* Baisse des captures et des valeurs pour tous les segments et espèces. * L'INRH écarte l'hypothèse de l'épuisement des stocks. Les dernières statistiques publiées par le département des Pêches maritimes montrent une baisse sensible des captures qui s'est traduite par une régression en valeur. Les professionnels évoquent les conditions de production contraignantes alors que l'Institut national des recherches halieutiques (INRH) écarte l'hypothèse d'un épuisement des stocks. En l'absence d'un contrat-programme, le secteur continuera de naviguer à vue, affectant au passage la valeur ajoutée générée et le nombre d'emplois créés. Ainsi, au terme des neuf derniers mois de l'année 2006, le Maroc a produit 500.500 tonnes de poisson, soit une baisse de 18%. Cette régression a eu un effet sur la valeur qui a baissé de 11%, s'établissant à 4,5 milliards de DH. «A l'exception du poulpe, l'état du stock se porte bien. Toutes les espèces présentent un niveau de reproduction satisfaisant », indique-t-on auprès de l'INRH. La même source a précisé que « le système des quotas pour la pêche poulpière commence à donner ses fruits. La phase de conservation qui a démarré en 2004 a permis un aménagement des stocks et une organisation des captures selon la disponibilité des ressources. Pour les autres pêcheries, il y a un plan de gestion qui permet de fixer le nombre de bateaux et le volume des captures ». « La baisse des captures, indique-t-on à l'INRH, est due plutôt aux conditions d'exploitation qu'à l'état du stock des ressources. La pêche côtière a souffert des conditions météorologiques pour la petite pélagique ». La même source a précisé par ailleurs que « la flotte européenne, constituée essentiellement de bateaux espagnols, est très spécialisée dans certaines espèces et ne concerne pas les pêcheries sensibles comme les céphalopodes. Son action ne peut affecter le stock des ressources». Par segment, c'est la pêche hauturière qui a été le plus impactée comparativement à la pêche artisanale et côtière. En effet, la pêche en haute mer a accusé une baisse de 20% en volume et de 24% en valeur. A l'Association de la pêche hauturière marocaine (ASPHA), on explique ces résultats « par une nette baisse des captures poulpières qui représentent plus de 95% de l'activité ». « La contrebande et l'exercice de la pêche illégale continuent de sévir et perturbent sérieusement le bon fonctionnement du plan poulpier et les chiffres déclarés aussi bien au niveau de la production que de l'exportation ne reflètent aucunement la réalité». Pour Rachid Benkirane, professionnel de la pêche hauturière, « la situation du secteur depuis quelques années ne fait que se dégrader pour des raisons que l'Institut scientifique et la FAO expliquent par les changements climatiques que connaît la planète et des facteurs de surexploitation dans presque toutes les pêcheries». Il a précisé toutefois que « la ressource n'étant pas inépuisable, l'homme doit respecter sa reconstitution naturelle, donc la reproduction ! Une grande rigueur dans le contrôle des prises doit être de mise ». Pour ce qui est du secteur céphalopodier, et en particulier poulpier, il a expliqué que « le laxisme de l'Etat depuis plus d'une décennie l'a condamné à mort! Il a fallu déployer des efforts énormes, avec l'arbitrage et l'aide du Premier ministre, pour qu'un plan poulpier voit le jour le 12/04/04 et, avec la détermination de notre tutelle, voir son application chaque jour se vérifier, petit à petit ». A l'INRH, on indique toutefois que « le plan poulpier est en marche, ce qui a permis cette année de remonter le cap de la phase critique et d'assurer la conservation des stocks». Ce système des quotas individuels a été appliqué également aux autres espèces. Ce qui a donné le projet du plan d'aménagement des pêcheries des petits pélagiques. Plusieurs autres projets visant une gestion rationnelle des ressources halieutiques nationales sont en cours de préparation ou d'application. En ce qui concerne la pêche côtière, elle a réalisé un volume de production de 262.500 tonnes représentant une baisse par rapport à la même période de l'année dernière. Alors qu'en valeur, le niveau n'a connu qu'une légère régression de 1% se situant à 2,46 milliards de DH. La pêche pélagique, notamment les sardines, représente plus de 81% des captures. En revanche, les quantités destinées à la consommation ont connu une amélioration de 9 %. Les unités de farine et dhuile de poisson ont traité, à fin septembre, quelque 87.184 tonnes, soit une baisse de 60 % par rapport au niveau enregistré une année auparavant. Le département des Pêches maritimes attribue cette régression notamment au recul de 29% des pêches des sardines, surtout dans les ports du sud. Les professionnels du secteur sont montés au créneau pour dénoncer le renchérissement des charges, notamment celles de carburant. La série des baisses des résultats des produits de pêche a concerné également les chiffres de débarquement au niveau des halles de l'Office national des pêches (ONP). « Au titre des 9 premiers mois de l'année 2006, les débarquements des produits de la pêche ont atteint 565.738 tonnes pour une valeur de près de 2,6 milliards de dirhams. Soit une diminution de 12% en volume, compensée par une meilleure valorisation des produits, entraînant une légère progression de 1,5% en valeur", indique un communiqué de l'ONP.