Les bateaux reprennent la mer le 15 décembre après un énième repos biologique qui n'a apparemment pas servi à lever la menace sur le poulpe. En l'espace de trois ans, les stocks se sont réduits de 90%. La reprise de la pêche poulpière est fixée pour le 15 décembre. La décision prise par le ministère de l'Agriculture et des Pêches maritimes tombe au moment même où la situation des stocks sur le poulpe fait l'objet d'estimations et de contre-estimations. Le ministère de tutelle avait ouvert le débat par la voie du ministre Mohand Laenser qui tirait la sonnette d'alarme, il y a quelques semaines, en parlant de la surexploitation, « licite ou illicite ». Un constat trop tendre au vu des nombreuses barques pêchant illégalement ( 40 000 selon des estimations émanant des associations à Dakhla) et de la chute vertigineuse des stocks, passés de 100 000 T en 2001, date de démarrage du premier plan de gestion de la pêcherie, à 18 000 T en 2003 puis seulement 8 000 T actuellement. Un scénario catastrophe qui met en cause directement l'efficacité des repos biologiques. En 2003, l'arrêt a été de 9 mois continus, un sacrifice qui s'est répercuté sur les armateurs et les marins sans remédier à la crise. C'est le constat fait depuis par les professionnels qui font état d'une perte de 60% du chiffre d'affaires dans la pêche hauturière et artisanale. Aussi, nombreux sont ceux qui voient, derrière cette reprise annoncée de l'activité, une pression des armateurs. M. Laenser avait déclaré, début novembre dernier, que les bateaux pouvaient reprendre la mer, mais ils ne pêcheraient pas le poulpe. C'était avant une rencontre avec les professionnels. L'Institut national de Recherches halieutiques, l'INRH, préfère attendre les conclusions de la énième sortie de son navire, en mer depuis ce lundi 24 novembre. La nouvelle campagne de recherche sur l'état des stocks du poulpe fera l'objet d'un rapport préliminaire donnant une évaluation du niveau de la biomasse et du quota saisonnier de pêche. «On aura une idée plus claire de l'état de la ressource poulpière au plus tard le 12 décembre prochain et pas avant», estime un scientifique fonctionnaire de l'INRH. C'est seulement à la suite de cette évaluation et sur la base du quota qui aura été déterminé que la reprise de l'activité de la pêche sera fixée. Est-ce à dire que l'annonce de la reprise a été faite un peu vite ? Pas tout à fait, déclare-t-on du sein de ce ministère qui dit suspendre le tout à la campagne d'évaluation. L'étude en cours permettra de déterminer les quotas, lesquels seront sûrement plus faibles que ceux de l'année dernière. Soit dit au passage, lors de la dernière campagne, en raison des faiblesses des stocks, aucun des trois segments ( artisanal, côtier, hauturier) n'a épuisé son quota. Par ailleurs, les larges consultations ouvertes en septembre dernier par Mohand Laenser au sein de la profession et dans les milieux scientifiques pour parachever le plan d'aménagement de la pêcherie poulpière, se poursuivent toujours. Lors de la dernière réunion tenue dans ce cadre, vendredi dernier, les commissions prévues par la stratégie d'aménagement de la pêche poulpière ont été réactivées. L'objectif immédiat pour le moment reste la lutte contre la pêche illicite, l'une des causes premières à l'origine de la destruction de la pêcherie. Aujourd'hui, c'est le poulpe qui est menacé, mais bientôt, avait rappelé le ministre dans un entretien à la MAP, ce sera le cas des crevettes et d'autres espèces, telles que la sardine, qui seront en danger...