Une nouvelle étape dans la mise en place effective de l'initiative Maroc innovation est franchie. Le département d'Ahmed-Réda Chami est en train de finaliser l'instauration d'une politique publique nationale de promotion des clusters (pôles de compétences). Il s'agit d'ailleurs de l'un des grands axes de l'Initiative Maroc innovation qui avait été exposée devant le Roi il y a un peu plus d'un an. En effet, c'est le 5 juin 2009 que les grandes lignes de ce plan avaient été validées lors du premier sommet de l'innovation, organisé à Skhirate. Objectifs Le Maroc se doit de disposer de pôles de compétences notamment pour les métiers mondiaux s'il veut se mettre au diapason des grands pays producteurs de technologies, dans un contexte marqué par le renforcement des capacités de production, de facilitation des mesures douanières. À présent, cette nouvelle stratégie, pour laquelle un appel d'offres vient d'être lancé par le département du Commerce, de l'industrie et des nouvelles technologies, devra servir de «politique d'appui à la création de clusters autour des secteurs et thématiques prioritaires (métiers mondiaux, TIC, énergie, eau, environnement)», nous apprend une source informée au ministère. Ces clusters, une fois mis en place, devront servir de plates-formes dédiées pour la création de projets structurants et à forte valeur ajoutée. «Il sera principalement question d'assurer l'animation des différents opérateurs en matière de recherche et développement mais aussi de nouvelles technologies», explique la même source. Sur le cahier de prescriptions spéciales lié à l'élaboration de cette stratégie, on apprendra également que le ministère de Chami cherche la création d'un «environnement technologique et des synergies favorables au développement de projets de R&D et d'innovation» et à améliorer la visibilité internationale des secteurs d'activités retenus. Des projets pilotes ont déjà vu le jour La concrétisation de ce projet a déjà été amorcée à travers la mise en place d'un projet pilote, le cluster électronique de Mohammédia. L'initiative émane d'un groupe de PMI regroupant l'ensemble des métiers liés à l'électronique. Le cluster intègre une infrastructure de standing international et des services de proximité. Il comprend une infrastructure technologique et de recherche et s'appuie sur un réseau d'universités locales et nationales partenaires. Depuis, deux autres clusters ont vu le jour. Le premier s'oriente vers les secteurs des Technologies de l'information et de la communication (TIC). Le deuxième quant à lui concerne la microélectronique et regroupe des entreprises du secteur, ainsi que l'Association marocaine pour l'innovation et la recherche (MAScIR). Les chiffres de l'innovation au Maroc laissent apparaître un réel déficit en la matière. Il suffit de savoir que les efforts en R&D ne représentent que 0,8% du PIB national et que le pays ne dispose que de 1,87 chercheur pour chaque tranche de 1.000 habitants. Autre élément inquiétant. En 2006, la moyenne du Maroc était de 37 productions scientifiques par million d'habitants. Ce qui lui a valu la position 70 selon l'indice Boston Consulting Group, derrière l'Egypte (65e) et la Tunisie (41e). Les objectifs sont désormais clairs. Il s'agit dans un premier temps d'identifier les projets de clusters potentiels à la lumière des stratégies de développement et priorités nationales. Il sera ensuite question de mettre en place ces clusters sur la base d'un benchmark international, puis de les labelliser et de les soutenir selon un cahier des charges défini à l'avance. Des conventions viendront enfin sceller ces partenariats cluster-Etat. Le chemin est désormais bien tracé et le coup d'envoi, à travers l'appel d'offres, est bien donné pour faire des clusters une réalité au service de l'innovation.