Selon l'ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères, les deux voisins, même s'ils maintiennent des rapports historiques mais complexes, ne se connaissent pas encore assez. La reprise de leurs relations sur de bonnes bases et la perspective de l'organisation commune du Mondial 2030 pourraient les rapprocher davantage. Suivez La Vie éco sur Telegram « Je suis optimiste ». Ana Palacio, la première femme à avoir été nommée ministre des Affaires étrangères en Espagne, parle à la fois de la question du Sahara et de l'évolution des relations entre son pays et le Maroc. Sur la question du Sahara, du point de vue de règlement des différends au sein de l'ONU, c'est une affaire qui devrait être réglée entre le Maroc et le Front Polisario, les pays du monde doivent par conséquent accompagner aujourd'hui les parties pour arriver à une solution, estime l'ancienne cheffe de la diplomatie espagnole. Or, aujourd'hui, laisse-t-elle entendre, il n'y a qu'à voir le nombre de consulats qui ont été ouverts à Laâyoune et Dakhla pour se rendre compte de la tournure que prennent les choses. Toujours est-il, même si pour elle le Sahara n'a jamais été un sujet central dans leurs relations, la révision de la position espagnole sur la question a été le prélude à un nouveau départ dans les relations entre les deux pays. Certes, mais, relève-t-elle, ces relations sont, et ont d'ailleurs toujours été, bien plus complexes. En tout cas, pour l'Espagne, sa relation avec le Maroc est la plus complexe des relations que le pays entretient avec l'étranger. C'est aussi une relation extrêmement riche et ancienne. Ce sont des liens de différentes natures. Et quand il y a beaucoup de liens dans une relation, il y a forcément des nœuds. Ce que nous devons faire tous les deux, relève Ana Palacio, c'est défaire ces nœuds avant que la situation ne se complique. Aujourd'hui, les choses se sont clairement améliorées, la visite du ministre des Affaires étrangère, son premier déplacement à l'étranger après sa reconduction au poste, en atteste largement. Cependant, il y a encore une certaine méconnaissance, chacun de l'autre. Le Mondial 2030, que les deux pays organiseront ensemble, devrait sans doute aider à dépasser cette situation. Les relations entre les deux pays vont bien plus au-delà du cadre bilatéral. En effet, le Maroc et l'Espagne, au moment où l'attention occidentale est tournée vers la partie orientale de l'Europe, doivent essayer d'attirer l'attention sur le cadre méditerranéen et sur le fait qu'ils représentent la jonction entre deux mondes, la Méditerranée et l'Atlantique. Le Maroc, à son tour, estime l'ancienne responsable espagnole, devrait continuer à rappeler au monde occidental que la paix et la stabilité dans les régions subsahariennes sont aussi importantes pour l'Europe, dont l'Espagne et le point d'entrée. C'est une mission que les deux pays doivent mener conjointement.