Il est peu représenté dans la majorité des grandes villes, et peine à se faire une place dans les petites villes. Il a misé sur les notables, dont la plupart ne sont pas militants du parti de longue date Entre l'image qu'avait l'USFP il y a 15 ans, celle d'un parti pour lequel votent les masses mais également les fonctionnaires et la classe moyenne, et le constat sur le terrain aujourd'hui, le gouffre est béant : l'USFP est un parti qui se ruralise. Depuis les élections communales de 2003, on assiste à un bouleversement de la carte électorale du parti. Aujourd'hui, il est privé de toutes les grandes et moyennes villes du Royaume, y compris ses fiefs traditionnels, alors que sa représentation se déplace vers les petites villes. «Ce recul urbain est certes compensé par des percées dans les campagnes, mais l'échec électoral de plusieurs de ses dirigeants atteste de son déclin qui paraît inexorable», explique Ghassane Lamrani, chercheur en sciences politiques. A Casablanca, Mohammédia, Meknès et Tanger, le parti n'a obtenu aucun siège, lors des dernières législatives du 25 novembre. A Rabat, il pu décrocher un seul siège mais difficilement. De même à Agadir, alors que le parti représente l'écrasante majorité du conseil de la ville. Les deux sièges obtenus à Fès contrastent certes avec cette tendance, mais n'entament en rien cette tendance de glissement de l'électorat de l'USFP vers la campagne. Cette tendance générale en cache une autre plus insidieuse, note M.Lamrani. «A de rares exceptions près, aucun des véritables militants de l'USFP, connus et reconnus, présentés un peu partout, n'a pu décrocher un siège». Concrètement, estime M. Lamrani, plus de 80% des élus du parti ne sont pas de «vrais» militants, c'est-à-dire, ils ne sont pas passés par les différentes structures du parti. Autrement dit, 80% des sièges de l'USFP ont été remportés par des notables. Dans le monde rural, c'est certain, les sièges remportés ne le sont pas au nom du parti mais au nom des candidats. Bref, «c'est comme si l'électorat sanctionne le parti». Et cela ne date pas d'aujourd'hui. En 2007, déja, seuls 6 sur les 33 élus présentés sur les listes locales étaient des anciens militants du parti. C'est en réalité, explique-t-il, l'aboutissement d'une politique électorale prônée par la direction du parti depuis plusieurs années. Le parti a misé sur les sièges pour maintenir sa place dans le gouvernement. Il a donc présenté des candidats capables de les remporter, abstraction faite de leur appartenance, de longue date, au parti. Le parti risque d'en payer le prix fort, car de point de vue sociologique, c'est l'électorat urbain qui vote généralement pour l'opposition. Dans le passé, quand la gauche incarnait l'opposition, il votait pour elle, aujourd'hui c'est au tour du PJD. Mais, le jeu politique étant cyclique, du moins dans les pays démocratiques, l'USFP pourrait espérer renouer avec son électorat. Surtout la part de l'élite urbaine qui ne vote pas. Mais pour cela, il lui faut non seulement opérer une refonte de ses instances, sa manière de travailler, ses choix, mais une véritable révolution de laquelle ressuscitera une USFP complètement rénovée. Son passage à l'opposition n'est qu'un début de cette rupture avec le passé. Ce faisant, il aura déjà permis à l'électorat de faire une lecture un peu plus claire de la scène politique. D'un côte, un bloc conservateur, de l'autre deux blocs distincts, les socialistes et les libéraux.