Versée par l'employeur cash, la prime ne représente en net que 50% de sa valeur brute. Le salarié peut profiter de l'intégralité du bonus s'il opte pour des formules déductibles d'impôts. Beaucoup d'entre vous le savent, la prime que vous percevez en fin d'année ne représente qu'une partie de ce que votre employeur vous a alloué. Mais, savez-vous qu'en moyenne ce qui va dans votre poche ne représente que 50% de votre prime brute ? En effet, pour couvrir l'impôt sur le revenu (IR), les cotisations sociales et les frais d'assurance maladie, c'est plus ou moins la moitié de votre gratification qui vous est prélevée. Mais pour peu qu'il soit frustrant, ce prélèvement n'est pas incontournable… Pourvu que vous investissiez votre prime dans une formation ou un plan d'épargne retraite. Explications. Considérons un bonus versé à fin décembre et s'élevant à 30 000 DH bruts. Fiscalement, ce revenu est taxé plein pot : d'une part, il est versé par l'employeur en fin d'année, il y a donc de fortes chances que l'intéressé soit déjà dans la tranche de revenu soumise au taux marginal de l'IR (42%). D'autre part, il ne bénéficie pas de l'abattement pour frais professionnels de 17%. Ces derniers étant plafonné à 24 000 DH, il est peu probable qu'ils n'aient pas été pleinement consommé à fin décembre. Au final, au seul titre de l'IR, ce sont 11 466 DH qui sont prélevés. Ajoutez à cela la cotisation CNSS, une assurance prévoyance groupe et une retraite complémentaire tout ce qu'il y a de plus standard… En tout, pour passer du brut au net, une prime initiale de 30 000 DH est allégée de 14 166 DH, pour ne peser au final que 15 834 DH, montant net qui sera effectivement versé au salarié. Or, si le salarié fait le choix de ne pas encaisser sa prime, et qu'il demande à son employeur de s'en servir pour lui financer une formation ou un plan d'assurance retraite complémentaire, c'est de l'intégralité de la prime qu'il pourra profiter. En l'occurrence, et pour reprendre notre exemple, ce ne sera plus de 15 000 DH et quelques dont il bénéficiera, mais bien de 30000 DH (à dépenser dans une formation ou pour financer un plan d'épargne retraite). Pourquoi cette différence ? Tout simplement parce que les avantages en nature, en l'occurrence la formation et la cotisation retraite, ne constituent pas un salaire, à proprement parler, ils ne seront donc pas grevés de prélèvements fiscaux et sociaux. Même les patrons y gagnent Pourquoi la prime doit-elle obligatoirement aller à la formation ou à l'assurance-vie ? «Il s'agit en fait des seules ouvertures que permet le Code général des impôts», explique M. Hamid Errida, tax manager au cabinet de conseil juridique Garriguès Maroc. «Les possibilités pour profiter de ce genre de montages restent trop minimes», reconnaît-il. Mais bien que limitée dans son champ d'application, l'option demeure attrayante. Par exemple, pour un salarié en début de carrière désirant financer un cycle de formation continu, le choix est vite fait. Son budget formation passe en effet du simple au double, selon qu'il se finance sur sa prime nette ou qu'il demande à son employeur d'affecter sa prime brute au financement de sa formation. De même, un senior plus soucieux de sa retraite pourrait voir là l'occasion de doper son assurance-vie grâce à des versements plus conséquents. D'autant plus que pour les contrats d'assurance retraite complémentaire, les versements effectués sont déductibles d'impôt à 100%, sans plafonnement quelconque. Naturellement, il n'y a pas obligation de convertir en nature l'intégralité de la prime. Selon ses propres arbitrages, le salarié pourra n'autoriser qu'un prélèvement partiel sur sa prime brute pour faire financer sa formation ou sa retraite par son employeur. Le reliquat de la prime brute pouvant être perçu en cash après prélèvement des charges sociales et fiscales. Mais alors comment le salarié peut-il convaincre son employeur de prélever sur sa prime pour lui financer une formation ou un versement sur retraite complémentaire ? Les arguments ne manquent pas. Car mis à part l'intérêt de ce montage, en tant que moyen de motivation des salariés, les patrons pourraient y trouver financièrement leur compte. Les sommes prélevées sur la prime brute et affectées au financement d'une formation ou d'un versement au titre d'un contrat d'assurance-vie viennent en effet en déduction de la base de calcul des charges patronales. Et le potentiel d'économie est pour le moins conséquent, sachant qu'une prime brute de 30 000 DH, par exemple, génère une charge patronale de 5 970 DH. Par ailleurs, accéder aux requêtes des salariés, de financer les dépenses de formation ou de retraite complémentaire, aurait un impact fiscal neutre pour l'employeur. En effet, consistant en charges d'exploitation, ces dépenses sont déductibles d'IS.