Le Parti populaire a infligé un échec sans précédent aux socialistes au pouvoir. Le tsunami bleu, en référence à la couleur du parti de droite, a raflé la mise durant les élections locales du 22 mai. La défaite des socialistes est une première dans les annales de la démocratie de notre voisin. Les Espagnols ont sévèrement puni le gouvernement, coupable à leurs yeux d'être derrière la crise économique. Le PSOE n'a même pas réussi à limiter la casse dans ses fiefs historiques. Concrètement, le PP a eu dix points d'avantage sur son rival historique. Comme l'a déclaré dimanche soir Zapatero, «le PSOE a connu le plus grand recul historique». Un euphémisme, pour ne pas dire un séisme électoral. L'écart des votes entre les deux formations politiques a atteint 2 millions en faveur du PP. La formation de droite détient à présent un grand pouvoir au sein des autonomies. Ce qui n'augure rien de bon pour le gouvernement au soir de son mandat. Le PP gouverne avec une majorité absolue dans onze des treize autonomies en jeu. Une marée qui a surpris le propre vainqueur. Le parti de droite n'a pas triomphé grâce à un programme électoral ficelé ou des propositions concrètes pour faire face à la récession, loin s'en faut. D'ailleurs comme l'ont bien signalé certains commentateurs, le PP a des programmes à la carte selon la commune où il est en compétition. Le parti de Mariano Rajoy ne fait que cueillir les fruits de la gestion désastreuse de la crise économique et le sévère plan des coupes imposé aux Espagnols. Et la pilule est dure à avaler par les socialistes. Sachant que certains candidats populaires ont été réélus dans quelques communes où ils ont défrayé la chronique par des cas de corruption notoires et une gestion désastreuse de la chose publique. Mais cela ne les a pas empêchés de décrocher la bénédiction des électeurs. La Bourse vire au rouge Lundi, l'ibex n'est pas resté insensible à ces résultats. Les grandes valeurs de la place madrilène ont tous été au rouge à l'ouverture. Comme l'a bien résumé cet analyste financier, «le rouge brille plus que jamais fort». L'on craint que la note souveraine de l'Espagne ne soit dégradée au cas où l'on découvre que le gouvernement a menti sur les comptes. Les nouveaux conseillers municipaux vont révéler le vrai défi des budgets des communes, autrefois sous administration socialiste. L'on parle déjà d'un trou budgétaire de 10.000 millions d'euros selon des estimations du PP qui ne cesse d'enfoncer le clou dans le cercueil du PSOE. La question qui se pose avec acuité après ces résultats jamais espérés par le PP est de savoir si le gouvernement optera pour des élections anticipées. Plusieurs hommes politiques ont appelé lundi à ce que les élections soient avancées. Or, Zapatero a mis les choses au clair dimanche soir après la publication des résultats : il s'accroche à son siège jusqu'à mars prochain, rendez-vous des élections générales. En 2009, le PSOE gouvernait dans neuf autonomies. Après les résultats de dimanche, les socialistes se contenteront de trois communautés autonomes, à savoir Extremadura, le Pays basque et l'Andalousie. De même, des présidents de régions, appréciés et donnés favoris lors des sondages, ont été châtiés par les électeurs pour le simple fait qu'ils portent les couleurs du PSOE. Tout porte à croire que l'électeur espagnol est fermement décidé à tourner la page des socialistes pour les prochains mandats. Une chose est sûre, Zapatero est devenu un boulet pour les socialistes. Avant la campagne électorale, certains cadres du parti socialiste ont demandé au secrétaire général du parti de quitter ses fonctions afin de limiter les dégâts. Après cet échec historique, des cadres du PSOE appellent à une révision idéologique profonde du parti. Autre fait marquant des élections du 22 mai, la montée de l'extrême droite avec l'élection d'un leader politique connu pour ses propos racistes et anti-immigration. Le printemps espagnol n'a rien pu faire devant le tsunami bleu. Malgré ces résultats, les jeunes de la Puerta Del Sol comptent prolonger leur séjour jusqu'à dimanche prochain. Mais des voix se sont élevées les appelant à abandonner cette lutte qui semble être «donquichotienne». Seul mérite du mouvement «15M», l'augmentation du taux du vote nul et du vote blanc. Ils ont atteint 2,54% durant cette dernière consultation, soit le double par rapport aux élections générales de 2008. Ce qui fait dire aux analystes que le «15M» sera la quatrième force politique votée durant les élections.