En 2015, les prestations ont évolué de 8% tandis que les cotisations n'ont augmenté que de 2%. Les affections de longue durée et les soins dentaires pèsent lourd sur les dépenses. La Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) devra être prudente au cours de 2016 pour ne pas hypothéquer l'équilibre du régime AMO pour les fonctionnaires qu'elle gère depuis 2006. Selon l'étude actuarielle récemment réalisée par l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM), la CNOPS pourrait enregistrer son premier déficit cette année en raison notamment de l'arrivée de nouvelles populations d'assurés -intégration des assurés de l'ONCF (288000) et extension de l'AMO aux étudiants-, de la prise en charge des médicaments coûteux dans le cadre du tiers payant et de la revalorisation en projet de la TNR. Rien que l'impact financier (prestations) de l'intégration de la mutuelle de l'ONCF est estimé à 76 MDH au titre de 2016. Il devrait atteindre 260 MDH avec l'intégration des 33 autres mutuelles des organismes publics. Les excédents cumulés de la CNOPS, qui atteignent aujourd'hui 9,2 milliards de DH, risquent alors d'être entamés. L'évolution des cotisations et des prestations donne déjà un aperçu des potentiels risques. Les premières ont en effet progressé de 2,32% en 2015. C'est la confirmation de la décélération observée depuis cinq ans. La croissance est passée de 9% en 2010 par rapport à 2009 à 7% pour 2012 en comparaison avec 2011 avant de tomber à 3% entre 2013 et 2015. Pendant ce temps, les prestations continuent de croître. Elles ont fait un bond de 8% en 2015. Premier payeur «tiers payant» du Maroc, la caisse assure des prestations de l'ordre de 4,3 milliards de DH, d'après ses dernières statistiques. Sur ce montant, les prestations ambulatoires absorbent 2,5 milliards de DH et le tiers payant 1,8 milliard. Depuis le lancement de la couverture médicale de base en 2006, la CNOPS a remboursé 31 milliards de DH dont 16,4 milliards aux assurés et 14,6 milliards aux prestataires de soins. En 2015, 56% des remboursements ont bénéficié à ses assurés actifs et 44% aux pensionnés. Pour éviter les dérapages, trois postes de dépense sont à surveiller : les affections de longue durée et les affections lourdes et coûteuses, les médicaments et les soins dentaires. Les chiffres de la CNOPS laissent apparaître une prépondérance des ALD qui sont à l'origine de 46% des dépenses en 2015 contre 41% en 2006. Le diabète absorbe 11% du budget soins Le nombre de patients porteurs d'ALD est passé de 55590 à 147 470 sur les dix dernières années. Ils représentent aujourd'hui 4,83% des assurés de la CNOPS contre 2,32% en 2006. Parmi les ALD, le diabète absorbe 11% du budget soins. Son poids dans les dépenses ALD, qui ont augmenté de 135% entre 2008 et 2015 à 430 MDH, tient au fait qu'une grande partie des médicaments est constituée de princeps, notamment pour les diabétiques insulino-dépendants. Le médicament est le deuxième poste à surveiller. Sa part dans les dépenses a certes fléchi, passant de 48% en 2006 à 32% en 2015 en raison de la baisse des prix, mais la consommation est sur une tendance haussière. Les dépenses ont atteint 1,3 milliard de DH en 2015. Ce qui est préoccupant pour les responsables de la CNOPS qui estiment que la hausse se poursuivra avec la mise en place du tiers payant pour les médicaments coûtant plus de 1 000 DH et que la CNOPS prendra totalement en charge. La fermeture de la pharmacie de la CNOPS n'est pas pour arranger les choses. Pour les soins dentaires, la dépense représente, en 2015, 11% des prestations de la caisse contre 4% en 2006. Au regard de cette tendance, la CNOPS devra être plus prudente et adopter une approche préventive.