Elle sera de 5 centimes par kWh. L'arrêté a été signé La hausse pour les ménages reportée à l'été prochain. Les industriels qui, jusqu'à une date récente, ne cessaient de réclamer une baisse du tarif de l'électricité, vont devoir au contraire subir une hausse de 5 centimes par kilowattheure (kWh) à partir de ce mois de mars. L'arrêté formalisant cette hausse a été signé par Rachid Talbi Alami, ministre en charge des Affaires générales du gouvernement. Les ménages, au départ concernés par l'augmentation, en sont provisoirement épargnés, mais ce n'est que partie remise, semble-t-il : ce sera pour l'été prochain, explique-t-on à la primature. Selon de nombreux spécialistes, cependant, cette hausse, réclamée depuis l'été dernier par Ahmed Nakkouch, alors DG de l'ONE (Office national de l'électricité), n'aura «aucun impact significatif» sur la compétitivité des entreprises. Les industriels, ces dernières années, avaient bénéficié de plusieurs baisses du tarif de l'électricité, atteignant près de 35 % pour la moyenne tension, c'est-à-dire l'essentiel du tissu industriel, et entre 20 et 26 % pour la haute et très haute tension (selon que le régime est optionnel ou général). Depuis 1997, date du début du processus de réduction tarifaire, la baisse de la facture d'électricité, toutes catégories de clients confondues, a coûté 2,8 milliards de dirhams, dont 1,60 milliard supportés par l'ONE et 1,16 milliard pris en charge par l'Etat sous forme de dégrèvements fiscaux. A contrario, cette légère hausse de 5 centimes/kWh décidée par les pouvoirs publics, par son effet cumulatif, aura un effet positif sur la trésorerie de l'ONE, lourdement affectée par le renchérissement des prix des combustibles. En 2005, en effet, le surcoût pour l'ONE résultant de la flambée des prix du charbon et du fioul a été de 1,8 milliard de dirhams, après un milliard en 2004. Et si les prix sont maintenus à leurs niveaux actuels, le surcoût pour 2006 sera de 2 milliards de dirhams. Autant dire que les gains obtenus grâce à la mise en service de la centrale à cycle combiné de Tahaddart et de la station de Tafourer, ainsi que de la baisse du prix moyen du kWh acheté à JLEC (Jorf Lasfer energy company), ont été neutralisés par ces surcoûts. L'augmentation s'impose donc. Ceci étant, pour certains gros consommateurs, comme les cimenteries par exemple, le surplus à payer pourrait paraître élevé, mais tout est relatif. A l'échelle de leur consommation (quelque 11 à 12 millions de dirhams par mois), 400 000 ou 500 000 dirhams de plus, ce n'est peut-être pas beaucoup, mais… Pour le textile et la confection, dont la consommation mensuelle moyenne, selon les estimations d'un expert en énergétique, varient respectivement entre 80 000 à 100 000 dirhams et 300 000 à 400 000 dirhams, l'impact de cette hausse de 5 centimes varierait entre 5 000 dirhams dans le premier cas et 20 000 dirhams dans le second. Au-delà de cette hausse, la question sous-jacente que pose la problématique de l'énergie dans son versant industriel concerne la nécessité d'ouvrir le secteur à la concurrence. La privatisation devrait donc être complétée par l'introduction de la concurrence, à travers la libéralisation du marché. Les industriels à ce moment-là pourront faire leur choix entre plusieurs opérateurs, y compris étrangers, et donc acheter moins cher. L'Etat, lui, aura pour ainsi dire la paix, puisque les industriels n'auront plus à le solliciter. Sur ce point du moins… ne hausse destinée à soulager partiellement le surcoût supporté par l'ONE en raison de la flambée du charbon.