Dès son indépendance, le Maroc avait choisi la voie du libéralisme. Dans un contexte de guerre froide entre les deux blocs, l'Occidental et le Soviétique, l'on parlait encore, sans complexe, de capitalisme. Système économique dont la charge en injustice sociale a été, plus tard, mise à la lumière du jour. Suivez La Vie éco sur Telegram Le mot «capitalisme» a été banni des textes de communication, remplacé par celui de «libéralisme», plus soft. Il s'agissait avant, pour la politique et l'économie, de s'aligner sur un des deux blocs, celui de l'économie de marché ou celui de l'économie socialiste. Nous connaissons maintenant ce qu'il en est advenu des deux blocs. La chute du mur de Berlin, en 1989, a matérialisé la victoire d'un bloc sur l'autre et mis un terme définitif à cette «dichotomie» mondiale. À droite ou à gauche, quelle route prendre ? Cependant, le débat des idées persistait. Il fallait pour chacun des deux camps d'inventer une autre terminologie adaptée à la nouvelle configuration du monde. Contrairement à la thèse de Francis Fukuyama, ce ne fut pas la fin de l'histoire. Celle-ci, il faudrait en convenir enfin, ne finit jamais, par définition. En transposant cette histoire au Maroc, nous pourrions nous poser la question de l'évolution de la position marocaine. Il est certain que notre pays n'a jamais eu envie d'adopter une économie socialiste. Nous pourrions toutefois nous poser la question des variantes libérales que nous avons choisies et que nous voudrions choisir. Ce serait un débat sain et une tentative de sortir du flou dans lequel nous baignons encore. Car nous ne pouvons toujours pas mettre des mots sur les différentes «doctrines» de nos trop nombreux partis politiques. Avons-nous des partis politiques de droite ou de gauche, progressistes ou conservateurs, libéraux ou illibéraux... ? Possibilité de coexistence de démocraties sans libertés La nouvelle terminologie est, en effet, déjà là. L'on parle, depuis 2010, de démocraties libérales et même de démocraties illibérales. Cela pourrait constituer une direction pour la recherche que nous devrions faire. Les deux critères utilisés dans cette nouvelle appellation sont la démocratie et la liberté. La nouvelle «mode» du moment est celle de la possibilité de coexistence de démocraties sans libertés et de régimes plaçant les libertés au-dessus de la hiérarchie des valeurs sans pour autant être démocratiques. Nous avions longtemps considéré que la démocratie et le libéralisme formaient un tout cohérent. Chaque composante étant nécessaire pour protéger l'autre. La raison du triomphe de la démocratie libérale est qu'il n'en existait pas d'autres alternatives cohérentes. L'échec du communisme était déclaré, les théocraties islamistes ne trouvaient pas de soutiens ailleurs qu'en Proche-Orient et en Iran, et le système chinois de capitalisme d'Etat à visage communiste ne pouvait pas fonctionner ailleurs qu'en Chine et en Russie. Eh bien, que nenni ! Il existe désormais des systèmes politiques et économiques qui peuvent se passer de l'un ou de l'autre de ces deux critères. Des démocraties sans liberté ou des libertés sans démocratie peuvent désormais exister. En Hongrie, en Pologne, dans les Etats-Unis de Trump ou bientôt la France de Le Pen. Nous en apercevons même un échantillon avec la France de Macron. Les peuples montrent des signes d'acceptation d'autoritarisme quand c'est accompagné d'une amélioration de leurs conditions économiques. Espérons que le Maroc ne décide pas d'en prendre le chemin. Ce n'est pas tant une introspection psychanalytique, mais une obligation intellectuelle de connaître d'où nous venons pour pouvoir savoir où nous voulons aller. Même si nous savons d'emblée que la meilleure garantie pour la stabilité d'un pays est celle d'être démocratique et riche, avec la plus juste répartition possible de cette richesse. La Culture est la solution.