Officine expo 2006 se tient les 17 et 18 février à Casablanca. Les officinaux se battent toujours pour que leurs revendications sur le numerus clausus, le droit de substitution et la réglementation des pharmacies de cliniques soient prises en compte. Officine Expo tient sa troisième édition les 17 et 18 février. Durant deux jours, ce salon réunira les pharmaciens d'officine, les répartiteurs, les grossistes et les industriels du médicament. Quelque 1 500 visiteurs sont attendus, essentiellement des médecins, des dentistes, des étudiants. Selon ses organisateurs, cette manifestation vise deux objectifs : la promotion de la profession de pharmacien et notamment tout ce qui touche, de façon directe ou indirecte, cette activité, essentiellement l'aspect scientifique et la gestion de l'officine ainsi que la promotion de la production pharmaceutique marocaine, en mettant l'accent sur les performances de cette industrie, qui est classée deuxième en Afrique, après celle de l'Afrique du Sud. Ces deux axes permettront, selon Younès Belayachi, directeur général de Easy Com, organisateur de l'événement, «de faire le point et surtout d'évaluer les relations entre les pharmaciens et leurs partenaires». Ils veulent servir de relais dans le domaine de la santé Comme pour chacune des deux éditions précédentes, deux thèmes sont retenus pour Officine Expo 2006 et seront discutés dans les ateliers prévus parallèlement au salon : le premier a trait à la place du médicament générique dans le schéma actuel. Le second traite, quant à lui, du rôle du pharmacien dans l'éducation, la santé et la consommation. Le choix de ces thèmes n'est pas fortuit. Il s'agit en effet de sujets d'une actualité brûlante. Le débat est en effet focalisé, depuis 2004-2005, sur la place du générique dans la politique du médicament, et surtout sur le rôle des médecins, des industriels et du pharmacien dans le développement de ces produits sur le marché. Par ailleurs, les pharmaciens, particulièrement dans le cadre de l'élaboration du code de la pharmacie, ont toujours mis l'accent sur leur refus d'être cantonnés dans un rôle purement commercial de «vendeur de médicament». «Notre fonction va au-delà de cet aspect et donc du côté commercial de la profession. Nous sommes en mesure de conseiller le patient, de le sensibiliser et de l'accompagner dans certaines pathologies, notamment chroniques», souligne un pharmacien. Le pharmacien d'officine est alors perçu comme un relais entre les prescripteurs et les patients. L'appel est lancé, et Officine Expo sera une nouvelle occasion pour les pharmaciens de demander aux laboratoires et au ministère de la Santé de les associer à certaines campagnes grand public et leur assurer une formation continue. «Dans sa formation de base, le pharmacien n'a pas étudié toutes les pathologies. Aussi, les laboratoires devraient assurer une formation continue des officinaux pour leur permettre de sensibiliser leurs clients», explique Najia Rguibi, pharmacienne à Casablanca. Elle ajoute que des discussions sont en cours avec le ministère de tutelle pour «associer les officinaux à ses campagnes de communication. Ainsi, les vitrines des pharmacies seraient destinées à l'affichage de messages et de pancartes sensibilisant les patients. Une expérience réussie a eu lieu dans le cadre de la campagne visant à promouvoir les comprimés contraceptifs Hilal». Servir de relais dans le domaine de la santé n'est pas l'unique revendication de la profession. D'ailleurs, Officine Expo 2006 se tient sur fond de crise et de mécontentement. Et pour cause, les pharmaciens se disent lésés. Le secteur connaît de sérieuses difficultés et la nouvelle réglementation ne fait guère l'unanimité dans la mesure où le code de la pharmacie, actuellement en discussion au Parlement, est «totalement inadapté et ne répond pas à nos revendications», explique-t-on. En effet, la profession n'a pas obtenu gain de cause pour le numerus clausus, le droit de substitution et la réglementation des pharmacies de cliniques. Le seul aspect positif retenu est la possibilité pour l'officine de s'organiser en SARL. «Ce qui permettra désormais au pharmacien de se servir un salaire de gérant, de bénéficier d'une couverture médicale et de cotiser à la CNSS», explique un membre du syndicat des pharmaciens. La pharmacie de clinique, une menace pour les officines Mais ce ne sera pas suffisant pour mettre fin à la crise qui touche les officines depuis 1997. Le nombre de pharmacies est en évolution continue, passant de 3 600 à la date indiquée à 8 000 aujourd'hui, alors que le chiffre d'affaires réalisé par l'industrie pharmaceutique tourne autour de 4,5 milliards de dirhams par an, que la consommation par habitant ne dépasse toujours pas les 200 DH/an et que la couverture médicale dans sa formule actuelle ne dopera pas substantiellement les ventes. Pour les pharmaciens, il faut mettre «de l'ordre dans tout cela en agissant au niveau de la formation universitaire et en introduisant un peu de logique au niveau des ouvertures d'officines». La solution serait bien entendu, selon la profession, d'adopter le numerus clausus qui permettrait de rationaliser les ouvertures et d'éviter «les installations suicide». Une étude menée par la profession a révélé que les fermetures d'officines concernaient particulièrement les nouvelles installations. Les autres pharmacies, moins récentes, au lieu de mettre la clé sous le paillasson, optent pour les ventes à crédit. «Devenue une pratique courante, le crédit nous permet de subsister et de faciliter aux patients l'accès au médicament», explique un pharmacien de Rabat qui souligne que «le chiffre d'affaires moyen des officines a reculé d'environ 30% à 700 000 DH dans la plupart des cas». Plus grave, les pharmacies de cliniques risquent de porter un coup dur à l'officine. Selon Hamza Guedira, pharmacien à Rabat, «l'adoption de cette mesure ouvre la porte à plusieurs dérives et nous assisterons certainement à un commerce illicite de médicaments à partir des cliniques. Ce qui ne sera pas sans incidence sur les officines». C'est pourquoi la profession a suggéré une liste limitative des médicaments vendus dans les pharmacies de cliniques et un conditionnement approprié à l'usage en clinique. Ce qui n'a pas été retenu par le législateur. Dernière mesure exigée par les officinaux : accorder aux instances ordinales et non pas aux autorités locales le droit d'octroi d'autorisations d'ouverture. Là encore, selon la profession, il y aura des abus qui viendront aggraver la crise que connaît le secteur. La profession estime aujourd'hui que la balle est dans le camp du gouvernement et espère, au moment de l'adoption définitive du code par la deuxième chambre, que les «ratés» seront rattrapés.