Les 15 milliards DH supplémentaires, injectés dans la Caisse de compensation, est une mesure destinée à faire face à la flambée des prix des produits de base. Au total, la caisse de compensation sera créditée d'un montant de 32 milliards DH au titre de l'année 2011. Selon Nizar Baraka, cette enveloppe sera financée dans le cadre du budget de fonctionnement et pas au détriment des dépenses d'investissement. La hausse de la charge de la compensation ne devra pas se traduire par une aggravation du déficit budgétaire par rapport aux prévisions initiales de la loi de finances 2011, signale, de son côté, le ministère de l'Economie et des Finances. Le déficit budgétaire reste maintenu à 3,5 % du PIB, comme prévu dans la loi de Finances pour 2011. Le ministre délégué chargé des affaires économiques et générales, Nizar Baraka, a réaffirmé, mardi, que la décision du gouvernement d'augmenter l'enveloppe budgétaire de la caisse de compensation de 15 milliards DH supplémentaires, en plus des 17 milliards DH programmés au titre de l'exercice budgétaire 2011, vise à faire face à la hausse des prix de certains produits de base à l'échelon international et à préserver le pouvoir d'achat des citoyens. Dans un exposé devant la Commission des finances, de l'équipement, du plan et du développement régional à la Chambre des conseillers, M. Baraka a ajouté que l'enveloppe budgétaire supplémentaire sera financée dans le cadre du budget de fonctionnement et non par les dépenses d'investissement débloquées dans le cadre du budget général. Le financement sera assuré essentiellement à partir de l'amélioration prévue des ressources fiscales au cours de cette année, la rationalisation du mode de vie de l'administration, à travers la baisse des dépenses de fonctionnement et celles liées aux établissements publics. Préservation du pouvoir d'achat Au cours de 2008, l'enveloppe budgétaire destinée à la caisse de compensation a été élevée en raison de la hausse des prix des produits de base sur le marché mondial à l'époque, a-t-il dit, précisant que la dernière décision gouvernementale s'inscrit dans le même esprit et n'est régie par aucune autre considération. Le ministre a passé en revue, dans cette perspective, la hausse des prix au niveau du marché mondial, citant à cet effet celui du baril de pétrole qui a atteint 116 dollars au lieu de 71 dollars au cours de la même période de l'année dernière, celui du gaz de butane qui est passé de 750 dollars/tonne à 900 dollars, du sucre brut de 650 dollars/tonne à 720 dollars et du blé tendre de 156 dollars/tonne à 360 dollars. Dans le cadre des engagements pris par le gouvernement lors de l'examen au parlement de la loi de finance de l'année 2011, a-t-il rappelé, l'exécutif a jugé nécessaire de ne pas augmenter les prix des produits de base sur le marché interne et s'est engagé à augmenter de 15 milliards DH l'enveloppe budgétaire de la caisse de compensation, après que la loi de finance de 2011 lui ait consacré un montant de 17 milliards DH pour qu'elle atteigne un total de 32 milliards DH, avec pour objectif la préservation du pouvoir d'achat des citoyens. Plus de 109 milliards ont été mobilisés entre 2008 et 2011 dans le cadre de la caisse de compensation pour maintenir la stabilité des produits subventionnés et faire face aux hausses enregistrées sur les marchés mondiaux. Le ministre a également passé en revue les mesures prises par le gouvernement pour faire face à la hausse des prix, notamment la suppression des taxes douanières sur les importations du blé tendre et du blé dur. Il a rappelé que l'Etat soutient le gaz butane avec près de 42 DH la bouteille de 12 Kg, le gasoil avec 3,5 dh/L et le fioul, destiné à la production d'électricité, avec plus de 138 % du prix de vente. Pour ce qui est des réformes de la caisse de compensation, il a exposé différents scénarios posés pour traiter cette question, à travers notamment la rationalisation des dépenses et l'amélioration de la gouvernance de la Caisse, et en ciblant en particulier les personnes nécessiteuses. Le déficit budgétaire maintenu à 3,5% La hausse de la charge de la compensation ne devra pas se traduire par une aggravation du déficit budgétaire par rapport aux prévisions initiales de la loi de finances 2011, soit 3,5 % du PIB, indique la semaine dernière un communiqué du ministère de l'Economie et des Finances. Suite à la hausse des cours des produits de base sur les marchés internationaux, le gouvernement prévoit un impact additionnel estimé, sur la base d'un prix de pétrole à 120 dollars le baril, à 15 milliards DH, portant ainsi les crédits disponibles au titre de la compensation à 32 milliards. Selon le ministère de l'Economie et des Finances, le gouvernement compte, à l'instar de l'année budgétaire 2010, dégager des économies au niveau des dépenses liées au fonctionnement de l'administration, lesquelles économies seront redéployés au profit de la compensation. Au vu des résultats de 2010, les prévisions de recettes en 2011 recèlent un potentiel d'amélioration, notamment au niveau des impôts indirects. Un document du ministère des Finances note que les recettes réalisées en 2010 se sont avérées en amélioration par rapport aux prévisions ayant servi de base pour l'établissement des prévisions de 2011, ce qui est de nature à contribuer à l'absorption du surcoût liés à la compensation. Plus de 30 milliards DH en 2010 Les dépenses de compensation (soutien aux prix) ont atteint près de 23 milliards DH à fin octobre 2010, dépassant de 9 milliards DH le montant prévu dans la Loi de Finances pour toute l'année 2010. Au terme des dix premiers mois de 2010, les importations énergétiques ont augmenté de 36%, en glissement annuel, suite à la hausse des cours mondiaux. Elles se sont établies à 58,5 milliards DH, représentant 24% des importations totales de marchandises contre 20% en 2009. La facture pétrolière a augmenté de 58% à 20,6 milliards DH, suite au rebond de 15% du volume importé et de 38% du cours moyen de la tonne importée (à 4.711 DH). De même, les importations en gasoil et fuel ont rebondi de 22% pour s'établir à 15,9 milliards, en raison d'une hausse du cours moyen de 24%. Le renchérissement des importations des hydrocarbures est accentué par l'appréciation du dollar par rapport au dirham sur le premier semestre 2010.