L'expérience du Plan Maroc Vert et la Stratégie Génération Green expliquées lors de cette grand-messe. L'approche collective dans le cadre d'une coopération Sud-Sud pourrait aider l'Afrique à atteindre la sécurité alimentaire et prétendre à la souveraineté alimentaire. La croissance durable et le développement de l'agriculture est un challenge partagé de tous les pays africains qui aspirent à la souveraineté alimentaire. Le sujet était au cœur du débat, cette semaine à Taghazout, lors de la 8e édition de l'Africa Agri Forum 2022 (AAF). Organisée par One Africa Forums, en partenariat avec OCP Africa et l'appui de l'Union Africaine, ainsi que l'accompagnement de l'Union régionale de la CGEM Souss Massa et le Conseil régional Souss Massa, cette nouvelle édition a réuni plus de 400 acteurs provenant de différents pays africains. C'était l'occasion pour exposer la stratégie marocaine de développement agricole et revenir sur les différents plans initiés par le Royaume, en l'occurrence le Plan Maroc Vert et la nouvelle Stratégie Génération Green. A ce sujet, Mohammed Sadiki, ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, a rappelé dans une intervention par visioconférence, comment le Plan Maroc Vert lancé en 2008 et la stratégie Génération Green en 2020 décliné sur dix ans, jusqu'à l'horizon 2030, sont venus consolider les acquis et ce, à travers une approche sectorielle intégrée qui s'inscrit dans le long terme et vise une agriculture éco-efficiente et résiliente, a-t-il avancé. «Egalement tournée vers l'avenir, la stratégie Halieutis de développement du secteur des pêches s'inscrit dans la même ligne qui est d'améliorer la sécurité alimentaire, la résilience et la durabilité des systèmes alimentaires», a exposé le ministre. A travers ces stratégies qui privilégient la protection des ressources naturelles par leur utilisation rationnelle tout en s'adaptant aux changements climatiques, il s'agit pour le Maroc de disposer de la souveraineté alimentaire et ce, afin, bien sûr, de garantir la sécurité alimentaire. Un objectif au cœur du Nouveau Modèle de développement. Moderniser les circuits de commercialisation L'atteinte de la sécurité et souveraineté alimentaire requiert cependant une volonté de collaboration entre les pays. C'est tout l'intérêt de ce forum pour initier les premiers jalons d'une coopération Sud-Sud et triangulaire, de l'élaboration de stratégies communes. «La coopération entre le Maroc et les autres pays africains dans le domaine agricole et de la pêche constitue un axe constant important dans la politique étrangère du Royaume visant l'émergence d'une agriculture et une pêche compétitives et durables», a indiqué à ce sujet le ministre. Ainsi, le futur de la coopération intra-africaine repose beaucoup sur la capacité à mieux traiter ces enjeux dans une perspective collective. La consolidation des bases d'une souveraineté alimentaire requiert aussi le renforcement de la recherche et de l'innovation dans le domaine agricole et agro-industriel. Cette orientation est justement parmi les recommandations de la Commission spéciale sur le Nouveau modèle de développement qui préconise pour l'amont agricole et la sécurité alimentaire de mettre l'accent sur les projets à plus forts enjeux, tels que la résilience hydrique et climatique, ainsi que la préservation des variétés locales et du terroir. Il est aussi recommandé notamment d'accroître la valorisation locale de la production agricole, ainsi que l'amélioration du savoir-faire local. Il est préconisé également de moderniser les circuits de commercialisation agricoles au niveau des principaux bassins de production pour consolider les bases de la souveraineté alimentaire. Il s'agit par là de construire des politiques socialement, écologiquement et économiquement en phase avec le contexte local pour couvrir les besoins alimentaires les plus fondamentaux et être autonomes, de manière à assurer une véritable souveraineté alimentaire. Pour ce faire, le challenge est que nos choix prennent en compte la réalité des choses telles que les contraintes climatiques et les coûts de production. Marché, savoir-faire... les ingrédients sont là La souveraineté alimentaire ne peut être atteinte que si un pays s'affranchit des marchés mondiaux et assure son autosuffisance agricole à travers une production locale valorisée. En d'autres termes, c'est pour un pays produire tout ce dont il a besoin. Le concept de sécurité alimentaire pour sa part encourage la disponibilité des denrées alimentaires quelles que soient leur provenance, leur condition de production et leur commercialisation. Ainsi, la production locale n'est pas dans ce contexte une condition fondamentale pour accéder à la sécurité alimentaire. Celle-ci repose plutôt sur une accessibilité économique et physique des produits et une certaine stabilité à travers notamment une production locale maximum optimisée et un circuit de stockage et de commercialisation adapté, tels sont les objectifs du Plan Maroc Vert et de la Stratégie Génération Green. Ainsi, la souveraineté alimentaire c'est produire localement tous les besoins de consommation des populations. Si cela reste difficile, voire impossible, d'atteindre cet objectif, une démarche collective dans un cadre de coopération Sud-Sud pourrait être une solution pour l'Afrique pour atteindre son autosuffisance au niveau de beaucoup de produits agricoles. Marché, savoir-faire... les ingrédients sont là. Les sols et leur usage sont au cœur des enjeux de ce développement durable. Il y a lieu en effet dans certains pays du continent, notamment ceux de l'Afrique de l'Ouest, à restaurer la fertilité des sols. Avec une surface de 30,4 millions de km2, le continent africain est le troisième continent le plus vaste de la planète. Il possède 13 % des terres arables du monde.