Les pharmaciens sont en colère. Outre l'organisation d'un sit-in devant le ministère de la Santé, ils ont décidé de fermer les portes de leurs officines les 22, 23 et 24 février pour protester contre le nouveau code du médicament et de la pharmacie. La tension monte d'un cran dans le milieu de la profession. Selon une source au sein de la Fédération nationale des syndicats des pharmacies du Maroc, les pharmaciens sont décidés à durcir le ton. Un grand mouvement de grève et de protestation devrait avoir lieu dans les prochains jours. En effet, les pharmaciens protestent avec vigueur contre le projet de loi portant code du médicament et de la pharmacie, adopté en janvier 2006 par la première Chambre du parlement. Un sit-in devrait avoir lieu devant le ministère de la Santé au cours de la dernière semaine de ce mois. En outre, pour faire entendre leurs voix, les pharmaciens auraient décidé de fermer les portes de leurs officines les 22, 23 et 24 février. Et ce n'est pas tout. Les professionnels auraient également décidé d'organiser une grève durant le mois de mars prochain. Il faut dire que depuis l'annonce de ce projet de loi, plusieurs voix au sein de la profession se sont levées pour le critiquer. La Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM) a pris position contre ce nouveau code. Les officinaux affirment que ce nouveau texte "ne tient pas compte de leurs intérêts". Ils critiquent également le fait que "les principales revendications et propositions jugées vitales pour le développement de la profession n'ont pas été prises en considération dans la nouvelle loi". Parmi les nombreuses dispositions décriées par la FNSPM, figure celle de permettre aux cliniques privées de disposer d'une pharmacie au sein de leurs établissements. En fait, les pharmaciens craignent que ces officines de cliniques ne constituent, pour eux, une concurrence supplémentaire. Dans le même volet, la FNSPM avait proposé que les médicaments des cliniques soient achetés auprès des pharmaciens d'officine et non, comme le stipule le projet de code, auprès des grossisteries. Autre point important pour les pharmaciens, l'adoption du principe " Numerus Clausus". Il s'agit de conditionner l'installation d'une nouvelle pharmacie à une population prédéterminée. Les officinaux revendiquent effectivement l'instauration de ce concept avec un ratio d'une officine pour 5.000 habitants, tel que recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) a également critiqué les dispositions du nouveau code. Les doléances formulées par le CNOP concernent la mise en place d'une liste limitative de médicaments pour les pharmacies internes au sein des cliniques privées agréées par le conseil national de l'Ordre des pharmaciens pour éviter tout dérive et abus ainsi que la réduction de certaines peines jugées lourdes prévues contre les pharmaciens. Le conseil de l'Ordre demande en revanche l'instauration des mesures répressives contre les personnes opérant dans le secteur de manière illégale. Rappelons que ce nouveau projet de loi devrait se substituer au Dahir du 19 février 1960, qui régit jusque-là la profession. Cet ancien texte est jugé, par les professionnels, désuet et en déphasage par rapport aux évolutions qu'a connu le secteur à l'échelle nationale et internationale. La préparation du nouveau code a nécessité plusieurs années. Les pharmacies exigent de revoir ce texte qui sera soumis prochainement à la Chambre des conseillers. Par ailleurs, le président de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM), Kamal Belhaj Soulami aurait démissionné de ses fonctions. Le nouveau président sera connu le 18 février, date de la tenue de l'assemblée élective.