Le gouvernement n'a aucunement l'intention de procéder à un nouvel élargissement des bandes de fluctuations du Dirham à court terme, a assuré l'argentière du Royaume. Le passage à une nouvelle étape de la réforme du régime de change n'est pas à l'ordre du jour. Nadia Fettah l'a affirmé, sans détour, à l'agence Reuters, en marge de la 13ème édition de la City Week Finance Conference organisée à Londres cette semaine. La ministre de l'Economie et des finances a rappelé à l'agence de presse londonienne que le Maroc a entamé une réforme progressive du marché des changes en 2018, mais n'a apporté aucun changement significatif depuis 2020, date à laquelle a eu lieu le dernier élargissement de la bande de fluctuation du dirham à +/- 5% (au lieu de +/-2,5%) par rapport au cours central fixé par Bank Al-Maghrib (BAM). Aux yeux de la ministre, cette configuration reste appropriée, et rien ne justifie de la changer à ce stade. «Malgré toute la volatilité sur les marchés que nous avons eue en 2022, le dirham est resté dans cette fourchette de 5%», a-t-elle déclaré. Et d'ajouter : «Ces 5% sont largement suffisants pour évoluer en douceur vers un régime plus flexible, lorsque les conditions le permettront». Une stabilité du dirham qui tranche avec la situation monétaire observée chez certains pays de la région, comme la Tunisie et l'Egypte, cette dernière ayant déjà procédé à trois dévaluations de sa monnaie en 14 mois. Le FMI insiste Cette sortie de Nadia Fettah intervient, coïncidence, au moment où le FMI a, une fois de plus, recommander aux autorités monétaires du Royaume de passer à un régime de change flottant, «une fois que l'inflation et l'incertitude sur les perspectives mondiales et nationales seront plus faibles». Dans un rapport publié lundi 24 avril sur l'économie marocaine, l'institution estime qu'une fois ces incertitudes levées, «Bank Al-Maghrib devrait avancer dans les dernières étapes de la transition vers un cadre de ciblage de l'inflation et permettre au dirham de flotter librement, ce qui renforcerait la résilience du Maroc aux chocs futurs». Une chose est sûre : malgré l'insistance du FMI, les autorités monétaires du Maroc tiennent à rester maîtres du timing. En décembre dernier déjà, Abdellatif Jouahri, wali de BAM, avait refroidi les ardeurs du Fonds : «Il nous appartient de décider du moment opportun», avait-il lancé.