En plus des matières premières, de produits alimentaires, énergétiques ou encore de composants et produits manufacturés divers, le monde fait désormais face à une pénurie visiblement plus menaçante : les ressources humaines. Durant la période de confinement mondial, à cause de la crise sanitaire, les entreprises savaient déjà qu'au moment de la reprise de leurs activités, elles allaient être confrontées à une difficulté majeure, celle de retrouver leurs ressources humaines. Aujourd'hui, la menace est bien réelle dans les faits, comme en attestent les statistiques et analyses concordantes et inquiétantes, émanant de différentes organisations et institutions à travers le monde. Ainsi, à l'horizon 2030, l'économie mondiale va perdre l'équivalent de 8 500 milliards de dollars à cause du manque de compétences et de main-d'œuvre. Déjà, le manque de profils à l'échelle mondiale est estimé à son plus haut niveau depuis 16 années, et, dans beaucoup de pays, le marché de l'emploi accuse désormais un déficit vertigineux avec un volume d'offres dépassant de loin la demande. Le Maroc est un bassin de compétences aujourd'hui reconnu. Mais il n'est évidemment pas à l'abri de cette crise de ressources et il devra rapidement trouver les moyens d'y faire face. Et pour cela, deux principaux défis à relever : Protéger les ressources et les compétences actuelles contre la «chasse» mondiale, et agrandir davantage son capital humain à la hauteur des besoins de son économie actuels et futurs. C'est précisément dans ce sens que des programmes tels que la généralisation de la protection sociale et la réforme du système éducatif et de l'enseignement se profilent, et pas uniquement sous leur angle social ou sociétal. Deux chantiers à caractère éminemment économique, et qui sont décisifs pour la pérennisation du modèle. Au même titre des conditions matérielles, l'extension des filets sociaux au plus grand nombre des travailleurs et l'amélioration de la qualité des couvertures sont les meilleurs moyens de fidéliser les compétences. En amont, un système éducatif performant, adapté aux besoins de la société et de l'économie, est le seul levier pour doter le Maroc de plus de compétences qualifiées pour affronter les prochaines décennies. La mise en œuvre de ces deux chantiers, entamée depuis quelques mois, avec un rythme accéléré, trouve tout son sens. C'est l'urgence du moment...