La rémunération diffère selon le métier et la nationalité du diplôme . C'est l'intelligence émotionnelle, les compétences et le dynamisme qui font la différence entre jeunes diplômés issus de la même école et promotion. Quels sont les profils les mieux payés ? Quels sont les écarts entre diplômes marocains et étrangers? Quelles sont les nouveautés du marché de l'emploi cette année ? Pour répondre à ces questions et pour mieux cerner la situation des salaires des jeunes diplômés au Maroc, nous avons fait appel à deux cabinets de renommé, Diorh et LMS, afin de nous présenter les tendances actuelles en matière de rémunération de cette population. Selon LMS, cette catégorie de travailleurs connaît une certaine stagnation dans les niveaux de salaires. Cette année, et selon la qualité du diplôme obtenu, le salaire des jeunes issus des écoles de commerce françaises peut varier entre 11 000 et 19 000 DH nets par mois, alors que celui des jeunes issus des écoles de commerce marocaines peut aller de 6 000 à 12 000 DH nets. En ce qui concerne les nouveaux ingénieurs issus d'écoles françaises, le salaire mensuel peut débuter à 14 000 DH pour atteindre 21 000 DH nets. Pour les ingénieurs ayant suivi leurs cursus au Maroc, le salaire se situe entre 7000 et 15 000 DH. Du côté du cabinet Diorh, le salaire brut moyen annuel, quelle que soit l'origine du diplôme, est de 149 906 DH. Pour l'enseignement marocain, le salaire annuel moyen brut des BAC+2/3 atteint 73% des salaires des Bac +5 (exprimé en indice à partir de la valeur du Bac+5). Il ressort aussi que les salaires des lauréats issus d'écoles de commerce Bac+5 atteignent 122% des Bac+5, et que le diplôme d'ingénieurs constitue 143% du salaire des Bac+5. Côté enseignement étranger, le salaire annuel moyen des BAC+2/3 représente 91% par rapport à celui des Bac+5. En même temps, le salaire brut moyen des lauréats d'écoles de commerce peut atteindre 122% des Bac+5 et celui des ingénieurs pouvant aller jusqu'à 133% des Bac+5. Un autre constat que l'on peut dresser sur la situation du marché du travail, c'est la forte tension qui caractérise l'emploi des jeunes diplômés. Alors que l'on note une multiplication de l'offre en termes d'établissements publics et privés, on enregistre également un décalage par rapport à la capacité d'absorption des entreprises marocaines. «Cette tension est renforcée par un retour massif des lauréats d'écoles étrangères (française notamment) au Maroc en raison d'une conjoncture économique compliquée dans les pays hôtes. Tout ceci exerce une pression à la baisse des salaires, surtout pour les lauréats d'établissements marocains», déplore Achraf Dahbi, directeur Activité Rémunération et Incentive du cabinet LMS. Ainsi, conscients de leurs lacunes et des réticences des employeurs, certains lauréats n'hésitent pas à faire des sacrifices importants afin de bénéficier de cette «fameuse» première expérience, leur permettant de mieux se positionner plus tard. «Nombre de fois, dans le recrutement, nous avons des candidats qui disposent de compétences, mais manquent d'intelligence émotionnelle suffisante, pour créer de la valeur dans l'écosystème de l'entreprise», explique Andrea Antonio Bises, Directeur de l'Activité Consulting du Groupe DIORH. Celui-ci met en lumière les priorités de l'employeur qui s'articulent autour de trois aspects afin de minimiser «le risque compétences»: d'abord l'expertise du jeune diplômé en compétences fonctionnelles, comportementales ou techniques. Ensuite, le niveau d'exigence du lauréat : Est-il à la recherche de l'excellence ? A-t-il la capacité de tirer les autres vers le haut ? Enfin, l'expérimentation est nécessaire à la fois pour savoir si ses compétences sont toujours valables, et aussi pour apprendre à agir dans un environnement complexe et incertain. Pour minimiser les risques d'un mauvais recrutement, et dans l'espoir d'inciter les salariés à la performance, l'on constate depuis plus d'une décennie la prédominance des politiques d'individualisation de la rémunération à travers le mérite. Achraf Dahbi du cabinet LMS confirme cette tendance: «Les entreprises tendent effectivement à individualiser les salaires. C'est-à-dire que pour deux lauréats d'une même promotion et d'une même école, les offres de salaires peuvent être différentes. Ce qui fait la différence c'est l'agilité, les soft skills (ou compétences comportementales) et le potentiel des candidats». D'ailleurs, une entreprise préférera donner un salaire supérieur à un diplômé issu de l'enseignement étranger principalement pour avoir plus de garanties sur ses éventuelles capacités d'adaptation et sa maîtrise des soft skills. Côté métiers, les profils les mieux payés sur le marché sont également ceux qui demandent le plus d'investissement de la part des jeunes recrues, à savoir le domaine de la finance et du conseil. Autre tendance notée, les multinationales n'ont plus le monopole des meilleurs salaires. Certaines entreprises marocaines arrivent à s'aligner au niveau des salaires mais souffrent toujours d'un déficit d'image par rapport aux multinationales dans la course à l'attractivité vis-à-vis des meilleurs talents. [tabs][tab title ="Enquête générale de rémunération DIORH Mercer 2016"] Moyenne Salaires à l'Embauche Moyen Brut Annuel 149 906 DH Salaire annuel garanti brut au moment du recrutement, exprimé en indice à partir de la valeur du Bac +5 Enseignement Marocain Formation Salaire Moyen Bac +2/3 73% Bac +5 100% Ecole de Commerce Bac +5 122% Diplôme d'Ingénieur 143% Enseignement Etranger Formation Salaire Moyen Bac +2/3 91% Bac +5 100% Ecole de Commerce Bac +5 122% Diplôme d'Ingénieur 133%[/tab][/tabs]