6,5 à 7 millions de têtes seront mises sur le marché cette année. La cherté de l'orge pourrait pousser les prix du mouton à la hausse. De plus en plus, les éleveurs préfèrent vendre sans passer par les intermédiaires. C'est connu. Chaque année, à mesure que Aïd Al Adha s'approche, la question sur le prix du mouton devient un des sujets qui dominent l'actualité. Et comme d'habitude, les ménages ont bien peur que les prix ne s'envolent. Quand on leur pose la question, les professionnels ne sont pourtant pas aussi catégoriques. Néanmoins, ils distillent quelques indices qui prouvent que les prix risquent de rester sur un trend haussier. Le prix de l'orge est monté en flèche cette année, passant de 1,60 DH à 2,80 DH/kg, voire plus, en raison, soulignent des éleveurs, «de la faiblesse de la production». Ils ajoutent que la hausse du prix de cet aliment est accentuée par la forte demande expliquée par le fait que la période correspond à celle des naissances. La situation est surtout difficile dans les régions où la récolte est faible, notamment dans l'Oriental où beaucoup d'éleveurs sont obligés de s'approvisionner sur le marché. L'augmentation des charges qui s'ensuit sera naturellement répercutée sur le consommateur. Malgré tout, il n'y a pas d'inquiétude à se faire en ce qui concerne l'offre, à en croire l'Association nationale ovine et caprine (ANOC) qui compte 6 400 membres. Son directeur, Said Fagouri, estime que 6,5 à 7 millions de têtes seront certainement mises sur le marché, soit une fourchette proche de celle de l'année dernière. M. Fagouri ajoute que le prix constaté actuellement est compris entre 42 à 45 DH le kilo pour le Sardi et 37 à 38 la race de Timahdit. Mais il prend soin d'expliquer que le moindre décalage entre l'offre et la demande pourrait changer la donne. D'ailleurs, la race dite de Timahdit était vendue «à 35 ou 36 kg le kilo à certaines périodes de l'année dernière mais les prix étaient partis à la hausse jusqu'à 42 DH», commente M. Fagouri. Les éleveurs commencent à privilégier la vente directe aux clients Pour l'instant, tout le monde traîne le pas car le marché ne commence à bouger réellement qu'à 20 jours de la fête, prévue le 18 novembre. Il faut donc attendre la fin octobre pour avoir une visibilité plus nette sur les prix. Un intermédiaire qui a commencé à tâter le terrain affirme que les engraisseurs, appelés aussi finisseurs (ils achètent des petits moutons quelques mois avant l'Aïd pour procéder à leur engraissement), ont bien entamé la saison malgré la cherté de l'orge. Par contre, les intermédiaires ne sont pas pressés de faire leur marché. Leur stratégie consiste à s'assurer des prix plus bas pour éviter les pertes en cas de repli des prix. Tous redoutent le phénomène qui s'est produit l'année dernière. En effet, les jours précédents l'Aïd, l'offre était devenue si abondante qu'ils ont été obligés de renoncer à vendre les bêtes au kilo comme à l'accoutumée. Cependant, ces derniers ne font plus la loi sur le marché en mutation depuis quelques années. Contrairement à ce qu'on pense, de plus en plus d'éleveurs vendent directement leurs moutons aux clients, tirant le tapis sous le pied des intermédiaires. Cette tendance est confirmée par les responsables de l'ANOC qui estiment que les intermédiaires et les éleveurs sont présents sur les souks à parts égales. Mieux, l'association des éleveurs a négocié avec certaines grandes surfaces, comme Metro et Marjane, la mise à disposition d'espaces de vente durant la période de l'Aïd. L'organisation de ces marchés (transparence sur les prix, tranquillité pour le choix de la bête, possibilité de garde jusqu'à la veille de la fête…) est telle que le nombre de clients conquis va crescendo. Les éleveurs sont décidés de damer le pion à la concurrence souvent déloyale des intermédiaires. Le problème est que les charges, quand elles augmentent, comme cette année, sont forcément répercutées sur le consommateur. Et comme la période de vente est très courte, il y a des surprises pour les vendeurs comme pour les acheteurs.