La facture du pétrole brut et de ses produits dérivés a augmenté respectivement de 68 % et 24,5 %. Les importations d'électricité favorisées par rapport à la production locale pour des raisons d'arbitrage économique. La consommation en hausse, en liaison avec la reprise des activités non agricoles. Après une relative accalmie en 2009, où elle avait baissé de 25,5% par rapport à 2008, la facture énergétique du Maroc reprend une courbe ascendante, dont rien n'indique qu'elle fléchira bientôt. Sur les neuf premiers mois de 2010, en effet, elle a augmenté de 34,8% à 52,4 milliards de DH, contre 38,84 milliards de DH à la même période de 2009, selon les données de l'Office des changes reprises par le ministère de l'énergie et des mines. Un tel montant représente presque le quart (23,8%) des importations totales du pays à fin septembre 2010. L'examen de la structure des importations montre qu'à l'exception du charbon, tous les autres produits ont connu des hausses. Le pétrole brut a ainsi augmenté de 67,8% à 18,52 milliards de DH. Cette envolée de la facture pétrolière s'explique certes par une augmentation du volume importé de 19,3% (640,5 kilotonnes en plus) mais surtout par une hausse du prix de la tonne importée de 40,6% à 4 689 DH. C'est que le prix du baril a augmenté de plus de 20% à 81,45 dollars (lundi 22 novembre 2010), depuis son plus bas niveau de mai dernier. Fluctuant entre 70 et 85 dollars depuis janvier dernier, le prix moyen se situe autour de 78 dollars le baril, contre 75 dollars retenus dans la Loi de finances 2010. Soit dit en passant, le gouvernement a retenu le même niveau de prix dans le projet de Loi de finances pour 2011, alors que les prévisions d'un certain nombre d'institutions comme la Banque centrale européenne ou BNP Paribas, par exemple, tablent pour 2011 sur un prix du baril supérieur à 84 dollars. La France, elle, a bâti sa Loi de finances sur une hypothèse de 80 dollars le baril. Produits pétroliers : plus de 50% de la facture énergétique En valeur absolue, cependant, ce sont les produits pétroliers (gasoil, butane, propane, fioul….) qui constituent le gros de la facture énergétique : plus de 50%. D'un montant de 26,6 milliards de DH, leur facture a augmenté de 24,5% par rapport aux neuf premiers mois de 2009, alors qu'en volume importé, ils ont au contraire baissé de 2,6%. Le gasoil et le fioul représentent plus de 54% de ce montant : 14,4 milliards de DH, soit une hausse de 17,8% pour un volume en baisse de 5,3%. Cette baisse du volume importé s'expliquant non pas par un recul des ventes, au contraire (+4%), mais par la hausse de la production de la Samir en gasoil (+67,3%), laquelle hausse découle en fait de l'effet de base puisqu'en 2009 la production…de ce produit avait baissé de 24% par rapport à 2008. Le charbon, lui, a baissé à la fois en volume importé (- 8%) et en valeur (- 23% à 3,03 milliards de DH). Cela est à mettre sans doute sur le compte de l'envolée du cours international de ce produit, que la Chine consomme en grande quantité pour sa production d'électricité (à hauteur de 80%) ; mais aussi, paradoxalement (parce qu'ils ont du pétrole), les Etats-Unis : 55 % de la production d'électricité dans ce pays est réalisé à partir du charbon. A ce facteur exogène, il faut ajouter la bonne pluviométrie qui a permis au Maroc d'augmenter la part de l'hydroélectricité (17,1 % contre 15,7% un an auparavant) dans la production de l'énergie électrique, et, conséquemment, de réduire celle provenant du charbon. D'après les données du ministère de l'énergie et des mines, la consommation du combustible charbon pour la production d'électricité a baissé de 4,6% à 385 566 tonnes. Les ventes de produits pétroliers en hausse de 4,4% Mais, on s'en doute bien, même si l'hydroélectricité a légèrement augmenté, elle ne pouvait évidemment pas compenser la baisse de l'électricité thermique. Le choix qui a été fait, en réalité, c'était surtout celui de favoriser l'importation de l'électricité par le moyen de l'interconnexion Maroc-Espagne ; le kWh importé sur le marché spot ibérique étant beaucoup moins cher que le kWh produit. C'est l'une des rares fois, soit dit en passant, que l'interconnexion est utilisée à des fins pour lesquelles elle a été initialement conçue : servir à des arbitrages économiques. Pour le reste, c'est souvent pour combler des manques dans la production, ou, ce qui revient au même, pour satisfaire une demande trop forte, que les recours à l'interconnexion sont décidés. C'est ainsi que la facture de l'électricité importée entre janvier et septembre 2010 s'est appréciée de 67,3% à 4,25 milliards de DH. Ce montant est supérieur de 14,14% par rapport à la facture de l'électricité importée pour l'ensemble de l'année 2009. Il faut dire aussi que sur ces neuf premiers mois de l'année, l'énergie électrique nette appelée a progressé de 6,8%, tandis que les ventes d'électricité ont, elles, augmenté de 9,1% ; ce qui est un rythme assez élevé, à lier sans doute à la reprise des activités hors agriculture, comme cela apparaît dans les comptes nationaux. Rappelons à cet égard que la valeur ajoutée des activités non agricoles a augmenté de 6,1% et de 4,9% respectivement au premier et au deuxième trimestre de cette année. Et pour le troisième trimestre, elle serait de 4,8% selon les estimations du Haut commissariat au plan (HCP). On peut dire à peu près autant de la consommation des produits pétroliers : une forte hausse du jet (+ 14,3%) en liaison avec la reprise du tourisme et une évolution tendancielle pour les autres produits : + 4% pour le butane, + 4% pour le gasoil, + 8,2% pour l'essence super…Globalement, les ventes des produits pétroliers ont augmenté de 4,4%, légèrement freinées par une baisse des ventes de lubrifiants (-1,2%) et une petite hausse du fioul (+1,1%) et du propane (+ 2,2%). Mais si, s'agissant du pétrole brut et des produits pétroliers, il n'y a pas d'alternative à l'importation, pour l'électricité, en revanche, l'exploitation des énergies renouvelables pourrait soulager grandement la facture énergétique du pays. C'est l'objectif recherché à travers le grand chantier du solaire…