Alors que le gouvernement planche sur l'élaboration du projet de loi de finances 2024, l'Alliance des Economistes Istiqlaliens (AEI) a apporté sa contribution en émettant une série de recommandations visant à améliorer le pouvoir d'achat des citoyens. Le maintien d'une politique monétaire expansionniste en fait partie. L'Alliance des Economistes Istiqlaliens, le « think-tank » économique du Parti de l'Istiqlal, membre de la coalition gouvernementale, a formulé une série de recommandations préalablement à la promulgation du PLF 2024. L'AEI, qui dit partager les 4 principales orientations du gouvernement fixées par Aziz Akhannouch dans sa note de cadrage, propose dans une note une batterie de mesures pour, entre autres, contrer la hausse des prix et améliorer le pouvoir d'achat des citoyens. Le think tank présidé par Abdellatif Maazouz, préconise tout d'abord de maintenir le cap d'une politique économique expansionniste. Considérant que la maîtrise de l'inflation et l'accélération de la croissance ne sont pas incompatibles et que la reprise de la demande intérieure reste fragile, l'AEI estime en effet que «le taux directeur a atteint le plafond soutenable». En conséquence, souligne la même source, «toute augmentation supplémentaire de ce taux risque de freiner l'investissement privé et le développement de l'offre et de la demande qui en résultent». Rappelons à ce propos que lors de la dernière réunion de son Conseil en juin dernier, Bank Al-Maghrib avait décidé de faire «une pause» dans son cycle de resserrement monétaire, et de maintenir le taux directeur à 3%, après trois hausses successives de 150 points de base au total. Le retour à des niveaux soutenables d'inflation en luttant contre l'augmentation des prix alimentaires est une autre recommandation émise par l'AEI. Cela peut se faire, selon le think tank, à travers le renforcement de l'offre agricole destinée au marché domestique, à travers la réservation d'un quota notamment pour les produits alimentaires de grande consommation et par la subvention des intrants pour améliorer la productivité. En outre, pour l'AIE, «un contrôle plus efficient des chaînes d'approvisionnement, de stockage et de distribution, ainsi que l'accélération de la réforme des marchés de gros et la stricte application du droit de la concurrence doivent compléter les mesures prises jusqu'à maintenant à cet effet». Des mesures pour relancer la demande intérieure sont également préconisées. L'AIE plaide, d'une part, pour le déploiement des allocations familiales et des aides directes dès la prochaine rentrée, «mais sans décompenser immédiatement». L'AEI, plaide, d'autre part, «pour un rattrapage ciblé du pouvoir d'achat de la classe moyenne». Selon les économistes istiqlaliens, la compétitivité de la production marocaine est bien établie dans plusieurs écosystèmes qui présentent des marges d'augmentation du coût du travail, sans impact concurrentiel. «Il serait donc pertinent d'instaurer, en concertation avec le secteur privé, des mécanismes d'augmentation des salaires de la classe moyenne, déconnectés du SMIG», estiment-ils. Rappelons pour finir que la note de cadrage du PLF 2024 a fixé quatre priorités : le renforcement des mesures de lutte contre les effets conjoncturels, notamment l'inflation et le changement climatique ; la poursuite des efforts pour l'instauration des bases de l'Etat social ; la poursuite de la mise en œuvre des réformes structurelles ; la consolidation de la durabilité de la finance publique.