Le hard discounter turc, Bim, a déjà ouvert 10 magasins à Casablanca. Il prévoit 30 autres dans les mois qui viennent. Pour 2009, Marjane annonce 4 ouvertures, Label'Vie et Carrefour en prévoient 11 dont 4 déjà opérationnelles et Aswak Essalam 3 nouveaux magasins. Pour les professionnels du secteur, le concept du hard discount a peu de chances de réussir. Le secteur de la grande distribution compte depuis quelques jours une nouvelle enseigne : le turc BIM. Démarrant son activité le 13 avril, le nouvel opérateur, qui fait du hard discount son concept fer de lance, a ouvert d'un seul coup une dizaine de magasins à Casablanca dans les quartiers de Bourgogne, Palmiers, Quartier des Hôpitaux et Belvédère. Une trentaine d'autres magasins sont prévus d'ici à la fin de l'année. C'est donc un programme d'ouverture audacieux (40 points de vente en huit mois) qui permettra à l'enseigne de se positionner sur le très concurrentiel marché de la grande distribution. En effet, les perspectives de développement du hard discount sont, selon certains observateurs, encourageantes pour plusieurs raisons. Il est notamment souligné, à ce propos, que même si l'assortiment proposé est réduit, les prix affichés sont moins élevés que ceux des produits de référence. En effet, le principe du hard discount est de commercialiser des produits avec un décrochage de 20 à 30% par rapport à ces derniers. La proximité des consommateurs est également un autre facteur pouvant favoriser la réussite du hard discount. Bim a implanté ses points de vente dans des quartiers de moyen standing, ce qui lui permettra de toucher un large pan de la population. Cependant, sur les chances de réussite du concept, les opérateurs du secteur restent dubitatifs. «Le marché marocain a déjà eu des expériences de hard discount qui ont échoué, notamment Supersol ou encore Franprix qui n'ont pas tenu longtemps !» , dit-on à Label'Vie. Cet avis est partagé par l'autre grand opérateur de la grande distribution, Marjane, dont les responsables estiment que «la viabilité de ce modèle économique reste à démontrer». Car, expliquent les opérateurs du secteur, il est difficile aujourd'hui de proposer un prix de 20 à 30% moins élevé que les prix de référence, le marché ne s'y prêtant pas dans la mesure où les grandes surfaces que le hard discount souhaite concurrencer ne réalisent pas des marges à 40 ou 45% pour permettre au hard discount de se positionner. De plus, il ne sera pas aisé au hard discounter de négocier ses prix avec les industriels en raison des volumes de commandes qui sont, naturellement, moins importants que ceux des hypermarchés. Les épiceries constituent une menace pour le hard discount Par ailleurs, dans le secteur, on avance que l'importance du réseau traditionnel, qui compte quelque 400 000 épiceries et assure 91% de la distribution, peut aussi compromettre le développement du hard discount et ce, en raison du niveau du pouvoir d'achat, de la grande proximité de la clientèle ainsi que des conditions de paiement favorables, notamment les ventes à crédit. Si pour les deux enseignes, Lavel'Vie et Marjane, les chances du hard discounter turc sont faibles, à Aswak Assalam on n'est pas de cet avis : «Aujourd'hui, il y a de la place pour ce concept et le marché en a besoin. De plus, les grandes surfaces réalisent des marges importantes laissant ainsi l'opportunité au hard discounter de se positionner avec des marges étudiées». La même source ajoute que ce concept est certes une niche, mais a un rôle à jouer dans le développement du secteur de la grande distribution qui compte 70 points de vente sous enseignes Marjane, Métro, Acima, Label'Vie, Aswak Assalam et, plus récemment, Carrefour. Au total, la distribution moderne qui représente 9% du secteur de la distribution a encore de beaux jours devant elle dans la mesure où elle a largement séduit les consommateurs. Pour preuve, on compte, selon les statistiques disponibles, environ 3 000 clients par jour en moyenne dans un supermarché et 5 000 à 12 000 dans un hypermarché. On retiendra également que le panier moyen dans un supermarché est estimé à 60 DH tandis que la valeur du panier varie entre 200 et 260 DH dans un hypermarché. L'affluence et le niveau des dépenses prouvent, selon les opérateurs, l'importance de la grande distribution pour les consommateurs et son adéquation à leurs besoins. Ce qui justifie leurs stratégies d'expansion soutenues en vue de couvrir l'ensemble du Maroc. Toutes les enseignes investissent régulièrement pour l'extension de leurs réseaux. Ainsi, le tandem Label'Vie-Carrefour, qui compte 22 points de vente, prévoit 11 nouvelles ouvertures en 2009 : 9 magasins Label'Vie dont 3 déjà opérationnels et 2 hypermarchés Carrefour dont celui de Salé déjà ouvert et un deuxième prévu à Marrakech pour le deuxième semestre. Le groupe table pour 2009 sur un chiffre d'affaires de 2,4 milliards de dirhams. De son côté, Marjane, qui compte 17 magasins actuellement, ouvrira 4 magasins au cours de cette année pour un investissement global de 4 milliards de DH. A ce titre, notons que l'enseigne ouvrira un supermarché dans la station balnéaire de Mediterrania-Saïdia. Un accord a été récemment signé avec le groupe Fadesa. Cette nouvelle adresse localisée dans le centre commercial Medina center Saïda sera opérationnelle dès juin. L'enseigne refuse de dévoiler ses prévisions pour 2009. Mais l'on sait qu'elle a réalisé un chiffre d'affaires de 7,5 milliards de DH en 2008. 600 grandes et moyennes surfaces prévues d'ici 2020 Aswak Assalam, qui n'était pas présent sur Casablanca, y a programmé deux ouvertures, courant 2009, au quartier Belvédère et sur la route de Oulad Ziane. Un deuxième point de vente est programmé à Agadir. Ces trois ouvertures totalisent un investissement de 300 MDH et porteront le réseau de l'enseigne du groupe Chaâbi à 11 magasins contre les 8 localisés à Rabat, Marrakech, Oujda, Kénitra, Témara et Agadir. Outre les programmes d'ouverture soutenus pour renforcer la présence à travers le pays, les grandes enseignes, pour une grande accessibilité aux clients, proposent de larges gammes de produits et des plans promotionnels réguliers. Elles ne manquent pas d'investir pour la garantie de la qualité de leurs produits ainsi que celle de leurs prestations de service. Cartes de fidélité et promotions régulières permettent de fidéliser les consommateurs qui sont aujourd'hui sûrs, grâce aux efforts déployés en matière d'hygiène, de trouver des produits dont le mode de conservation correspond aux normes internationales. Autant de raisons qui expliquent l'importance donnée au secteur dans le cadre du programme Rawaj qui prévoit 600 magasins de distribution moderne à l'horizon 2020. On est encore loin du compte. C'est dire qu'il y a encore de la place pour d'autres investisseurs.