En un trimestre les encours des crédits d'investissement et des facilités de caisse ont respectivement baissé de 0,83% et 4,5%. Le crédit à la consommation n'a progressé que de 1%. Effet du 20 Février, conjoncture économique et attentisme sont les principales causes. Incroyable ! L'activité bancaire au cours du premier trimestre de 2011 ressemble à un…électro-encéphalogramme plat ! C'est ce que montrent les chiffres du secteur arrêtés à fin mars et auxquels La Vie éco a pu avoir accès en exclusivité. Certes, on se doutait un peu d'un impact des profonds bouleversements politiques qui ont affecté, au cours de cette période même, la région du Maghreb et dont l'onde de choc s'est propagée un peu partout, y compris au Maroc. En pareille situation, c'est bien connu, les investisseurs et même les consommateurs, par précaution, ont tendance à mettre en veilleuse leurs projets. Mais le ralentissement traduit en chiffres est inquiétant. En effet, la principale activité des banques, celle de la distribution de crédits à la clientèle, n'a progressé que de 0,76% par rapport au 31 décembre 2010 ; la moyenne sur douze mois (de mars 2010 à mars 2011) se situant à 2,6%. Et ce fort ralentissement, pour ne pas parler de stagnation, concerne quasiment l'ensemble des segments du crédit. Pire, en trois mois, l'encours des crédits à l'équipement a enregistré une baisse de 0,83% par rapport à la situation arrêtée au 31 décembre 2010, alors qu'en année glissante l'encours de ces derniers s'est accru de 5,2%. Ce type de crédits, il faut le rappeler, est l'indicateur par excellence du dynamisme d'investissement du secteur privé. Un encours en baisse signifie tout simplement que la production du crédit au cours du trimestre écoulé n'a même pas atteint le montant des remboursements des crédits octroyés auparavant. Dans la même logique, les crédits aux promoteurs immobiliers, mais ce n'est pas une surprise, sont en stagnation par rapport au début de l'année (+0,57%) et même en baisse sur douze mois (-0,68%). Les crédits de trésorerie quant à eux accusent une sévère baisse de 4,5% sur le premier trimestre de l'année et ramène leur progression sur 12 mois à 6% seulement. Là aussi, et à l'instar des crédits à l'équipement, ceux de trésorerie sont le thermomètre de l'activité et de l'exploitation. La baisse de leur encours peut alors renseigner sur deux phénomènes possibles : soit que les banques sont plus regardantes sur les facilités qu'elles accordent à la clientèles des entreprises, soit que ces dernières, faute de commandes et d'activité, font moins appel aux facilités. Enfin, et comme si cela ne suffisait pas, autre signe d'inquiétude, celui des dépenses des ménages. Les crédits à la consommation n'ont connu qu'un léger frémissement sur les trois premiers mois de cette année (+ 1,03%), ramenant leur progression sur une année glissante à 2,84% seulement. Seuls les crédits immobiliers aux particuliers semblent mieux résister à la morosité ambiante. Et encore, leur encours a progressé de 2,44% entre le 1er janvier et le 31 mars et de 6,13% sur douze mois. On est loin des taux de croissance à deux chiffes d'il y a trois ans… Les banquiers reconnaissent que le premier trimestre a été difficile Plus globalement, les crédits à l'économie, avec un encours de 614,9 milliards de DH, ont progressé de 0,6% depuis le 1er janvier et de 2,08% depuis fin mars 2010 (sur douze mois). Ces crédits comprennent les créances sur la clientèle évoquée plus haut ainsi que les créances sur les sociétés de financement. L'encours des créances sur les sociétés de financement a, lui aussi, accusé une baisse de 1,45% à 49 milliards de DH. Sur douze mois, cette baisse s'est encore accentué : – 3,4%. Ces statistiques, que chacun a le loisir d'interpréter, suivant le dénominateur auquel elles sont rapportées, confirment malgré tout ce qui était jusque-là de l'ordre du «ressenti». De nombreux banquiers interrogés sur le sujet ont cette réponse, marquée par la modération qui les caractérise et que l'on peut résumer ainsi : «Le premier trimestre a été plutôt calme». Les opérateurs, eux, n'ont pas besoin de faire usage d'euphémisme pour dire ce qu'ils pensent de l'activité économique, du moins dans les secteurs où ils opèrent. Mamoun Marrakchi, DG de Offset Polyplast, de par sa fonction et son métier (la fabrication d'emballage plastique et semi plastique pour l'agroalimentaire), est au bon endroit pour observer le comportement de ce secteur. «Jusqu'au 20 février, l'activité évoluait normalement. Mais à partir de cette date, c'est le ralentissement». Et lorsque M. Marrakchi interroge ses clients sur le pourquoi du ralentissement, il obtient cette réponse : «Les distributeurs préfèrent déstocker plutôt qu'acheter». Et si les distributeurs ont préféré déstocker, c'est parce que les consommateurs commençaient eux aussi à réduire leurs achats. «L'élément confiance, si précieux dans les milieux économiques, semblait quelque peu absent», commente M. Marrakchi. Mais, rassure-t-il, «depuis deux semaines, les signes de reprise sont manifestes. Les gens ont repris confiance». Autrement dit, la morosité, sur le strict plan économique, a touché aussi bien la production que la consommation. Cela explique, au moins en partie, le tassement des crédits à la consommation et peut-être la baisse des crédits de trésorerie. Quant aux crédits à la promotion immobilière, elle est en berne depuis 2009, fortement impactée par la crise économique internationale. La progression trimestrielle moyenne du crédit divisée par quatre Un petit calcul permet de constater que sur ces quatre dernières années (2007-2010), les crédits à la clientèle, bien qu'ayant amorcé une décrue depuis 2009, ont progressé en moyenne de 16,52 milliards par trimestre (voir graphe). Au cours du premier trimestre 2011, ils n'ont augmenté que de 4,3 milliards. La moyenne trimestrielle de progression est ainsi divisée par quatre ! Pour rappel, ces crédits avaient crû de 30% en 2007 et, en cours de cette même année, les crédits aux promoteurs immobiliers avaient augmenté de… 200% par rapport à l'année précédente. Et en 2008, ils enregistraient encore une hausse de 124,5% ! Les crédits à la consommation caracolaient également dans les hauteurs puisque leur évolution atteignait les 28% à cette même date.