Les prix des légumes et des fruits sont toujours élevés au Maroc, en particulier les tomates, malgré l'intervention du gouvernement auprès des exportateurs pour réduire les quantités d'exportation face à la forte demande mondiale. Le prix d'un kilogramme de tomates a dépassé les dix dirhams ces dernières semaines, alors qu'il ne dépassait en moyenne pas les cinq dirhams. Le ministre de l'Agriculture, Mohamed Sadiki, avait déclaré, dans une interview à Hespress il y a quelques jours, que le prix des tomates sur le marché de gros d'Inezgane, qui approvisionne le marché national avec 90 % des tomates en cette saison, était à moins de cinq dirhams, mais son prix en tranches est d'environ 12 dirhams. x Publicité Le responsable gouvernemental a déclaré que la différence entre les prix de gros et les prix à tempérament revient aux intermédiaires, révélant à cet égard que le gouvernement a mis en place un programme d'audit pour surveiller le monopole, mais sans révéler plus de détails sur les mesures visant à être prises à cet égard. En situation normale, qui est censée faire l'objet d'opérations de distribution et de commercialisation à encadrer, rationner et contrôler, les prix des légumes et fruits au Maroc devraient être bas, compte tenu de la production nationale d'environ 12 millions de tonnes, grâce à une zone s'étendant sur plus de 700 .000 hectares. Deux millions de tonnes du volume de production de fruits et légumes sont exportées annuellement, avec seulement un demi-million de tonnes transférées, tandis que le reste de la production, environ 10 millions de tonnes, est commercialisé sur le marché intérieur. Mais le marketing local se heurte à de nombreux obstacles. Si la filière fruits et légumes a retenu l'attention dans les stratégies sectorielles, le volet distribution et commercialisation n'a pas été suffisamment soutenu au niveau de l'organisation et de l'encadrement. Une forte présence d'intermédiaires Dans un précédent rapport au Conseil économique, social et environnemental, cette institution consultative a confirmé que le processus de commercialisation des produits agricoles, dont les fruits et légumes, se caractérise par une forte présence d'intermédiaires, qui constituent un maillon essentiel de la chaîne de valeur. Cette catégorie comprend les commerçants qui collectent les produits auprès des agriculteurs, les courtiers, les grossistes, les semi-grossistes, les agences de stockage frigorifique, les institutions coopératives, les détaillants et les grands espaces commerciaux. Le rapport souligne que bien que les intermédiaires facilitent le travail des petits producteurs qui ne peuvent pas accéder au marché pour vendre leurs produits, leur multiplicité qui ne produit pas de valeur en l'absence de toute réglementation et encadrement affecte grandement le processus de commercialisation des produits agricoles. La multiplicité des intermédiaires se traduit par une forte intensité de spéculation, qui se répercute aussi bien sur le premier produit que sur le consommateur final, le Conseil estimant que le prix du produit triple ou quadruple selon les différents circuits de commercialisation par lesquels il passe avant d'atteindre le consommateur. Le Roi Mohammed VI avait précédemment mis en garde sur la taille des intermédiaires et leur impact sur le prix final des produits à l'ouverture du Parlement en 2018, où il appelait à « réfléchir aux meilleurs moyens de rendre justice aux petits agriculteurs, notamment en matière de commercialisation », s'adressant strictement à la spéculation et à la multiplicité des intermédiaires. La réforme du fichier du marché de gros et la multiplicité des intermédiaires entre le producteur et le consommateur incombent aux ministères de l'Intérieur et de l'Agriculture, mais les responsables gouvernementaux ont toujours reconnu la difficulté de réformer le fichier, compte tenu de sa saturation et de la multiplicité des distributions irrégulières et voies de commercialisation. Conditionner l'accès des professionnels La préoccupation sociale prévaut également sur ce dossier, compte tenu du grand nombre de travailleurs qui y sont affiliés. Les espaces de distribution comprennent un groupe d'intermédiaires petits et grands, et les espaces de commercialisation comprennent les marchés de quartier, les marchés hebdomadaires et les vendeurs de rue. À cet égard, le Conseil économique, social et environnemental propose l'élaboration d'une feuille de route coordonnée et participative pour la réforme et la modernisation des espaces de commercialisation, à travers leur réforme et leur réglementation, en tenant compte de l'approche territoriale et des liens avec les marchés de gros. De l'avis des experts du conseil, le système actuel des loyers gérés par les marchés de gros doit être remplacé par un système ouvert à la concurrence, et conditionner l'accès des professionnels à celui-ci au respect du plan comptable et d'autres exigences réglementaires. Tout cela est régi selon l'intervention de divers acteurs de l'Etat, des professionnels, des groupements, des agences et du secteur privé. Le Maroc a également besoin d'une loi réglementant la création et la gestion des marchés de gros, et la promulgation de textes réglementaires clarifiant le fonctionnement interne de ces marchés, les conditions d'éligibilité des acteurs à y travailler, les nouvelles modalités de paiement des redevances et la réduction de passage obligatoire par ces marchés. Pour le Maroc, parvenir à l'autosuffisance reste illogique et déraisonnable, ce qui oblige l'État à la contrôler et à la légaliser pour protéger le pouvoir d'achat des citoyens.