Au moment où les parlementaires reprennent le chemin de l'hémicycle pour la session du printemps, l'année sociale (1er mai-30 avril) prend bientôt fin. L'occasion pour l'Exécutif de faire le bilan de son action dans le domaine. Agenda très chargé. En un an et demi, le gouvernement a bouclé le chantier de la généralisation de l'AMO. Le dernier ajustement à l'édifice juridique qui encadre ce processus a été adopté en Conseil de gouvernement jeudi 6 avril. D'ici la fin de l'année, le dispositif d'aides sociales sera pleinement opérationnel. En 2024, la généralisation du régime de l'assistance sociale sera effective. L'année suivante, c'est la mise en œuvre de la réforme du régime relatif à la perte d'emploi. Pas plus tard que lundi 10 avril, le Chef du gouvernement a tenu une réunion du Comité stratégique de la protection sociale. Laquelle réunion a été consacrée à la présentation du bilan des différents programmes réalisés et les mesures pratiques visant la généralisation du régime de l'AMO. L'équipe Akhannouch garde le cap qu'elle s'est fixé depuis le premier jour. Le RNI, évidemment, mais aussi le PAM et plus récemment l'Istiqlal n'ont pas eu tort d'afficher clairement leur soutien à son action. Les instances exécutives des trois formations se sont pleinement solidarisées avec le gouvernement et ont soutenu ses initiatives. L'Istiqlal, après avoir fait fausse note, lors d'une sortie pour le moins inattendue de son bras syndical, rectifie le tir. Son comité exécutif, réuni le 6 avril, appuie clairement les «efforts déployés par le gouvernement pour atténuer la sévérité des prix élevés». Manifestement, les citoyens aussi sont conscients de la complexité de la situation. La preuve, le mouvement de protestation programmé par l'opposition extra-parlementaire, le 8 avril, a fait flop. Les citoyens n'y ont pas vu d'intérêt et les faux comptes et autres trolls qui dirigent l'opinion publique sur les réseaux sociaux n'ont pas jugé utile de se déplacer. Quant à l'opposition parlementaire, elle a absolument tenu à gâcher le bon travail effectué par la commission d'exploration parlementaire dédiée aux circuits de distribution des produits agricoles. Les formations de l'opposition, c'est désormais un fait, ce qui les intéresse c'est le buzz et accessoirement le règlement de comptes souvent personnels. La lettre ouverte du PPS, les gesticulations du MP et les virevoltes du PJD le confirment. Leur dernier fait d'arme, une tentative mort-née de former une commission d'enquête sur le gasoil russe. Un non-événement. A plus forte raison que jusqu'à preuve du contraire, l'importation du gasoil russe n'est pas interdite dans notre pays, pour peu que l'acquéreur puisse trouver le moyen pour régler ses achats. Ce ne sera que du «bénéf» pour le citoyen qui pourra faire son plein pour moins cher.
L'année sociale prend fin Toute initiative qui pourrait alléger la pression des prix serait en effet la bienvenue. Et, dans un marché libéralisé, ce n'est évidemment pas par la contrainte que l'on puisse y arriver. Une réalité que les centrales syndicales, heureusement pas toutes, ne semblent pas encore accepter. Certains syndicats, la CDT en particulier, brandissent de nouveau la carte de la grève, juste avant que l'année sociale ne prenne fin. Le mot d'ordre est donné dans la fonction publique, à l'échelle nationale, pour le 18 avril, et encore une fois la CDT fait cavalier seul. Cela tombe pile au moment où les cinq syndicats les plus représentatifs dans l'enseignement, y compris la CDT elle-même, devraient apposer leur signature définitive sur l'accord social dans le secteur et rendre ainsi exécutoire l'entente du 14 janvier dernier. Il faut dire que les syndicats sont dans leur rôle. Des annonces de grèves à la veille du 1er Mai n'est pas chose nouvelle. Cette année, la situation est quelque peu différente, puisque le dialogue entre le gouvernement et les centrales syndicales ne s'est jamais interrompu. Alors même que les trois partenaires sociaux s'apprêtent à se retrouver pour la session d'avril du dialogue social, la commission ad hoc qui planche sur les projets de réforme de la retraite a poursuivi durant des mois ses réunions. De même pour celle devant plancher sur la nouvelle loi de la grève. Sauf qu'à ce niveau, le retard accusé dans son travail et surtout la réticence manifeste des syndicats risquent de compliquer la situation. Le patronat ayant conditionné la deuxième tranche de l'augmentation du SMIG (5%prévue cette année), par l'adoption ou du moins l'introduction dans le circuit législatif de ce texte, il est fort probable que ladite augmentation n'arrive pas à temps. Les prochains jours devront certainement être mis à profit pour arriver à une entente entre les partenaires sociaux. En attendant le 1er Mai et sans doute de nouvelles annonces pouvant améliorer le pouvoir d'achat des citoyens, les partis de la majorité ont tenu une réunion élargie à leurs groupes parlementaires. L'objectif de cette rencontre du jeudi 13 avril 2023 est «de discuter des développements et changements nationaux et internationaux, d'évaluer leur impact sur les conditions économiques et sociales de notre pays, et s'y appuyer pour prendre les mesures et les dispositions nécessaires afin de servir l'intérêt public et tous les citoyens», précise-t-on. Ce qui sonne comme un appel au ressaisissement des rangs, en perspective d'une session législative particulièrement chargée et une année sociale qui démarre dans une conjoncture toujours incertaine.
Où en est la réforme de la santé ? Une fois la loi-cadre relative à la réforme de la santé adoptée, le gouvernement a injecté dans le circuit législatif cinq projets de loi nécessaires pour la mise en œuvre de cette réforme. Aujourd'hui, trois textes sont arrivés à leur stade final. A l'ouverture de la session parlementaire, vendredi 14 avril, la première séance plénière sera consacrée au vote de trois textes. Il s'agit des trois projets de loi relatifs aux groupements sanitaires territoriaux, à l'Agence marocaine des médicaments et des produits de santé et à l'Agence marocaine du sang. Un quatrième texte, le projet de loi 09-22 relatif aux garanties essentielles inhérentes aux ressources humaines des métiers de la santé, est actuellement en phase de pré-adoption en commission. Les quatre textes ont déjà été validés par les conseillers. Quant au cinquième projet de loi, celui portant la création de la Haute autorité de la santé, la commission concernée a finalisé son examen détaillé le 8 mars dernier. Même une fois adopté par les députés, il devrait encore passer l'étape de la deuxième Chambre. Cela dit, les députés devront également voter par la même occasion un ultime texte relatif à la généralisation de l'AMO. Il concerne les personnes capables de s'acquitter de leurs cotisations et n'exerçant aucune activité rémunérée ou non rémunérée. Soit le dernier maillon de la chaîne.