Pendant tout le 20e siècle, la politique s'est structurée autour de deux blocs, un bloc conservateur et libéral appelé la droite qui prône des valeurs d'ordre et l'encouragement de l'initiative privée et un bloc libertaire et plus social qui est pour une meilleure répartition des richesses. Puis la gauche a arrêté de remettre en cause le capitalisme en tant que système clonant les pauvres et s'est dirigée vers les questions des libertés. La social-démocratie a accepté les règles du marché en cherchant à les réguler et à offrir des protections aux plus précaires. Mais, elle portait des questions comme le droit des femmes, la liberté de création intellectuelle et artistique, la fin des verrous sur les mœurs. Lire aussi | Tenue à Budapest de la 1ère réunion ministérielle « V4 Maroc » du Groupe de Visegràd Cependant, face à la crise, elle a cédé face à la vague néo-libérale, les questions sociétales étant devenues des acquis majoritairement acceptés, elle a perdu le soutien des couches populaires et est donc devenue inaudible. C'est là l'explication de ses déconvenues électorales, partout dans les démocraties établies. Au Maroc, la gauche n'a ni les mêmes origines, ni la même histoire. Les mouvements dits de gauche n'étaient pas moins conservateurs que les autres sur le plan des mœurs. Des membres du Bureau politique de l'USFP se sont rangés du côté des Islamistes lors de la bataille sur le plan d'intégration des femmes. Lire aussi | Commission des investissements. 3 projets approuvés pour un montant global de 2,07 milliards de DH On situait à gauche tous ceux qui refusaient, à juste raison et avec courage l'absolutisme, et qui réclamaient une démocratisation. Avec l'alternance toutes ces barricades ont sauté. La gauche présumée a collé à l'Etat profond, en espérant donner un coup d'accélérateur à la construction démocratique. Objectif partiellement, très partiellement atteint. Mais, cette mouvance n'a pu imposer, ni une véritable avancée de la souveraineté populaire, ni une véritable justice sociale, ni l'ébauche même d'une justice territoriale, essence même du développement intégré porté par ces courants depuis des décennies. Si la gauche abandonne ses fondamentaux, n'a plus de boussole, son utilité sociale est nulle. D'autres formes, portées par l'aspiration égalitaire, s'imposeront.