Bien qu'encore à l'étude, le projet de restructuration des bateaux de pêche hauturiers rencontre déjà de la résistance. Aujourd'hui, la Direction des pêches maritimes devrait soumettre aux professionnels une première mouture du projet d'une convention pour la réduction des bateaux céphalopodiers dans le segment de la pêche hauturière. Le projet se base sur une recommandation de l'Institut national des recherches halieutiques (INRH, datée de 2000 !) qui préconise une réduction importante de l'effort de pêche, pour préserver nos ressources en céphalopodes. Seul hic : le projet, pas encore finalisé, est déjà rejeté par une bonne partie de la profession. En cause, le comportement du ministère de la Pêche vis-à-vis des professionnels qui déplorent le non-respect de la Matrice (projet de restructuration de la filière poulpière, qui date de 2004) de Mohand Laenser, ex-ministre de la Pêche. Selon Rachid Benkirane, armateur, suite à une réunion organisée début avril à Casablanca par les membres des différentes Chambres maritimes, de la Fédération marocaine de la pêche, la Fédération des armateurs de la pêche hauturière, une décision irrévocable a été prise. «Aucun professionnel n'assistera désormais aux réunions tenues par le ministère de tutelle, jusqu'à ce que le ministre consente à se réunir avec l'ensemble de la profession», note Rachid Benkirane. Ce bras de fer englobe aussi la réunion d'aujourd'hui, durant laquelle la Direction des pêches maritimes devrait annoncer son projet de convention. Une situation assez délicate, car la réduction de la flotte hauturière nécessitera une totale adhésion des professionnels. Pour cet observateur, le projet de la tutelle est une initiative volontariste. Si la profession le rejette, il sera voué à l'échec, d'autant plus qu'on parle de la mise à la casse de 65 bateaux. Et ce sont les propriétaires des navires restants qui devraient financer cette réduction (à hauteur de 4,75 DH/tonne). «Le segment côtier doit aussi participer à ce projet de restructuration, comme cela a été le cas pour la pêche artisanale», fait remarquer Rachid Benkirane. Selon des chiffres officiels, il existe actuellement 265 bateaux de pêche hauturière au Maroc (d'un total de 349, dont 84 navires immobilisés). Ils passent en moyenne 200 jours en mer et consomment environ 3.100 litres de gasoil par jour. L'objectif du plan de restructuration est de réduire les navires actifs à 200. Pour ces derniers, on parle de la réévaluation de la capacité de pêche globale qui sera déployée sur le stock à l'issue du plan de sortie.