Armateurs de la pêche hauturière et ministère de l'Agriculture vont-ils enterrer la hache de guerre ? Tout porte à croire que oui. En effet, les armateurs pensent que la réunion de jeudi dernier à Agadir, entre les professionnels de l'Association professionnelle des armateurs de la pêche hauturière au Maroc (Apapham) et la directrice de la Pêche et de l'aquaculture au département de tutelle, aura fini par «apaiser les esprits» et que des pistes sont en train de prendre forme. D'ailleurs, une autre réunion devrait se tenir aujourd'hui, cette fois-ci à Rabat, pour établir les axes à discuter, préparant aisni la prochaine rencontre des professionnels de la pêche hauturière avec le ministre, prévue fin juin courant. Une rencontre qui figurait en tête de liste des requêtes des membres de l'Apapham, qui, rappelons-le, menaçaient lundi dernier, suite à une Assemblée générale extraordinaire, de ne pas reprendre l'activité de pêche le 20 juin courant (date du lancement de la compagne été de la pêcherie céphalopodière). «Vu que le ministère a réagi et que les discussions ont repris, nous avons décidé de reprendre le large», souligne Rachid Benkirane, président par intérim de l'Apapham. Ce dernier a par ailleurs réfuté les informations relayées par la presse et selon lesquelles il serait question d'un «refus de sortie pour cause de la baisse des quotas». «Nous savons que la ressource n'est pas au rendez-vous. Et ce, pour la simple raison que d'autres facteurs ont fait qu'elle ne s'est pas reconstituée», explique-t-il. Benkirane fait allusion à la pêche illicite et au laxisme des autorités de contrôle (Office national de la pêche, la Marine royale...). Le ministère a en effet décidé cette année de réduire les quotas réservés à la filière (10.000 tonnes au lieu de 12.000 tonnes en 2009), et ce sur la base des recommandations de l'Institut nationale de la ressource halieutique (INRH). Ce qui implique un plafond de 24 tonnes par navire. Une réduction due au manque des ressources céphalopodières, selon une source informée au département de tutelle. Selon Benkirane, la raréfaction de la ressource n'est que le résultat de l'échec des politiques suivies jusqu'à maintenant pour la reconstituer. Il cite notamment le plan d'aménagement des pêcheries pouplpières, datant de 2004, dont «les dispositions ne sont pas appliquées». L'application du dahir royal de 1973 formant loi sur la pêche et du plan d'aménagement des pêcheries poulpières dans son intégralité, sont d'ailleurs deux des cinq requêtes des membres de l'Apapham. Ce plan avait été mis en place en 2004 après l'effondrement de la biomasse en 2003. Mais, selon les professionnels, toutes ses dispositions n'ont pas été mises en application de manière effective. Les armateurs ont exigé aussi de la visibilité sur la gestion des pêcheries poulpières. Ils ont aussi réclamés une plus grande implication dans les commissions de l'Institut national de la recherche halieutique (INRH) chargées de la gestion des ressources. D'où la quatrième requête des armateurs de la pêche hauturière de réactiver les anciennes procédures d'octroi des quotas (consulter les professionnels avant l'annonce des résultats). Quant à la cinquième requête, celle relative à l'informel et la pêche illicite, elle est restée «sans réponses», d'après l'Apapham. «Pour lutter contre l'informel, il suffit d'appliquer la loi et de renforcer le contrôle. Une donne qui nécessiste l'intervention de plusieurs organismes. Cela ne dépend pas que du ministère de tutelle», commente un armateur. Le projet de restructuration, oublié ? Le projet de «restructuration de la filière de la pêche hauturière» est en stand-by. Présenté aux professionnels de la pêche il y a quelques semaines, il fait du surplace et divise la profession. D'ailleurs, les professionnels ne sont pas tous pour, ni contre. Le plan est basé en effet sur la réduction de la flotte de pêche, moyennant une prime à la casse. En gros, ce sont les armateurs qui resteront qui financeront le départ des partants. On parle de la mise à la casse de 65 bateaux de la flotte hauturière. Un scénario qui n'est pas pour plaire à une bonne partie des armateurs. «Ce projet est encore en cours de discussion chez les professionnels eux-mêmes», indique le ministre de l'Agriculture et des pêches maritimes. Selon des chiffres officiels, il existe actuellement 265 bateaux de pêche hauturière au Maroc (d'un total de 349, dont 84 navires immobilisés). Ces navires passent en moyenne 200 jours en mer et consomment environ 3100 litres de gasoil par jour. L'objectif du plan de restructuration est de réduire les navires actifs à 200. Pour ces navires, on parle de la réévaluation de la capacité de pêche globale qui sera déployé sur le stock à l'issue du plan de sortie.