« Nous voudrions revoir le type de relation que nous entretenons avec les syndicats dans le sens d'en faire nos partenaires à part entière ». Le jeune ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l'administration, Abdelâdim El Guerrouj, déclare au Soir échos sa grande volonté d'instaurer un climat d'échange fructueux avec les syndicats. Au cours de son mandat, il veut réussir à modifier ce qu'il appelle « le mode classique » de cette relation bilatérale. La vision d'El Guerrouj Abdelâdim El Guerrouj. « Nous ne voulons plus que les syndicats viennent juste pour déposer leurs revendications et attendre, ensuite, les réponses. Notre priorité est qu'ils soient participants aux projets structurants, à commencer par la modernisation de la fonction publique et la révision de son statut. Il n'est plus question de leur remettre une copie, mais de les impliquer dans l'élaboration et la mise en place des projets », insiste-t-il. Aux yeux du ministre, la réunion de la commission du secteur public pour le dialogue social, qui s'est déroulée il y a une semaine à Rabat, avec les centrales syndicales, a eu donc comme but de « définir les principaux sujets sur lesquells nous devons travailler ces deux prochaines années et la manière avec laquelle nous devions le faire ». Deux lignes principales conduisent ce dialogue : la réforme et l'application de l'accord du 26 avril 2011. « C'est pour aller plus vite que nous devons établir ce partenariat », précise Abdelâdim El Guerrouj, ajoutant qu'il compte énormément sur ce dialogue et cette complémentarité pour « améliorer le contact entre l'administration et le citoyen ». Une parole et des craintes A la Chambre des conseillers, les représentants des salariés ne sont pas vraiment convaincus de ce changement voulu par le ministre. Et ce n'est pas une remise en question de la parole de ce membre du gouvernement, mais d'un amenuisement de la confiance syndicat/gouvernement. « Le Maroc n'a jamais connu de dialogue social ! », s'exclame Abdelmalek Aferiat, membre du groupe fédéral de l'unité et de la démocratie au sein de la Chambre des conseillers. Rappelant que le Maroc est signataire de la convention sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, il affirme que l'initiation du débat ne date que de 1995 par la création du conseil consultatif du dialogue social représenté par les centrales syndicales. « Malgré l'instauration du tripartisme par l'OIT, pour un dialogue social réunissant gouvernement, patronat et syndicat, nous n'avons pas encore réussi à l'instituer et à en faire un mode de travail », regrette ce conseiller, pour qui les conditions ne sont toujours pas réunies en vue d'un réel changement. « Chaque gouvernement reprend le même discours sans arriver à le concrétiser et sortir avec une nouvelle charte sociale », estime-t-il. Pour ce dernier, le nouveau gouvernement a d'ores et déjà fait un mauvais pas. « Il a anticipé le dialogue social par la loi organique réglementant le droit à la grève. Il n'y a pas de grève sans déclaration bien avant des droits des salariés. Il faut d'abord résoudre les problèmes en suspens avant de se lancer dans le débat sur la grève », souligne-t-il assimilant l'initiative du gouvernement à l'image de la charrue devant les bœufs. « Cela ne veut pas dire que nous sommes contre le débat, mais contre le fait de re-débattre toutes les relations avec les syndicats », tient à préciser Abdelmalek Aferiat, insistant sur l'urgence pour le Maroc d'honorer ses engagements signés, au lieu de continuer à en discuter. Mêmes attentes A l'heure où le dialogue social reprend, cette semaine, les centrales syndicales continuent donc à revendiquer le droit de profiter pleinement de leur liberté syndicale et d'asseoir une meilleure méthodologie du dialogue social. Pour les salariés, ils plaident la hausse des salaires dans le public et le privé et l'augmentation des quotas de la promotion interne sans oublier la tenue des élections des commissions paritaires et l'indemnisation pour perte d'emploi.