Producteurs, stations de conditionnement, intermédiaires, grossistes, semi-grossistes, intermédiaires, détaillants... C'est bien connu, les fruits et légumes destinés au marché local traversent un circuit long et complexe avant d'arriver sur les étalages des commerces de détail. A cela s'ajoutent les difficultés et contraintes inhérentes à l'opacité et la désorganisation du marché local. L'opacité est notamment liée à la multitude d'intermédiaires sans statut défini. La multitude d'intervenants rendant la gouvernance des marchés difficile est aussi un frein à l'amélioration et le développement de ces structures de commercialisation, a souligné Hicham Mohamed Hamri, enseignant chercheur et directeur de L'Ecole nationale de commerce et de gestion d'Agadir. C'était la semaine dernière dans le Souss lors de l'Assemblée générale de l'Association des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (Apefel). Dans un exposé sur la problématique, l'intervenant a mis l'accent sur les aléas auxquels sont confrontés les agriculteurs tels que le climat et les coûts de productions qui ne cessent d'augmenter. De plus, ce n'est pas l'agriculteur qui profite pleinement des marges bénéficiaires des produits commercialisés. ''Le consommateur achète la tomate à 4 DH par exemple alors que l'agriculteur ne l'a vendu qu'à 1 DH et parfois moins'', déplore l'intervenant. Comment arriver à un marché local plus équitable et mieux organisé alors que la réforme des marchés de gros tarde à voir le jour? De l'avis du professeur Hamri, cela passe par la mise en œuvre de plusieurs mesures. Il préconise la constitution d'un comité de coordination des ventes au sein du marché local pour orienter le marché selon les quantités et la qualité des produits. L'intervenant souligne aussi l'intérêt de réaliser une étude sur le marché local, de manière à concevoir un modèle de marché moderne tant sur le plan infrastructures que logistique. Il met aussi en exergue l'importance d'élaborer des normes commerciales des fruits et légumes au Maroc. De son avis, l'emballage des fruits et légumes pour le marché local pourrait valoriser les produits et pour cela il est nécessaire de lancer une étude technico-commerciale. A ceci il faudrait associer la mise en place de dispositions réglementaires en ce qui concerne le contrôle des résidus chimiques des fruits et légumes transitant par les marchés de gros, souligne l'enseignant chercheur. Mais dans toute démarche de restructuration qui arrivera à mettre fin aux circuits informels. Force est de constater aujourd'hui que la commercialisation des fruits et légumes dans nos marchés nationaux suit un modèle dépassé, inadéquat. Le désordre qui règne au marché de gros d'Inezgane, poumon économique de tout le grand Sud est un exemple du manque de transparence et d'insalubrité qui marquent nos marchés de gros. Dans un environnement sans préservation de la chaine de froid, les méthodes de commercialisation d'un autre temps engendrent la détérioration des fruits et légumes frais. Il est donc plus qu'urgent que la politique du marché local s'améliore pour un meilleur rendement en faveur de tous les intervenants. Le consommateur marocain a aussi le droit d'avoir un produit de qualité à l'instar de celui de l'export.