisque la décision en soi a été actée le 5 avril dernier. Aussi, les opérateurs ont-ils désormais entre les mains les conditions réglementaires pour mettre en œuvre et déployer leurs réseaux urbains de WiFi, et ainsi compléter leur maillage territorial, notamment dans les zones à forte densité d'utilisation de transmission de données mobiles. Il faut dire que le besoin devient pressant dans certaines zones urbaines, où les réseaux mobiles existants, à savoir la 3G, ont largement montré leurs limites. D'ailleurs, au cours des quelques précédents mois, l'ensemble des opérateurs a procédé au basculement vers des formules payantes et limitées pour les connexions de troisième génération, mettant fin à l'ère de l'illimité. Un modèle d'illimité qui avait conduit à un congestionnement des infrastructures réseau, à tel point qu'il devenait quasiment impossible d'accéder à l'internet mobile dans certains quartiers en milieu urbain. Complémentarité urbaine Dans cette optique, l'avènement du Wifi Outdoor permettra d'offrir une alternative complémentaire en ajoutant un nouveau point d'accès pour le transfert de données de façon générale, et pour l'accès à Internet en particulier. D'ores et déjà, le dernier né des opérateurs télécom, Inwi, avait lancé début juillet 2013 une opération pilote à El Jadida pour tester cette technologie éprouvée au niveau international sur le territoire marocain avec l'ambition clairement affichée de la généraliser dans un deuxième temps à l'ensemble du territoire urbain national. Voici donc que le cadre réglementaire est officiellement en vigueur, ouvrant la porte à l'ensemble des opérateurs disposant de licences fixes ou mobiles pour l'exploitation des fréquences WiFi dans les lieux publics. Après Inwi, Maroc Telecom et Méditel devraient vraisemblablement lui emboîter le pas en mettant en place leurs installations propres, en attendant que les licences 4G ne soient ouvertes à la concurrence par le gendarme marocain des télécommunications. En attendant la 4G Des licences qui se font d'ailleurs attendre depuis plusieurs mois, et qui ont été promises pour la fin de l'année par Azzedine El Mountassir Billah, directeur général de l'ANRT. Dans ce registre, cette dernière décision du régulateur du secteur tombe à point nommé pour densifier les réseaux et diversifier les points d'accès mobiles en attendant la mise en œuvre des installations 4G. Une opportunité d'autant plus adéquate que les coûts y afférents sont infiniment plus faibles que ceux du déploiement des équipements 4G. Justement, cette dernière technologie, une fois que les licences qui la concernent seront attribuées, ne pourra être déployée que très progressivement d'un point de vue géographique. En effet, le déploiement des réseaux mobiles de quatrième génération nécessite l'acquisition et l'installation d'équipements spécifiques extrêmement coûteux. Le financement de ces investissements mobilisera des sommes qui se comptent en milliards de dirhams. Ainsi, encore une fois, le WiFi Outdoor est susceptible de constituer une technologie relais, peu coûteuse et rapidement déployable. Les garanties des opérateurs Les conditions réglementaires définies par l'ANRT étayent d'ailleurs cette facilité technique et financière relative. En effet, il est stipulé d'une part que l'exploitation des réseaux WiFi Outdoor est réservée aux opérateurs de télécommunication existants, et d'autre part qu'elle ne fait l'objet d'aucune redevance sur l'utilisation des bandes de fréquence allouées, puisqu'il ne s'agit pas d'une licence d'exploitation (comme c'est le cas pour la 4G), mais d'une simple décision réglementaire. En revanche, les opérateurs, dans le cadre de l'exploitation des fréquences Wifi Outdoor, devront répondre à certaines obligations. En effet, ceux-ci sont tenus d'assurer la sécurisation des réseaux et ceci concernant trois aspects expressément précisés dans la décision de l'ANRT. Le premier concerne l'identification des usagers, dans le sens où chaque opérateur devra s'assurer de l'identité des utilisateurs qui passent par leurs bornes d'accès installées dans le domaine public. Le second point porte pour sa part sur la protection de données personnelles. En effet, les opérateurs seront tenus de «garantir la confidentialité et la protection des données». En troisième lieu, les opérateurs télécoms seront également tenus de «garantir la sûreté et la sécurité des clients des réseaux Wifi contre les attaques électroniques intrusives», en d'autres termes d'assurer la protection contre les pirates informatiques susceptibles de transiter par ces réseaux Outdoor. Un service payant Ce nouveau service sera entièrement payant, les opérateurs voulant éviter les «dangers» de l'illimité gratuit, qui ont été expérimentés sur les réseaux 3G. «Le Wifi Outdoor sera un service payant avec des coûts relativement bas», confirmait d'ailleurs de dg d'Inwi en marge du lancement de l'opération pilote d'El Jadida. Il sera également universel et non sélectif, n'importe qui pouvant se connecter. Cela marque une avancée significative dans l'accès au très haut débit, qui fait d'ailleurs partie intégrante de la stratégie du gendarme des télécoms. Nouvelles orientations tarifaires de l'ANRT Le gendarme du marché des télécoms prépare une nouvelle étude qui lui permettra de redéfinir sa politique tarifaire en matière d'interconnexion pour la période 2014-2016. L'agence projette, parallèlement à ce chantier, la révision des lignes directrices définissant l'examen des offres tarifaires des exploitants de réseaux publics et «la désignation des opérateurs exerçant une influence significative sur le marché pour l'année 2014», indique l'agence. La note d'orientation pour le développement du secteur a, pour sa part, prévu des mesures de régulation visant l'intensification de la concurrence sur les différents segments du marché. Les nouvelles orientations de la politique tarifaire pour les 3 prochaines années englobent les services de terminaison d'appels «voix et SMS», ainsi que le passage en revue des lignes directrices déterminant l'examen des offres tarifaires des opérateurs par l'ANRT. La nouvelle analyse du marché devrait logiquement aboutir à la proposition d'une liste d'opérateurs pouvant être déclarés comme exerçant de l'influence sur un ou plusieurs marchés pour 2014.