«Le problème demeure avec l'Espagne, tant que les raisons de son déclenchement n'ont pas été résolues», a affirmé la diplomatie marocaine en mai. [Pedro] Sánchez s'affaire à dire «que nous sommes la quatrième économie de l'UE, alors que notre capacité à persuader à l'étranger s'apparente à celle d'une république bananière» écrit Jorge Mestre, professeur de relations internationales à l'Université européenne de Valence, dans un article virulent. «Sur la question du Sahara, tous les grands pays européens -Allemagne, Royaume-Uni, France et Italie- se sont positionnés et ont apporté leur soutien au Maroc, laissant le gouvernement Sánchez dans un no man's land, entre l'inaction et les affres d'une crise profonde», souligne M. Mestre, qui énumère les innombrables méprises du chef de l'exécutif espagnol. «Erreurs de gestion (implication de l'Institut Cervantès dans l'attribution d'un prix à la séparatiste radicale Sultana Khaya, qui appelle la lutte contre le Maroc arborant une mitraillette), graves échecs diplomatiques (ne pas visiter le Maroc au début de son mandat ou autoriser le déplacement de Brahim Ghali essayant de tromper le monde entier) et une méconnaissance totale de la région ont mis les relations avec le Maroc au pire moment depuis le début de notre démocratie», mentionne-t-il. Le ministre des Affaires étrangères Albares, plus connaisseur que la «calamité» González Laya, «continue de mentir et nie certains problèmes qu'il entend résoudre avec les mêmes recettes de l'époque de la guerre froide, sans oublier la soumission à l'Algérie, aux communistes de Podemos et au Front Polisario», tempête M. Mestre. Pour lui, «le Maroc d'aujourd'hui n'est pas celui d'hier, et le rôle des puissances occidentales dans la région est différent d'un pays à l'autre». Il affirme que «la récente crise du gaz, étonnamment tolérée par Sánchez, devrait ouvrir les yeux de l'exécutif et avertir que nous ne sommes pas avec l'Algérie ce que Cuba était avec l'URSS, qui a reçu du pétrole gratuitement. Le Premier ministre ferait bien de ne pas trop écouter les radicaux de son cabinet et de s'asseoir avec ceux qui savent vraiment tisser des liens avec le Maroc, comme le ministre de l'Agriculture, Luis Planas. Mais il existe d'autres acteurs pertinents qui pourraient aider à réorienter les relations entre les deux pays.» L'auteur de l'article évoque plusieurs parties pouvant contribuer au réchauffement des relations avec le Maroc. : «La Maison royale, l'actuel ambassadeur d'Espagne à Rabat, Ricardo Díez-Hochleitner. Fernando Villalonga, un autre diplomate respecté au Maroc, l'ancienne ministre des Affaires étrangères du temps d'Aznar, Ana Palacio ou encore l'ancien ministre de la Défense et ancien président du Congrès des députés, José Bono, très critique à l'égard de la gestion des Affaires étrangères pendant la crise actuelle.» «Si M. Sánchez veut vraiment surmonter une crise avec le Maroc qui remonte à 2018, il doit mettre tous les efforts dans la résolution diplomatique de celle-ci et cesser les expérimentations dépassées en politique étrangère qui ne font qu'aggraver la situation. Pedro Sánchez ne doit pas continuer à faire des concessions inacceptables à ceux qui lui chuchotent à l'oreille, traitant les relations extérieures du prisme de la politique intérieure. Les bévues des radicaux à l'intérieur ne sont pas équivalentes aux bévues à l'extérieur. Les premières aliènent le soutien citoyen, les secondes aliènent le soutien de vos alliés qui vous laissent tranquille», a-t-il conclu.