+25% pour le gasoil 350 ; +21% pour le sans-plomb et 7,5% pour le gasoil ordinaire. Le prix du Brent se négocie autour de 70 dollars alors que la Loi de finances table sur 65 dollars. Le Maroc évoluant à tous les niveaux, sa consommation d'énergie augmente d'une année à l'autre, en même temps qu'augmente sa dépendance énergétique. Le bilan énergétique pour 2006, avec une consommation de plus de 12 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP), montre en effet que le taux de dépendance a atteint près de 98%, contre 96,3% en 2005 et 95,4% en 2004. Avec la hausse de la demande d'électricité (8% par an) et le recours accru aux importations, via l'interconnexion, pour la satisfaire, le taux de dépendance peut s'aggraver encore. Mais c'est le pétrole qui pèse le plus dans la balance puisque sa part dans la consommation globale du pays représente près de 62%. Et cela apparaà®t dans la facture énergétique globale qui enfle à mesure que les prix du pétrole augmentent : 23,4 milliards de dirhams en 2004, 33,2 milliards en 2005 et 44 milliards en 2006. Quelle sera la situation en 2007 ? Alors que les chiffres du premier trimestre laissent apparaà®tre une hausse de la consommation, depuis environ deux semaines, le baril de brut sur le marché londonien tourne autour de 70 dollars. Après un pic de 71,80 dollars en fin de semaine dernière, soit le plus haut niveau depuis neuf mois, le prix a reculé légèrement pour se situer à 70,35 dollars le lundi 28 mai. Cette légère baisse, imputée notamment à la suspension d'un mouvement de grève dans le secteur pétrolier au Nigéria (huitième exportateur mondial de pétrole), suite à un accord sur la revalorisation des salaires, n'entame cependant pas le scepticisme des analystes internationaux. Ceux-ci expliquent que les facteurs de hausse demeurent plus importants que ceux pouvant inciter à la baisse. La persistance des tensions géopolitiques (nucléaire iranien, conflits au Moyen et Proche-Orient, notamment), la forte croissance chinoise, l'attitude de l'Opep peu encline à augmenter ses quotas de production, et la baisse des stocks d'essence aux Etats-Unis, qui plus est à la veille de la saison des grandes vacances (donc des déplacements), constituent les principaux facteurs à même de faire repartir les prix à la hausse, estiment des experts des marchés pétroliers. Ceux-ci prédisent même que les cours du brut pourraient dépasser 80 dollars cet été, considérant que rien ou presque n'a changé par rapport à la situation de l'été 2006 au cours duquel le Brent avait atteint 78,65 dollars le baril et le brut léger américain 78,40 dollars. «Nous ne voyons pas de raisons particulières pour que les cours n'atteignent pas un record absolu », juge un expert de Barclays Capital, précisant que le marché physique du brut, oà1 le pétrole est vendu pour une livraison immédiate (à distinguer des ventes sur papier, pour des livraisons à terme), «approche ou a déjà atteint des niveaux records». Cette analyse suggère que la ruée vers l'or noir ne s'explique pas seulement par le souci d'assurer les approvisionnements à travers la constitution de stocks de sécurité, mais aussi par une hausse de la consommation par rapport à une offre qui ne suivrait pas. Ceci pourrait d'ailleurs être lié à la décision de l'Opep prise au début de l'année de réduire sa production de 1,7 million de barils par jour, après la décrue des prix amorcée depuis octobre 2006. «Le monde a besoin de plus de brut que ce que l'Opep semble prête à fournir et il sera difficile d'éviter une nouvelle poussée des cours du pétrole cet été», note dans son rapport mensuel de mai le Center for Energy Studies. Le Maroc consomme 0,4 TEP par habitant et par an contre 0,9 TEP pour la Tunisie La hausse de la consommation, liée à la forte croissance que connaissent non seulement les pays d'Asie, mais aussi quasiment tous les pays émergents, on l'observe aussi au Maroc en dépit du fait que le Royaume demeure encore relativement peu consommateur de produits énergétiques : 0,4 tonne équivalent pétrole (TEP) par habitant et par an, contre 0,9 TEP en Tunisie et 2,60TEP pour Malte. Mais, même encore modeste, la consommation du Maroc augmente à mesure que le pays s'équipe et se modernise. Pour prendre seulement les derniers chiffres, et en dépit du niveau encore élevé des prix du pétrole, on relève des progressions qui atteignent plus de 25% sur un produit comme le gasoil 350 (voir tableau). Ainsi, au cours du premier trimestre de 2007, les ventes des sociétés pétrolières, par rapport à la même période de 2006, ont augmenté de 20,81% pour l'essence super sans plomb, 7,55% pour le gasoil ordinaire et 22,16% pour les carburéacteurs. Les baisses des volumes vendus pour les autres catégories (fioul, gasoil spécifique), contrairement à ce qu'on pourrait penser, seraient liées à des raisons conjoncturelles. Ainsi, si les ventes de gasoil de pêche, par exemple, ont baissé de près de 4%, c'est parce que, explique-t-on, elles coà ̄ncident avec la période du repos biologique. 9,6 milliards de DH de charges de compensation des produits pétroliers en 2006 C'est d'ailleurs en observant que les comportements des consommateurs n'ont pas été affectés par la hausse du prix du pétrole que les analystes estiment qu'il existe encore une marge de progression du cours du baril. «Les consommateurs ont ajusté leur budget et ils s'y sont habitués », analyse un expert chez Goldman Sachs. On le voit bien, le Maroc, lors de l'élaboration de la Loi de finances pour 2007, a lui aussi intégré cette donne en tablant sur un prix du pétrole de 65 dollars. Cela signifie que l'équilibre du budget est assuré pour peu que le prix ne fluctue pas trop par rapport à cette valeur. Sauf que dans le cas du Maroc, oà1 les hausses ne sont pas entièrement répercutées sur le consommateur, la situation est un peu différente. Même si l'indexation des prix intérieurs sur le marché international est une mesure qui existe sur papier, l'Etat, à travers la Caisse de compensation, continue de soutenir les produits pétroliers. Ce soutien est aujourd'hui de 85 centimes pour le litre de gasoil, 1,25 DH pour l'essence super, 400 DH pour la tonne de fioul et 20 centimes pour le gasoil 350 (sans compter le butane, produit hautement social, qui coûte chaque année à l'Etat quelque 4 milliards de dirhams). Cela explique qu'en 2006, par exemple, la charge de compensation des produits pétroliers s'élevait à 9,6 milliards de dirhams. Et c'est seulement le mois dernier (avril 2007) que l'Etat a liquidé l'ensemble de ses arriérés au titre de 2006. Et cela est vécu comme un progrès, puisque par le passé les arriérés traà®naient beaucoup plus longtemps (les arriérés de 2005, par exemple, n'ont été payés qu'en juillet 2006).Quid des arriérés de 2007 ? Ils seraient de l'ordre de 2milliards de dirhams. Si l'envolée des prix du pétrole se confirme, la note risque d'être salée…