Le PIB agricole a baissé de 7,1% et le secteur du BTP n'a progressé que de 2,1% contre une moyenne de 7,1% entre 2006 et 2009. Le taux de croissance durant le premier trimestre a été plus soutenu que celui du 2e et du 3e trimestre. En dépit d'une reprise des activités non agricoles, 2010 est l'année où la croissance économique a été la moins vigoureuse depuis 2007. Selon le Haut commissariat au plan (HCP) qui vient de publier son budget économique prévisionnel pour 2011 et dans lequel il donne une nouvelle estimation sur la progression du PIB en 2010, celui-ci n'aurait crû que de 3,3 %, au lieu des 4 % prévus. L'emploi du conditionnel s'impose certes, puisque les comptes nationaux définitifs pour l'année 2010 ne seront publiés que vers le mois d'avril prochain, mais il est plus que probable que l'on sera aux alentours du taux estimé et non pas à 4 %. Le creux dans les chantiers d'habitat social a lourdement pénalisé l'économie Cette inflexion de la hausse du PIB global intervient alors même que les activités non agricoles ont réalisé une valeur ajoutée en hausse de 5,2 % contre 0,8 % en 2009. A contrario, la valeur ajoutée du secteur primaire, elle, a baissé de 7,1 %, en liaison avec l'exceptionnelle performance du secteur en 2009 (+ 29 %), en particulier le rendement des cultures céréalières qui a atteint 102 millions de quintaux. Mais dans ce ralentissement de la croissance en 2010, observée d'ailleurs au fil des trimestres (3,6 % au premier et 3 % respectivement au deuxième et troisième, respectivement rapportées aux périodes comparables), il n' y a pas que le repli du secteur primaire. Le HCP signale aussi une baisse de rythme dans le BTP, en particulier le volet habitat qui a pâti de la baisse de la production du logement social (- 37 %), de sorte que l'ensemble du secteur n'a progressé que de 2,1 % contre une moyenne de 7,1 % sur la période 2006-2009. La modération des crédits immobiliers, avec une croissance de 8,7 % au lieu de pratiquement 34 % en moyenne annuelle sur la période 2006-2009, témoigne en tout cas de l'atonie de l'activité de l'habitat ; les travaux publics restant, eux, sur une tendance dynamique, nourrie par les nombreux chantiers d'infrastructures en cours de réalisation. Les industries de transformation, pour leur part, ont évolué à un rythme modeste : 1,9 %. Il faut dire que c'est particulièrement là que les effets de la crise internationale, européenne pour le coup, ont été le plus ressentis. Malgré la modération de la demande européenne, ce sont surtout le textile et l'agroalimentaire qui ont été les plus touchés ; les phosphaptes et certains autres produits finis d'équipement ainsi que les demi-produits ont plutôt bénéficié d'une meilleure conjoncture. Plus globalement, la valeur ajoutée du secteur secondaire a progressé de 6,6 % contre une baisse de 4,7 % un an auparavant. En liaison avec la baisse du secteur primaire et la morosité de certaines activités du secteur secondaire, le commerce a certes progressé mais à un rythme inférieur de moitié à sa tendance de moyen terme : 1,9 % contre 3,8 % sur la période 2006-2009. Mais avec le bon comportement des activités financières, de télécommunications, du tourisme et du transport, le secteur des services a réalisé une croissance de 4,4 % contre 4 % en 2009. Les exportations ont rapporté 1,9 point de croissance, mieux que la consommation intérieure Fait marquant, malgré une hausse du PIB non agricole de 5 %, la décomposition du PIB global montre que la demande extérieure a contribué plus que la demande intérieure à la croissance économique : 1,9 point et 1,4 point respectivement de contribution à la hausse du PIB. Cela apparaît dans les exportations de biens et services qui ont crû de 14,4 % en volume, soit 2,5 fois plus que la croissance des importations (5,7 % toujours en termes réels). Il ne faut pas en déduire, pour autant, que les autres éléments de la demande intérieure ont été tous négatifs, bien au contraire : la consommation des ménages et la formation brute du capital fixe (investissement) ont continué de contribuer à la croissance du PIB quasiment aux mêmes niveaux que précédemment, soit 2,5 points et 1,1 point respectivement. C'est cette croissance tendancielle de la consommation des ménages et plus globalement de la consommation finale (ménages + administrations publiques) qui grignote sur l'épargne intérieure : celle-ci a baissé d'un demi-point en pourcentage du PIB pour se situer à 24,6 % du PIB au lieu de 25,1 % en 2009.