Le gouvernement et les syndicats, réunis jeudi dernier, dans le cadre des sessions du dialogue social, sont tombés d'accord sur les questions à trancher en priorité cette année, à la lumière des recommandations qui seront élaborées par les commissions thématiques mises sur pied. Au cours de cette réunion, la deuxième du genre de la Commission du secteur public avec la participation des responsables syndicaux et du ministre de la fonction publique et de la modernisation de l'administration, Abdeladim El Guerrouj, il a été en effet convenu de mettre sur pied des commissions thématiques composées de représentants syndicaux et du gouvernement pour approfondir la réflexion sur la révision du “ décret relatif à l'élection des commissions paritaires” du “statut de la Fonction publique”, de “la grille des salaires” ainsi que de “la réforme des régimes de retraite” et de “la loi organisant les syndicats”. Ces commissions devront, au terme de leurs travaux, soumettre au ministère de la fonction publique et de la modernisation de l'administration leurs recommandations, pour lui permettre de convoquer une nouvelle session du dialogue social. Il a été également convenu de tenir deux sessions annuelles de dialogue social (avril et septembre) au lieu d'une seule au cours du mois d'avril, comme le voulait le gouvernement. Au cours de cette réunion de jeudi, les responsables syndicaux n'ont pas manqué d'appeler à l'application par le gouvernement de l'accord du 26 avril 2011 dans son intégralité et en particulier des dispositions non encore mises en œuvre, relatives au dossier de l'emploi. Les débats au cours de cette réunion ont porté aussi sur le projet gouvernemental de la loi organique sur le droit de grève, au sujet duquel les avis des uns et des autres divergent. Pour le gouvernement, il s'agit d'un sujet d'actualité visant à rechercher un compromis concerté entre la nécessité de respecter le droit de grève, le droit de travail et d'assurer la continuité du service public. La révision du texte sur le droit de grève, datant de1962, est un impératif urgent pour le gouvernement, qui a décidé d'élaborer cette année une nouvelle réglementation dans le but de permettre précisément de procéder à des prélèvements sur les traitements et salaires des grévistes, et en particulier des fonctionnaires. Une commission ministérielle, présidée par le ministre de l'habitat, de l'urbanisme et composée des ministres de l'intérieur, de la Justice et des libertés, de l'emploi et de la formation professionnelle, de l'éducation nationale, et de la fonction publique et de la modernisation de l'administration a été créée par le gouvernement pour élaborer un tel texte visant la mise en œuvre d'une politique globale en la matière en harmonie avec les critères internationaux relatifs à l'exercice du droit de grève et la liberté syndicale. Pour le gouvernement, il est prioritaire d'adopter cette loi le plus tôt possible dans le but de faire face à la multiplication sans précédent des mouvements de grève et d'éviter que le citoyen ne soit l'otage permanent de ces débrayages, sans porter atteinte au droit de grève, a récemment soutenu le ministre de la fonction publique et de la modernisation de l'administration. Pour des syndicats, le sujet n'est pas prioritaire et il n'y a pas lieu de le placer en tête des préoccupations du dialogue social entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Pour d'autres syndicats, l'examen et l'adoption d'un tel texte à l'heure actuelle revêt une grand importance en ce sens qu'il va permettre d'atténuer la cadence des grèves qui n'épargnent plus aucun secteur et ne sont pas toujours justifiées. Toutefois, ce qui importe surtout pour tous les syndicats, ce sont l'actualisation des textes régissant les commissions paritaires, dont les élections vont bientôt avoir lieu et la signature par le Maroc des conventions internationales concernant les libertés syndicales.