100% des investisseurs institutionnels sondés par BMCE Capital Global Research (BKGR) anticipent un taux directeur inchangé lors de la deuxième réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib, qui se tiendra le 25 juin prochain. Suivez La Vie éco sur Telegram Quelle décision Bank Al-Maghrib prendra en matière de politique monétaire lors de sa prochaine réunion ? BAM suivra-t-elle les pas de la Banque centrale européenne (BCE) qui vient de baisser son taux directeur de 25 points de base ? Rien n'est moins sûr. Dans une note analytique consacrée à la prochaine réunion de BAM, BKGR souligne qu'on se dirige vers un «énième statu quo», en dépit d'une inflation désormais maitrisée. En d'autres termes, le taux directeur de BAM devrait être maintenu à 3% pour le moment. «Quoiqu'en bonne voie pour envisager l'adoption prochaine d'une politique monétaire davantage dovish (c'est-à-dire une politique monétaire plus accommodante, ndlr), compte tenu de la détente de l'inflation qui continue de s'approcher de son niveau cible de +2%, la Banque Centrale devrait, néanmoins, opter une nouvelle fois pour un statu-quo». Selon le bureau de recherche, BAM se donne le temps «de mesurer l'impact de la décompensation partielle du butane sur l'inflation». L'opinion de BKGR est largement partagée par le marché, comme le montre un sondage réalisé par le bureau de recherche auprès de plusieurs investisseurs institutionnels marocains. Ainsi, 100% des sondés anticipent un statu quo lors du Conseil de BAM alors que 92,3% tablent sur son maintien en septembre 2024, avant que ce niveau ne tombe à 53,8% pour la même situation en décembre 2024. Un nouveau cycle de politique monétaire accommodant pourrait toutefois débuter au premier semestre 2025 pour 61,5% des sondés.
Vers une révision à la hausse du taux de croissance Sur le volet de la croissance, BKGR note qu'après une accélération nette de la croissance économique à +3,4% au lieu de +1,5% une année auparavant, comme en atteste l'arrêté du Haut-Commissariat au Plan -HCP- relatif aux comptes nationaux de l'année 2023, l'économie nationale aurait enregistré un ralentissement de sa croissance au T1 2024 en progressant de +2,9% seulement (vs. +4,1% au T4 2023 et +3,5% au T1 2023). Le bureau de recherche rappelle par ailleurs que lors du Conseil du mois de mars, BAM avait revu à la baisse ses prévisions de croissance économique pour 2024 à +2,1% (vs. +3,2% précédemment) intégrant notamment une dégradation de -6,4% de la valeur ajoutée agricole (avec une récolte prévisionnelle de 25 MQx) au regard des conditions pluviométriques défavorables. Toutefois, souligne BKGR, la Banque Centrale pourrait «décider de revoir à la hausse ses prévisions de croissance pour l'année consécutivement à la nouvelle estimation plus optimiste du Ministère de l'Agriculture qui prévoit une production céréalière de 30 à 33 MQX en 2024». Pour sa part, BMCE Capital Global Reseach table toujours, dans son scenario principal, sur une croissance du PIB limitée à +2,6% (contre +3,4% pour le Gouvernement, +3,1% pour le FMI et +2,4% pour la Banque mondiale). Pour ce qui est de l'inflation, malgré son net reflux, la vigilance reste de mise. «Même si la victoire contre l'inflation semble proche, certains éléments pourraient attiser à nouveau les pressions inflationnistes», note BKGR. Sont cités notamment l'impact des aides directes, ou en encore les effets directs ou indirects de la décompensation progressive du gaz butane lancée en mai 2024, ainsi que l'évolution des tensions géopolitiques pouvant impacter les niveaux des prix à l'international.