Elles ont permis de baisser la consommation de 591 GWH. 260 MDH reversés aux ménages économes au titre de bonus. La capacité électrique installée portée à 6 400 MW contre 5 300 en 2008. Quel bilan peut-on faire du Plan national d'actions prioritaires (PNAP), trois ans après son lancement dans le cadre de la stratégie énergétique nationale ? Ce plan de court terme (la stratégie globale comportant également des actions sur le moyen et le long terme) devait, pour rappel, répondre à une urgence : assurer l'équilibre entre l'offre et la demande électrique. En 2009, du fait d'une croissance soutenue de la demande, l'offre peinait en effet à suivre, obligeant l'opérateur électrique national, l'ONE, à recourir de façon intense à l'importation de l'électricité, et même parfois à des délestages ciblés. Le défi était donc de satisfaire cette demande croissante (une moyenne de 7% par an depuis 2002) et cela devait passer, d'une part, par le renforcement de la capacité de production électrique, et, d'autre part, par la promotion de l'efficacité énergétique. Qu'est-ce qui a été fait ? Au niveau de l'offre, ce sont environ 1 100 MW de capacité supplémentaire qui ont été installés entre 2009 et mai 2011, portant ainsi la capacité totale installée du Maroc à 6 405 MW, soit environ 20% de plus, selon un bilan d'étape réalisé par le ministère de l'énergie et des mines (MEM). Précisons tout de même que l'essentiel des projets relatifs à cette capacité additionnelle, comme par exemple la centrale thermosolaire de Ain-Beni Methar (472 MW), avaient démarré bien avant 2009. En fait, c'est leur mise en service qui est intervenue entre 2009 et aujourd'hui. Cette capacité additionnelle, dont une partie est constituée d'énergie renouvelable, a nécessité un investissement de 12 milliards de DH, indique le MEM. Ce faisant, le parc électrique actuel du Maroc exploite pour un quart des énergies renouvelables, soit près de 1600 MW. 12 milliards de DH pour une?capacité additionnelle de 1 100 MW en deux ans A cette précision près que ces 1600 MW sont pour un peu plus de 80% de l'hydraulique ; les éoliennes de Koudia Blanco (à Tétouan), de Tanger et d'Essaouira constituant les 20% restants. Le renforcement de la capacité de production électrique n'a cependant pas porté que sur la construction de nouvelles unités. Il a consisté aussi en la réhabilitation de certaines installations pour les rendre plus performantes, comme les centrales à charbon de Mohammédia et Jerrada, à titre d'illustration. Entre 2009 et aujourd'hui, les travaux de réhabilitation ont mobilisé un budget de 2,5 milliards de DH. Par ailleurs, des travaux de renforcement, cette fois du réseau électrique (transport et distribution), ont été réalisés, pour un investissement cumulé de 1,8 milliard de DH entre 2008 et 2010. Ils ont porté, entre autres, sur le renforcement du réseau très haute tension et la réduction des pertes techniques du réseau de transport. S'agissant maintenant des actions sur la demande, elles ont consisté en la mise en place de mesures de rationalisation de la consommation de l'énergie, appelées aussi «gestion de la demande» (demand side managment pour les anglophones). Six mesures principales ont été mises en œuvre dans ce sens. Il y a d'abord l'installation de lampes basse consommation (LBC) : près de 5 millions de LBC ont été installées à ce jour, et 10 millions autres sont en cours de distribution, selon la direction de l'électricité du MEM. Celui-ci précise que les LBC installées ont généré une économie d'énergie de 591 GWH, soit 2,3% de la demande électrique totale en 2010. Plus important, ces LBC ont permis de soulager le réseau aux heures de pointe de 172 MW. Notons tout de même que le rythme de diffusion de ce type de lampes, en dépit de ses avantages avérés et des facilités accordées par l'ONE pour leur achat et leur installation (1 DH prélevé sur la facture), ne semble pas particulièrement élevé. Cela fait quelque temps déjà, en effet, que ce chiffre de 5 millions de LBC est avancé… Attention, cependant, ces 5 millions concernent le programme d'installation de LBC par l'ONE uniquement ; autrement dit, l'acquisition des LBC par les particuliers, de façon libre, n'est pas prise en compte dans ce calcul. Une économie de 1 470 GWH grâce au bonus «-20/-20» L'autre mesure d'incitation à une consommation mesurée de l'électricité concerne la tarification sociale dite «-20/-20» (bonus de 20% sur l'économie en cas de baisse de la consommation de 20%). Selon le bilan dressé par le MEM pour cette mesure, sa mise en œuvre s'est traduite par une économie de 1 474 GWH, soit 5,5% de la consommation de 2010. Pour les ménages qui ont fait l'effort de rationaliser leur consommation, les bonus qui leur ont été reversés (sous forme de déduction de leur facture d'électricité), au titre de cette mesure, s'élèvent à 260 millions de DH. Les industriels alimentés par le réseau très haute tension (THT) et haute tension (HT) ont, eux aussi, bénéficié, au titre de la gestion de la demande, d'un tarif optionnel les incitant à s'effacer pendant les appels de pointe, en décalant leur production vers les autres plages horaires de la journée. Cette mesure, précise le MEM, a permis un effacement à la pointe de 76 MW. A cela, il faut ajouter le passage horaire à GMT+1 pendant l'été, adopté depuis le 1er juin 2008. Ce système a généré une économie de 80 MW sous forme d'effacement à la pointe. Concernant, enfin, le programme d'efficacité énergétique dans l'habitat (isolation thermique, double vitrage…), dans l'industrie (audits énergétiques, stockage du froid, variateurs de vitesse et de fréquence…) et le transport (rajeunissement du parc auto, promotion du transport collectif…), il n' y a pas encore de bilan, les actions dans ce domaine nécessitant évidemment du temps. Les pouvoirs publics escomptent néanmoins une économie dans ces domaines estimée à 12% en 2020.