Industrie pharmaceutique, secteur médical libéral et pharmaciens ne déclarent pas les effets indésirables des médicaments En 2007, 12 décès notifiés au Centre marocain de pharmacovigilance. 2680, c'est le nombre des effets indésirables des médicaments déclarés, en 2007, au Centre marocain antipoison et de pharmacovigilance (CMAP) par les professionnels de la santé. Ce chiffre est en deçà de la réalité, déclare le Pr Rachida Soulaymani, directrice du centre. Cette sous-évaluation est en rapport, d'une part, avec une sous-notification de tels effets par les médecins, et, d'autre part, avec le fait que les patients ne signalent pas souvent à leur médecin ou au pharmacien qu'ils ont été victimes d'effets indésirables lors d'une prise médicamenteuse. Le bilan 2007 du CMAP, qui vient d'être publié, montre que les médecins universitaires et ceux du public sont les principaux notificateurs (81%), le CHU de Rabat avec 68% et le CHU de Casablanca avec 29%. Paradoxalement, trois acteurs principaux de la santé – le secteur médical libéral, l'industrie pharmaceutique et les pharmaciens – sont de très mauvais notificateurs des effets indésirables des médicaments, avec respectivement 4% pour le premier, 3% pour le second et 2,5% pour le troisième. Les derniers de la liste sont les cliniques de la CNSS avec 1% et l'Institut Pasteur avec 0,5%. Les motifs de notification sont essentiellement liés à des erreurs de préscription concernant les médicaments, doses, concentrations, voies d'administration, et le suivi thérapeutique ou clinique. Ils sont parfois liés aux erreurs du patient lui-même ou à la péremption ou à la mauvaise conservation du médicament. En 2007, la classe thérapeutique la plus incriminée est celle des antibiotiques (21%), suivis des anti-inflammatoires non stéroïdiens dits AINS (20%) et des antirétroviraux (9%). L'imputabilité revient dans 6% des cas aux vaccins, particulièrement le BCG et celui contre la grippe. Par ailleurs, 30% des effets indésirables observés sont classés comme graves, dont 7% ont engagé le pronostic vital et 2% (12 cas) ont conduit au décès. C'est une opportunité pour le Pr Soulaymani de rappeler que autant un médicament peut être bénéfique pour l'organisme, autant il peut être dangereux en cas de mauvaise utilisation.