BMCE Capital Global Research (BKGR) privilégie le maintien en juin par Bank Al-Maghrib des conditions de sa politique monétaire avec un taux directeur et une réserve obligatoire à 1,5% et 0% respectivement. L'analyse. Dans son « Flash STRATEGY – Preview Conseil BAM T2 2022 » BMCE Capital Global Research (BKGR) a dressé tous les éléments économiques et financiers sur lesquels le prochain conseil de Bank Al-Maghrib devra baser ses décisions de la politique monétaire. Sur le plan de la croissance en 2022, BKGR rappelle que le rebond économique observé en 2021 au Maroc est dû, en partie, à la politique monétaire accommodante mise en place par la Banque Centrale via notamment le maintien du taux directeur au niveau de 1,5% après sa double baisse opérée en 2020 juste avant le début de la pandémie et le soutien du marché monétaire à travers la satisfaction de 100% de la demande hebdomadaire des Banques principalement sous forme d'avances à 7 jours. Cet élan 2021 se retrouve malencontreusement freiné en 2022 par la survenance d'une rude sécheresse ayant affecté la production agricole et par les effets induits à l'international par la déclaration des hostilités de guerre entre la Russie et l'Ukraine. Situation qui a amené la Banque Centrale à revoir à la baisse ses prévisions de croissance de l'économie nationale à +0,7% contre +2,9% initialement. De son côté, le Gouvernement avait révisé ses anticipations de croissance à +1,7% contre +3,2% projeté dans la loi de finances 2022. Idem pour les institutions internationales dont les prévisions s'établissent désormais entre +1,1% pour le FMI et +1,3% pour la Banque Mondiale (vs. +1,8% pour le Bureau de Recherche de BKGR). Ce ralentissement semble déjà se déceler au T1 2022 où le HCP estime la croissance économique à +1,8% (contre +7,9% au T4 2021) sous le poids du repli de -12,1% des activités agricoles non compensé par la hausse de +3,3% de la valeur ajoutée non agricole. Cette tendance devrait se confirmer au T2 puisque le PIB est attendu en hausse timide de +1,8%. Ceci étant et au regard des dernières estimations du Ministère de l'Agriculture tablant sur une production céréalière pour la saison 2021/2022 de 32 MQx à fin mai (contre 25 MQx pris comme base de révision par la Banque Centrale), une légère revue à la hausse du taux de croissance économique pourrait en résulter à l'issue du prochain conseil de politique monétaire. Par ailleurs, le conseil de BAM se tient dans un contexte marqué par un allégement du déficit budgétaire. En effet, BKGR souligne que les craintes initiales de détérioration du déficit budgétaire semblent se dissiper pour le moment (-6,3% du PIB vs. -5,9% prévu par la LF 2022) puisque les finances publiques affichent une résilience à toute épreuve avec un déficit en allègement à fin avril à -11,5 Mds de DH (contre -21,7 Mds de DH à la même période une année auparavant), résultant essentiellement de l'amélioration des recettes ordinaires, même si les dépenses de compensation continuent de progresser pour atteindre 12,4 Mds de DH (+73%). Pur ce qui est des conditions de financement en 2022, BKGR soutient que « Profitant vraisemblablement de la diminution du taux débiteur moyen (des entreprises et des ménages) à 4,28% au T1 2022 contre 4,44% au T4 2021, les mécanismes de transmission continuent, a priori, d'être efficaces permettant à l'encours global du crédit bancaire d'enregistrer une hausse de +3,2% à 980,7 Mds de DH à fin avril 2022. Sur un autre registre, on note une hausse des taux primaires. Ainsi, l'Argentier du Royaume a vu ses conditions de financement globalement se renchérir. En effet, après avoir enregistré des baisses des taux obligataires allant de -30 pbs à -88 pbs depuis la première baisse du taux directeur en 2020, les taux primaires ressortent en hausse moyenne aux alentours de +10 et +20 pbs. Au volet des prix, la reprise de l'activité économique et l'accommodation des conditions monétaires n'ont pas pu freiner l'inflation importée qui reste à des niveaux record depuis le début de l'année, se situant +5,9% en glissement annuel à fin avril. Pour le moment, il est clair que cette hausse des prix n'est aucunement d'origine monétaire, insiste BKGR. Si dans une note récente, FITCH Solutions estime que la Banque Centrale devrait procéder à deux hausses de taux de 25 pbs chacune au second semestre de cette année en raison de l'inflation galopante et la baisse de la croissance cette année, BKGR privilégie le maintien en juin par Bank Al-Maghrib des conditions de sa politique monétaire avec un taux directeur et une réserve obligatoire à 1,5% et 0% respectivement.