Les erreurs médicamenteuses sont par définition évitables. Leur prévention doit cibler toutes les étapes du circuit du médicament : diagnostic, choix thérapeutique, prescription, dispensation, préparation et administration. La pratique de la pharmacovigilance pour assurer la qualité de soins devient une priorité de santé publique, relève le Pr Rachida Soulaymani, présidente de la Société marocaine de pharmacovigilance (SMPV), qui a tenu ses deuxièmes journées nationales, les 19 et 20 décembre, au siège de l'ordre national des médecins, à Rabat. Le thème ? La sécurité du patient et la gestion des risques. Le professeur a par ailleurs insisté sur le fait que l'effet indésirable n'est plus considéré comme lié au seul médicament mais, souvent, à sa mauvaise utilisation. La sécurité du patient est devenue ainsi la priorité de la pharmacovigilance et doit être celle de tous les acteurs de santé, renchérit le Pr Soulaymani. A cette fin, elle appelle à ce que la pharmacovigilance évolue dans un cadre législatif structuré, définissant le rôle et les attributions des professionnels de santé, de l'industrie pharmaceutique, du Centre anti-poison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM), de la direction de la pharmacie et du médicament, des hôpitaux et des experts du domaine. Un des travaux présentés a ciblé les erreurs médicamenteuses en néonatologie. Il en ressort qu'elles représentent 4 ‰ patients et par jour, derrière la réanimation médicale adulte (15,3 ‰), la réanimation chirurgicale (5,3 ‰) et la réanimation pédiatrique (9,1 ‰). Cette iatrogénie peut survenir à toutes les étapes du circuit du médicament : diagnostic, choix thérapeutique, prescription, dispensation, préparation et administration. La prévention de ces erreurs médicamenteuses, qui sont par définition évitables, doit cibler toutes ces étapes, conclut ce travail. Par ailleurs, durant cette journée, les spécialistes ont insisté sur le rôle-clé du pharmacien d'officine dans la chaîne vers le consommateur. A son niveau, des erreurs commises en amont peuvent être corrigées. Mais il peut en commettre à son tour. Ainsi, le pharmacien peut œuvrer pour la détection et le signalement d'erreurs tant au niveau de l'acte pharmaceutique dans son officine qu'au niveau de la qualité du médicament ou de la prescription ou même de l'utilisation par le patient. Car, selon une enquête nationale réalisée en 2007 et dont les résultats ont été publiés lors de ces journée, pour aboutir à une prescription réfléchie et à un usage rationnel des médicaments, il faut minimiser les erreurs par l'informatisation de l'ordonnance, réduire le coût moyen d'une ordonnance en donnant aux pharmaciens le droit de substitution par le générique , en améliorant la disponibilité des génériques pour certaines pathologies et en organisant des campagnes de sensibilisation et de formation continue pour les acteurs concernés, patients, prescripteurs, pharmaciens et personnels de santé. Cette étude, intitulée «Caractéristiques et déterminants de la prescription au Maroc», menée par le CAPM et la Faculté de médecine et de pharmacie de Fès, s'est faite auprès d'un échantillon d'officines tirées au sort dans 6 villes du Maroc, ainsi qu'auprès de 251 médecins prescripteurs. 1768 ordonnances comportant 4 499 médicaments ont été analysées, regroupant 959 spécialités prescrites, réparties en 479 dénominations communes internationales (DCI) et 181 familles thérapeutiques.