Le directeur du médicament et de la pharmacie au ministère de la Santé, estime que le nouveau code de pharmacie satisfait la majorité des professionnels. Estimant que le dialogue avec le ministère de tutelle, celui de la Santé, est arrivé à une impasse, la Fédération nationale des Syndicats des Pharmaciens du Maroc (FNSPM) a décidé d'observer une grève nationale le 29 décembre 2004 et le 7 janvier 2005. Au cœur de la polémique: l'adoption du projet de code de pharmacie. Les pharmaciens d'officines considèrent ce texte comme une menace qui pèse sur la pérennité de leur profession et exigent donc son retrait du circuit législatif. Dans un entretien avec ALM, le directeur du médicament et de la pharmacie au sein du ministère de la Santé, Pr. Abdelaziz Agoumi assure que "le nouveau code satisfait beaucoup de monde, pour ne pas dire la majorité écrasante des professionnels". Il rappelle que l'idée d'une refonte du projet de loi sur la pharmacie a été soulevée, déjà, en 1987. A l'époque, le ministère de la Santé et le secrétariat général du gouvernement se sont réunis à maintes reprises avec les professionnels (le conseil de l'ordre des pharmaciens, la fédération des syndicats des pharmaciens et l'association marocaine de l'industrie pharmaceutique). Conformément au principe de la continuité du service public et même de l'action des organes professionnels, les accords entérinés à l'époque devraient s'appliquer aujourd'hui. En tout cas, le Pr. Agoumi assure que les portes du dialogue ne seront jamais fermées. "Certes, le projet de loi a été adopté par le Conseil du gouvernement, mais il lui faut encore passer par le Conseil des ministres et les deux Chambres du Parlement", affirme le Pr. Agoumi. En termes clairs, les pharmaciens ont tout le temps de faire du lobbying et doivent donc s'abstenir de faire grève. Parmi les nombreuses dispositions décriées par la FNSPM, figure celle de permettre aux cliniques privées de disposer d'une pharmacie au sein de leurs établissements. En fait, les pharmaciens craignent que ces officines de cliniques ne constituent, pour eux, qu'une concurrence supplémentaire. Pour les rassurer, le Pr. Abdelaziz Agoumi estime que "cette disposition permettra de créer de nouveaux postes d'emplois pour les pharmaciens car le projet de code oblige les cliniques à recruter un pharmacien qui sera responsable de tout le circuit que traverse le médicament (achat, stockage, administration aux patients…). Par ailleurs, concernant l'idée d'une concurrence déloyale de la part des pharmacies de cliniques, le Pr. Agoumi est catégorique. "Le projet de code, tel qu'il a été adopté par le conseil du gouvernement, interdit aux pharmacies de cliniques de vendre des médicaments à des patients autres que ceux de la clinique elle-même". Pour contrôler cela, "le ministère de la Santé dispose des moyens nécessaires puisque ses inspecteurs ont réalisé, rien qu'en 2004, plus de 500 inspections", assure le Pr. Agoumi. Dans le même volet, la FNSPM exige que les médicaments des cliniques soient achetés auprès des pharmaciens d'officine et non, comme le stipule le projet de code, auprès des grossisteries. "Impossible", souligne le Pr. Agoumi. Autre aspect important pour les pharmaciens: le fameux principe du "numerus clausus". Il s'agit de conditionner l'installation d'une nouvelle pharmacie à une population prédéterminée alors qu'aujourd'hui la loi prévoit le système du chaînage à 300 m. Les normes de l'OMS parlent d'un pharmacien pour cinq milles habitants. "Pour une population comme celle du Maroc (environ 30 millions), cela signifierait que nous ne devons avoir que 6.000 pharmaciens, ce qui est véritablement aberrant car aujourd'hui nous sommes déjà à plus de 7.200", explique le Pr. Agoumi. En tout cas, ce dernier reconnaît que le projet de code est perfectible, d'où l'intérêt de maintenir un dialogue permanent avec la fédération des syndicats de pharmaciens ainsi que l'ordre des pharmaciens.